À 88 ans, l’Institut national des arts (INA) a toujours fière allure. Alors que le ministère de l’Artisanat, de la culture, de l’Industrie hôtelière et du tourisme lance son concours d’entrée mi-octobre, focus sur la première grande école culturelle du Mali.
Il faut beaucoup de patience pour se rendre à l’INA. Situé au cœur du grand marché de Bamako, en Commune II, l’accès à l’institut est quasi impossible à cause des multiples vendeurs qui pullulent alentour. « Ce qui constitue un réel problème pour nous. Certains enseignants vacataires ne veulent pas donner des cours ici à cause de cela », regrette l’actuel Directeur de l’INA, Amadou Lougué. L’établissement fut créé en 1933 à l’initiative du coopérant français Jean Légal, premier Directeur de l’école, et du tisserand malien Magnan Traoré. À l’époque le bâtiment, construit dans un style architectural colonial, s’appelait Maison des artisans soudanais, puis École des artisans soudanais, et excellait dans la formation aux métiers manuels. « Sa vocation était purement artisanale, avec des ateliers de cuir, menuiserie, tirage, sculpture, bijouterie. Il assurait la formation professionnelle des élèves pendant trois ans », explique M. Lougué.
En 1963, l’établissement est transformé en Institut national des arts. Parallèlement à la section Métiers d’art furent créées celles d’Arts plastiques, de Musique et d’Art dramatique. Son accès fut conditionné à l’obtention du Diplôme d’études fondamentales (DEF) et à un concours ouvert aux professionnels. En 1976, la 5éme section, Animation socioculturelle, sur recommandation d’un séminaire de juin 1976, voit le jour. C’est aussi à cette date que l’INA, un établissement d’enseignement normal rattaché au ministère de l’Éducation nationale, fut placé sous la tutelle du ministère des Sports, des arts et de la culture (selon l’appellation de l’époque) et devint un établissement secondaire d’enseignement technique et professionnel. Son cycle est actuellement de quatre années, toutes sections confondues. Les objectifs tels que définis sous la gouvernance du Président Modibo Keita, en 1963, étaient de former des cadres moyens dans tous les domaines de l’art (Musique, arts plastiques, arts dramatiques, métiers d’art et animation socioculturelle), de préparer à l’enseignement du dessin et de la musique dans les écoles fondamentales et lycées et de contribuer à la promotion de l’art moderne malien, qui, sans renier la tradition, se rattacherait aux grands courants artistiques contemporains de l’Afrique et du reste du monde… Des objectifs qu’estime accomplis, 58 ans après, le Directeur Amadou Lougué. Quelques grands artistes issus de l’INA sont Habib Dembélé (Guimba National), Idrissa Soumaoro, Habib Koité, Michel Sangaré…
Aly Asmane Ascofaré
Source : Journal du Mali