Le président du Réseau des Associations Maliennes de Lutte contre la Corruption et la Délinquance Financière (RAMLCDF), Moussa Ousmane TOURE, a formulé ce mardi 12 septembre plusieurs mesures aux autorités dans le cadre de la lutte contre la corruption et pratiques assimilées. Parmi celles-ci figure l’audit de la Justice. C’était à la faveur de l’ouverture d’un atelier initié par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en collaboration avec le RAMLCDF.
Présidée par le Commissaire au développement institutionnel, Ahmed Mohamed YAHYA, la cérémonie a enregistré la participation du chef du Bureau Programme Pays de l’ONUDC au Mali, M. Antoine Sougnabe MISSET ; du président du RAMLCDF ; du Vérificateur général adjoint, Famory KEITA, ainsi que le représentant du président de l’OCLEI, Djibril KANE.
Prennent part à cet atelier de trois jours, des responsables des organisations de la société civile de lutte contre la corruption ; des représentants des médias en vue de renforcer leur capacité, mais aussi de les sensibiliser sur le mandat des structures de contrôle et de vérification au Mali.
Le président de ce jeune réseau ayant obtenu son récépissé cette année, Moussa Ousmane TOURE, a rappelé que le RAMLCDF était constitué de plusieurs associations et ONG du Mali dont la vocation est de « participer activement à la lutte contre la corruption et la délinquance financière sous toutes leurs formes » tout en promouvant l’intégrité et la bonne gouvernance.
« Notre mission est d’entreprendre des actions concrètes visant à apporter des changements de comportement de tous les acteurs et de la population elle-même afin de réduire, voire éliminer la corruption au Mali », a indiqué le président TOURE.
Pour atteindre leurs objectifs, a-t-il rappelé, le Réseau initie des actions en justice, mène des actions de plaidoyer, de sensibilisation, d’information et de formation, appuie les institutions dans la prévention et la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite, le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le recouvrement des avoirs, entre autres.
Pour notre pays dont toutes les chartes sociales et politiques sont préoccupées par le respect des biens de la communauté, la corruption affecte négativement son processus de développement économique, social et culturel et entache la crédibilité de ses politiques publiques et bloque l’efficacité des projets de développement, a relevé M. TOURE.
A cet effet, le président du RAMLCDF, dans son speech, a proposé une vingtaine de mesures aux autorités, aux structures indépendantes et à la Justice en vue de promouvoir un environnement hostile à la corruption.
Il s’agit entre autres de : dépolitiser l’administration et instituer des enquêtes de moralité fiables avant toute nomination par décret ; d’appliquer des sanctions à l’endroit des fonctionnaires indélicats ; de moraliser les recrutements pour ne retenir que les agents compétents et qualifiés ; d’adopter une loi spéciale portant protection des lanceurs d’alerte ; d’organiser des États généraux sur la justice ; d’ élargir l’obligation de déclaration des biens aux conjoints et enfants du président de la République, du Premier ministre, des ministres, etc. ; de permettre au Réseau de désigner un représentant au sein de l’OCLEI.
Par ailleurs, il a suggéré le contrôle périodique des effectifs de la fonction publique d’État et des collectivités territoriales ; la mise en place d’un système de vigilance pour la passation des marchés publics en initiant une commission de suivi-évaluation pour tous les marchés publics, notamment ceux soumis à l’approbation du conseil des ministres.
Enfin, le Réseau propose de faire l’audit de la Justice considérée par l’ancien ministre, Mamadou Ismaël KONATE, comme le grand corps malade.
En soutenant cette initiative, le chef de l’ONUDC s’inscrit dans le cadre des directives de la Convention des Nations Unies contre la corruption qui reconnait le rôle majeur que la société civile joue dans la lutte contre la corruption en son article 13, l’information et la formation.
« C’est ce rôle que nous souhaitons mettre en avant à l’occasion de cette première formation, qui, je l’espère, pourra se poursuivre sur d’autres thématiques et avec les mêmes acteurs », a affirmé Antoine Sougnabe MISSET.
Pour sa part, le Commissaire au développement institutionnel reconnait que le Mali, à l’instar de nombreux pays, est confronté au fléau de la corruption qui constitue un frein à son développement économique et social.
En l’absence de mesures efficaces, les conséquences de cette pratique sont énormes, en plus de compromettre l’instauration de la bonne gouvernance, le gaspillage des ressources financières, elle contribue à baisser la croissance économique et à la réduction de la qualité des services.
Conscient des enjeux de ce combat, affirme M. YAHYA, les autorités ont adopté plusieurs textes et signé des conventions pour lutter contre la corruption.
PAR SIKOU BAH*
Info Matin