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LOI AGOA, ET APRÈS 2025?

La 14e édition du forum de l’Agoa (African Growth and Opportunity Act) a marqué un tournant à Libreville au Gabon. Avec la prolongation jusqu’en 2025 de la loi AGOA, les dix années à venir seront consacrées à bâtir les fondations d’un nouveau partenariat entre les Etats-Unis et les pays africains, une relation cette fois dans un cadre bilatérale et non plus unilatérale selon les règles et les mécanismes actuelles de la loi sur la croissance et les opportunités.

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Durant quatre jours, près de 2 000 personnes du monde des affaires et des délégations d’une trentaine de pays africains ont échangé sur l’accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Afrique, adopté il y a 15 ans. La loi AGOA accorde des tarifs douaniers préférentiels aux pays d’Afrique subsaharienne et leur permet ainsi d’exporter près de 5 000 produits vers les Etats-Unis sans frais de douane. Selon les statistiques livrées par les Etats-Unis, l’Agoa a permis de quadrupler les échanges entre les États-Unis et l’Afrique et créer 300.000 emplois. Les 39 pays africains éligibles ont exporté vers les États-Unis pour 480 milliards de dollars américains. Le forum de Libreville a été l’occasion de mettre à plat les controverses de la loi jugée trop orientée vers les produits hydrocarbures. Ce à quoi les américains répondent qu’ils ne sont pas exclusivement intéressés par les matières premières de l’Afrique et avancent une augmentation des échanges non pétroliers de 20% en 2014 par rapport à 2001, ce qui représente 4,5 milliards de dollars. Par ailleurs, les américains estiment que l’Agoa a créé 300 000 emplois en Afrique contre 120 000 aux Etats-Unis.

Créer les conditions d’un véritable partenariat bilatéral

Du côté des pays africains, l’enjeu de ce premier forum AGOA en Afrique centrale était de poser les bases d’un nouveau partenariat entre les Etats-Unis et les pays africains dans le but de pérenniser le commerce et les investissements. Il faut dire la loi AGOA a été prolongée de dix ans en juin dernier à la grande satisfaction des 39 pays bénéficiaires de la loi , des institutions panafricaines, l’Union africaine en tête. La loi AGOA n’est pas destinée à durer éternellement, a affirmé l’adjointe au secrétaire d’Etat, chargée des Affaires africaines Linda Thomas-Greenfield. Aussi les dix prochaines années devraient servir à préparer la relation future entre les Etats-Unis et les pays africains dans un cadre bilatérale , espère l’Union africaine. Il est vrai que la loi AGOA reste une loi unilatérale dont les tenants et les aboutissants se décident à Washington. A la traîne dans les pays francophones, les Etats-Unis sont décidés à passer à l’offensive pour tenter de combler le gap qui les sépare de leur principal concurrent sur le plan des échanges mondiaux, la Chine. Autre question cruciale: dans quelle mesure la loi AGOA profitent à l’espace francophone? Depuis sa création en 2000, la loi AGOA a largement favorisé les pays anglophones à forte croissance et les pays pétroliers. L’émergence des pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, la chute des cours de pétrole encouragent le continent à diversifier son économie en misant sur des produits manufacturés à haute valeur ajouté susceptibles de satisfaire les exigences du marché américain. Problème, Washington impose des règles très strictes, des normes internationales que les pays africains peinent à satisfaire. Pour Washington, c’est aux pays africains de fournir les efforts pour se mettre à niveau et encourager l’essor du secteur des PME. Idem sur la question des financements. Lors de son récent voyage au Kenya, le président américain a annoncé une aide financière destinée notamment à soutenir l’entrepreneuriat féminin. L’administrateur Général du patronat ivoirien, Guy M’Bengue souligne la nécessité de trouver des mécanismes de financement pérenne et souhaite la création d’un fonds de garantie. Reste à savoir si les Etats-Unis se sentent prêt à un engagement inclusif.

AGOA, un partenariat inégal?

Ce qui est certain, c’est sa ferme position sur les conditionnalités relatifs aux droits de l’homme et aux droits des travailleurs. Washington décide seul des critères d’éligibilité des pays membres de l’accord de libre-échange AGOA. Selon, Mme Thomas-Greenfield, le Burundi devrait être exclu prochainement de la loi AGOA. Dans ce contexte, peut-on réellement parler d’un partenariat d’égal à égal? Une question qui mérite d’être posée de l’avis de nombreux dirigeants africains. Elle provoque un malaise certain sans pour autant susciter une vive contestation de la part des pays éligibles à la loi AGOA. Mme Fatima Haram Acyl, commissaire chargée du commerce et de l’industrie de l’Union africaine plaide en faveur d’une extension de l’AGOA à tous les pays du continent, ce qui reviendrait alors à revoir entièrement les critères d’éligibilité établis par Washington. En 2025, la loi AGOA arrivera à son terme, rien n’empêche une nouvelle prolongation de l’AGOA, mais cela est peu probable. Dans dix ans, l’Afrique subsaharienne ne sera pas la même qu’aujourd’hui, et le rêve américain pourrait s’ouvrir à elle dans le cadre d’une relation bilatérale boostée par le secteur privé.

La rédaction

 

Source: afriqueinside

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