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Lutte contre la drogue : FERMETÉ CONTRE LES TRAFIQUANTS, INDULGENCE POUR LES CONSOMMATEURS

C’est la recommandation de la commission ouest africaine sur les drogues qui vient de produire un rapport sur la question

drogue saisi aeroport mali cocaineL’Organisation pour la réflexion, la formation et l’éducation à la démocratie et au développement (ORFED) a organisé le week-end dernier au centre Djoliba un atelier de présentation du rapport de la Commission ouest africaine sur les drogues (WACD). Ce rapport a été présenté aux journalistes en présence de plusieurs invités dont des représentants des structures en charge de la répression du trafic des stupéfiants et des associations de défense de consommateurs. Etaient également présents des responsables du réseau OPDM (Osons parler de drogue au Mali).

La Commission ouest africaine de lutte contre la drogue est composée de personnalités de la vie politique, de la société civile, du secteur de la santé, de la sécurité et de la justice. Sous la direction de l’ancien président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, le WACD a travaillé plusieurs mois durant sur la drogue sous toutes ses facettes : ses sources, ses voies de transit, surtout ses conséquences sur la vie sociopolitique des pays de la sous-région ouest africaine.
Auparavant, la commission était également engagée auprès d’instances nationales, régionales et internationales notamment l’UA, la CEDEAO et l’Office des Nations unies contre la drogue (ONUDC). Après avoir examiné les faits et consulté des experts de la région et du monde entier, les commissaires ont, dans leur rapport, conclu qu’il convenait de considérer la détention et la consommation de drogues avant tout comme un problème de santé publique. De ce fait, les usagers des drogues ont besoin d’aide et non de sanctions.
Dans leur rapport, les commissaires de la WACD ont estimé que la consommation et la détention de drogues pour un usage personnel ne devraient pas constituer un crime. L’expérience a montré que la criminalisation de l’usage des drogues aggrave les problèmes sanitaires et sociaux, pèse lourdement sur le système pénal et encourage la corruption.
Par contre, soutient le WACD, les trafiquants et leurs complices doivent être jugés avec la plus grande fermeté. Cependant, pensent-il, l’application de la loi ne doit pas se faire au détriment des personnes pauvres, vulnérables et moins éduquées, tandis que les puissants et ceux qui ont des contacts bien placés passent à travers les mailles du filet. « Nous enjoignons la communauté internationale à partager le fardeau créé par l’essor du trafic en Afrique de l’ouest, qui ne produit ni ne consomme la plupart des drogues qui transitent par la sous-région. Nous exhortons les dirigeants politiques d’Afrique de l’ouest à unir leurs efforts pour changer les lois et les politiques qui se sont révélées inefficaces, en collaboration avec la société civile, qui doit être pleinement impliquée dans ce processus. C’est seulement ainsi que nous pourrons protéger nos populations, mais aussi nos institutions politiques et judiciaires, des dommages causés par les drogues illicites », souligne le WACD dans son rapport.
La représentante de la commission, Kafando Christine, a noté que les données ont changé pour la sous-région ouest-africaine en matière de drogue. Pour étayer ces propos, elle a rappelé qu’au tout début, le continent africain était tout simplement considéré comme une zone de transit. Mais, déplorera-t-elle, cela n’est plus le cas depuis quelques années déjà. Actuellement, la drogue est non seulement produite en Afrique, mais elle y est également consommée, et en quantité considérable. Cette situation est surtout favorisée par la porosité des frontières et la corruption à grande échelle au niveau local. Conséquences : nous assistons à une recrudescence des crimes organisées et une déstabilisation incessante de nos pays.
Christine Kafando a plaidé pour une approche consistant à chercher à insérer socialement les victimes de la drogue et non à les réprimer comme cela a toujours été le cas. Les dealers, constate-t-elle, sont de « petits poissons » qui risquent souvent de passer toute leur vie derrière les barreaux après s’être fait prendre avec une quantité minime de drogue. Alors qu’au même moment, les « gros poissons » qui produisent des quantités énormes, font la pluie et le beau temps et ne sont inquiétés outre mesure. Ces derniers sont généralement de connivence avec les politiques et les aident à financer les campagnes des différentes élections dans leurs pays, a soutenu Christine Kafando.
Le président de l’Organisation pour la réflexion, la formation et l’éducation à la démocratie et au développement, Augustin Cissé, a insisté sur la nécessité d’impliquer les acteurs de la société civile aux côtés des Etats. Au niveau national, des ONG maliennes se sont réunies au sein du réseau Osons parler de drogue au Mali pour contribuer à ouvrir le débat sur le sujet et faire du plaidoyer auprès des autorités pour une prise en compte des problèmes liés à la drogue et la formulation de politiques publiques plus ouvertes et non limitées à la seule dimension de répression des infractions liées aux activités illicites de drogue.
Mh. TRAORE

source : L’Essor

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