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Lutte contre le paludisme : Quinze chercheurs scientifiques africains ont mis à jour des nouvelles parasites

Dans le cadre de la première étude génomique à l’échelle continentale sur les parasites du paludisme en Afrique, des scientifiques ont découvert les caractéristiques génétiques de ces  parasites du Plasmodium «falciparum» qui peuplent différentes régions du continent, y compris les facteurs génétiques qui confèrent une résistance aux médicaments antipaludiques. Ces travaux ont permis de comprendre la façon dont la résistance aux médicaments émerge dans différents endroits et comment ce phénomène se propage par diverses voies à travers l’Afrique, mettant en danger les succès antérieurs dans la lutte contre le paludisme. Le résultat de cette étude a été publié et confirmé, le jeudi 22 août 2019.

Pour précisons, en Afrique, c’est la toute première fois qu’une équipe exclusivement africaine mène une recherche scientifique aboutissant à une telle découverte probant. Cette équipe de chercheurs dirigés par le Pr. Abdoulaye Djimdé, de l’Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako (USTTB), Mali. En collaboration avec le « Wellcome Sanger Institute », ils ont étudié la diversité génétique des populations de Plasmodium falciparum qui sont endémiques dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, y compris l’Éthiopie et le Ghana. Dans cette nouvelle étude scientifique, selon ses auteurs, les données génomiques de surveillance aideront à suivre  de près l’émergence et la propagation de souches résistantes aux médicaments. C’est ainsi, disent-ils, que c’est ce qui aidera les efforts visant à éliminer le paludisme.

Le paludisme restant un problème mondial, avec l’espèce de parasite la plus mortelle, Plasmodium falciparum, répandue en Afrique subsaharienne. Entre 2000 et 2015, selon le professeur Djimdé, une campagne continue d’élimination de la maladie a vu le nombre de décès liés au paludisme dans le monde passer de 864 000 à 429 000 par année. En 2015, 92 pour cent des décès liés au paludisme dans le monde se sont produits en Afrique, dont 74 pour cent chez les enfants de moins de cinq ans. Mais les résultats d’une nouvelle étude suggèrent que ces progrès pourraient être menacés si de nouveaux traitements ne sont pas développés.

Ainsi, explique-t-il, que si bien que les populations de parasites de Plasmodium falciparum en Afrique subsaharienne soient extrêmement diverses sur le plan génétique, des recherches antérieures ont suggéré que cette diversité était relativement similaire sur l’ensemble du continent. Il était  également admis que le flux de matériel génétique se faisait de l’Est du continent vers l’ouest et que la  résistance aux médicaments antipaludiques provenait essentiellement de l’Asie du Sud- Est.

Il a par ailleurs martelé dans un langage scientifique que les résultats de cette nouvelle étude indiquent toutefois que les parasites de Plasmodium falciparum sont génétiquement distincts selon la région d’Afrique où ils sont trouvés. En outre, les chercheurs ont découvert que ces populations régionales partagent du matériel génétique dans toutes les directions – y compris des gènes qui peuvent conférer une résistance aux antipaludiques, avec de nouveaux types de résistance médicamenteuse pouvant émerger  dans différentes régions d’Afrique. Les auteurs pensent que la migration humaine, y compris celle résultant du passé  colonial, a joué un rôle dans l’évolution de Plasmodium falciparum en Afrique.

Visiblement requinqué par cette découverte faite par 15 pays africains dont le nôtre, le professeur Abdoulaye Djimdé, chef de l’unité d’épidémiologie moléculaire et de la chimio-résistance aux médicaments antipaludiques du MRTC-Parasitologie de l’USTTB, Mali et Fellow International de Institut Wellcome Sanger de Grande Bretagne a déclaré: «Contrairement aux études précédentes, nous avons identifié des populations distinctes de Plasmodium falciparum Afrique occidentale, centrale et orientale, ainsi qu’une population éthiopienne très divergente. Le matériel génétique provenant de toutes les régions a été partagé par toutes les populations, indiquant que le flux de gènes est multidirectionnel, par opposition à unidirectionnel d’Est en Ouest comme on le pensait précédemment. Ces informations sont cruciales pour comprendre comment la résistance aux médicaments antipaludiques se développe en Afrique».
Quant au Dr Alfred Amambua-Ngwa de la Gambie, l’un des scientifiques qui ont effectué ladite étude, les chercheurs ont noté que la population parasitaire éthiopienne est très différente de celle du reste de l’Afrique, ce qui suggère que l’origine ancestrale des parasites du paludisme a pu être influencée par la migration humaine. La population humaine en Éthiopie a également une ascendance distincte de celle d’autres pays  Africains, suggérant que le manque de colonisation du pays pourrait expliquer son statut particulier. En revanche, les parasites des anciennes colonies françaises géographiquement lointaines partagent du matériel génétique.

Dr Alfred Amambua-Ngwa, premier auteur de l’étude, chercheur de « Wellcome International » à l’Institut Wellcome Sanger et professeur assistant à MRC Gambia,  de la  London School of Hygiene and Tropical Médicine, a déclaré : « Quels que soient les facteurs historiques affectant le flux des gènes entre les populations distinctes de P. falciparum, le flux multidirectionnel que nous avons identifié soulève la perspective d’une propagation continentale de la résistance aux combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine, qui pourrait venir de n’importe où en Afrique. La surveillance génomique, et à grande échelle, sera essentielle pour suivre l’émergence et la propagation de la résistance aux combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine.»

Ousmane DIAKITE

Echos Medias

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