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L’opposition et la supposée crise post électorale: seul le Mali éternel restera

Entre mauvaise foi et insinuations gratuites, l’opposition dite démocratique et républicaine se perd et s’enfonce dans la déraison au point que ses ténors envisagent d’entreprendre des actions (marches, meetings) afin d’obliger le régime actuel à organiser des élections libres et transparentes, à date échue.

Les leaders des partis de l’opposition, d’associations, activistes et militants étaient en conclaves, le samedi dernier, à la Maison de la presse dans le cadre d’un espace d’échanges autour de l’alternance en 2018, initié par le Dr Étienne Fakaba Sissoko.

L’occasion était bonne pour Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition ; Tièbilé Dramé du PARENA, l’ex-général Moussa Sinko Coulibaly et le chroniqueur Ras Bath d’entonner les mêmes chansonnettes qui ne font plus recette et n’émeuvent plus un grand nombre de Maliens épris de justice, de paix et de la cohésion sociale. Celles consistant à dépeindre en noir le premier quinquennat finissant du Président de la république, Ibrahim Boubacar Keita.

Si l’opposition est dans son bon droit de critiquer l’action gouvernementale, la nôtre livre, par contre, en spectacle, à cause de la mauvaise foi manifeste de ses leaders avec leurs insinuations gratuites et grotesques en prêtant au régime en place une volonté de se maintenir au pouvoir par des moyens frauduleux.

S’inscrivant dans une logique de protestation des résultats électoraux avant même ces rendez-vous, notre opposition prépare déjà l’opinion à la logique de la contestation. Les leaders présents à cette rencontre d’échanges envisagent de donner le ton de la mobilisation de leurs troupes afin d’obliger, disent-ils, le régime actuel à organiser des élections libres et transparentes à date échue.

Baroud d’honneur d’une opposition en quête légitimité, d’unité et de cohésion ? Ou simple stratégie de faire basculer la peur dans le camp de la majorité à trois mois de la présidentielle ?

En tout cas, comme ça semble être aujourd’hui une habitude dans le camp de l’opposition, les sempiternels risques ou menaces de lendemains d’élections qui devraient voir le Mali basculer dans le chaos, ne se sont pas encore réalisés et ne le seront peut-être jamais. Et c’est chose banale que les Maliens vaquent tranquillement à leurs occupations au lendemain d’élections pourtant « placées sous haut risque ».

Comme si de rien était. Mais, cela ne devrait pas étonner, dans la mesure où les actes de violence et la pagaille relatifs qui s’installent dans le pays pendant la campagne électorale, voire le jour même du scrutin, sont principalement le fait de militants stupides de partis politiques qui ont un mal fou à comprendre qu’ils ne sont pas des ennemis, mais seulement et tout juste des adversaires politiques. Or, il est de notoriété publique que la majorité des électeurs maliens qui se rendent aux urnes et dont le vote est déterminant dans l’élection d’un tel ou dans la défaite d’un tel autre, ne sont pas des militants actifs de partis politiques, n’assistent jamais à des meetings, ne participent pas à des marches, etc.

L’ensemble des militants de tous les partis politiques recensés au Mali n’atteint pas les trois millions de personnes, sur une population électorale qui dépasse les six millions d’inscrits sur les listes électorales. Sous ce rapport, on comprend aisément que les menaces d’agitations qu’on enregistre dans le microcosme politique malien, ne sauraient ébranler ou secouer la majorité silencieuse de Maliens, sans coloration politique, cette force tranquille et dormante qui ne fait pas de vagues, mais suit son train-train quotidien et attend patiemment le jour « j » pour accomplir son devoir citoyen et rentrer à la maison pour attendre tranquillement la proclamation des résultats.

Le reste, c’est l’affaire des politiciens, qui sont dans leur bulle et dans leur propre monde, et qui ne s’intéressent au peuple que lorsqu’ils ont besoin de ses suffrages, pour ensuite l’oublier jusqu’à la prochaine élection. Cela vaut pour tous les politiciens confondus, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, mais identiques dans leur manie de se payer la tête des citoyens.

Il ne faudrait donc pas penser que, parce qu’il y a une élection, qui est un instantané à l’échelle de la vie d’une nation (ce qui n’enlève en rien à son importance) le pays doit basculer dans le chaos. Voilà pourquoi, les Maliens, ces vrais patriotes épris de paix et de stabilité, de concorde et de la cohésion nationale, ne vont jamais accepter que les efforts consentis pendant des années pour bâtir une nation, construire un État, consolider la démocratie et poser progressivement les jalons du développement, soient anéantis d’un seul coup. Ce pays, que nos aïeuls nous ont laissé debout, nous avons le devoir de le transmettre, à notre tour, en l’état, voire dans un meilleur état, à la postérité.

Le Mali, cette constante, est de loin plus important que toutes les variables que sont les occurrences qui surviennent au cours de la marche du pays.

La démocratie, ce système politique que nous nous sommes librement donné, est faite pour réguler notre commun vouloir de vie commune, et appelle à l’organisation d’élections libres à intervalles réguliers, programmées suivant le calendrier républicain. Ces élections nous permettent de choisir ou de renouveler nos élus, mais aussi de sanctionner les dirigeants qui pas mérité de notre confiance placée en eux.

Les hommes passent, les institutions demeurent. Dès lors, aucune ambition politique, aucun délire ou dérive d’un illuminé se prenant pour un messie et qui se croit investi d’une mission divine, ne sauraient mettre en péril la stabilité de nos institutions républicaines, encore moins compromettre l’avenir du pays, car, du fait de notre finitude, nous sommes tous appelés à partir un jour, d’une façon ou d’une autre. Des générations de Maliens vont se relayer les unes après les autres. Fatalement. Seul le Mali éternel restera.

Par Mohamed D. DIAWARA

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