Le taux de participation à l’élection du président de la République devient un enjeu de cette élection annoncée à hauts risques. Il semble que le gouvernement se soit décidé de le donner en hausse par rapport à la précédente élection présidentielle de 2013. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit ni plus ni moins de dire à l’opinion nationale et internationale que les défis sécuritaires ont mobilisé les autorités en place.
Si le taux de participation était de 42, 70% au premier tour du scrutin présidentiel, pour l’ensemble du pays, il devrait être moins important au second, au vu du très peu d’affluence constaté le 12 août dans différents centres de vote dans les différentes circonscriptions électorales. Déjà, sur certains médias internationaux, l’on annonce une hausse du taux de participation, notamment dans les localités où la sécurité pose problème.
D’après les chiffres officiels du gouvernement malien, les régions où le taux de participation aura été le plus fort lors du premier tour de la présidentielle du 12 août, se trouvent au nord du pays. Il est de 56% dans la région de Tombouctou et de 63% dans celle de Gao. Avec 89% de participation, la région de Kidal atteint un record.
Or, dans cette région, précisément dans le cercle de Tessalit, le gouvernement donne un taux de participation de 92%, dans une zone qui a connu le plus d’incidents sécuritaires (pas moins de 10 obus sont tombés près de la ville d’Aguelhok pendant la présidentielle, selon nos confrères de RFI). Paradoxal !
Idem pour la région Tombouctou, où il n’y a pas eu de vote dans beaucoup de circonscriptions électorales. Dans la région de Mopti où plus de 700 bureaux de vote n’ont pu ouvrir, on annonce un taux de participation de 35% au 1er tour. Tout semble montrer une volonté manifeste d’enjoliver ou édulcorer une situation sécuritaire pourtant gravissime dans le nord et le centre du pays.
Par ailleurs, en annonçant des taux de participation importants dans ces zones, l’on peut entrevoir une volonté de «truquer» les résultats du scrutin présidentiel. Là où, les autorités semblent être à l’abri du regard qui épie. En un mot comme en cent, ces taux de participation semblent être, au-delà d’être surprenants, «préfabriqués». En attendant l’alchimie qu’on nous réserve pour le second tour !
Issiaka SISSSOKO
Source: Le Reporter