Suite à l’annonce de la composition du nouveau gouvernement dirigé par Modibo Keïta, l’opposition a dans son ensemble salué le choix du Premier ministre tout en restant perplexe sur la reconduction des anciens.
Soumaïla Cissé, président du principal parti de l’opposition, l’Union pour la République et la démocratie (URD), a pris bonne note de la nomination du nouveau Premier ministre Modibo Keita. Elle le félicite et lui souhaite chance et réussite car, il fait partie des hommes respectés et reconnu comme un commis de l’Etat. En plus, se réjouissent les responsables de l’URD, Modibo Keïta a fait preuve d’humilité et d’esprit républicain en rendant visite à l’opposition avant sa prise de fonction.
Dans un communiqué, le parti de la poignée de main reconnaît avec humilité que le Président de la République a fini par donner raison à l’opposition en limogeant les membres du Gouvernement cités dans les affaires de mal gouvernance et de mauvaise gestion de ces derniers mois. L’URD espère que la justice aura les mains libres pour situer les responsabilités afin de laver l’honneur du Mali et restaurer la confiance auprès de nos partenaires. Dans un entretien qu’il a accordé à Radio France Internationale (RFI) et à Africable, Soumaïla Cissé a déclaré qu’il espère que les responsables des malversations financières sauront s’y tenir, notamment au niveau de la justice pour laver l’honneur du Mali et restaurer la confiance auprès de nos partenaires. Partant, M. Cissé a exhorté le gouvernement Keïta à remettre le Mali sur la bonne voie. D’ores et déjà, à l’écouter, nonobstant les valeurs et qualité du nouveau Premier ministre, Soumaïla Cissé n’est pas trop optimiste. Car il déplore la reconduction de 23 ministres de l’ancien équipage. «On nous annonce un gouvernement de combat avec des anciens combattants, 23 ministres reconduits, 3 anciens ministres du régime précédent et seulement trois nouvelles personnalités. Je souhaite surtout que s’engage un véritable combat contre l’insécurité, contre l’impunité, contre la corruption, contre la mal gouvernance, contre le favoritisme dans l’administration d’État. Le temps est vraiment venu de se mettre enfin au travail, de restaurer la crédibilité, de mobiliser les populations, d’être tout simplement républicain», a-t-il indiqué. Quant au communiqué de son parti, l’URD déplore la marginalisation des femmes lesquelles ne sont que 3 sur un effectif pléthorique de 29 membres comprenant 23 reconduits, 3 anciens ministres des régimes précédents et seulement 3 nouvelles personnalités. Amadou Abdoulaye Diallo, président du Parti pour le développement économique et la solidarité (Pdes), a abondé presque dans le même sens que Soumaïla Cissé.
Dans son intervention, il invite le nouveau gouvernement à revoir complètement sa stratégie de négociations sur les questions du nord du Mali. S’agissant du parti Fare Ankawuli, il a salué le choix de Keïta. Cependant, s’indigne -t-il, «l’initiative de changer le gouvernement n’a de pertinence que si elle a pour objectif de redonner du sens et de la cohérence à l’action gouvernementale avec un cap clair une gouvernance remodelée ouvrant de véritables horizons pour notre pays. Malheureusement, il ne nous a pas été donné de constater une telle impulsion de cap et de changement. Ceci explique la persistance du caractère pléthorique de l’attelage gouvernemental, de la reconduction de la majorité de l’équipe sortante, du chevauchement de compétences dans l’architecture gouvernementale et qui entre autres font que ce gouvernement est loin de redonner confiance au peuple malien. La diminution de la représentation des femmes dans le nouveau gouvernement met à mal la volonté déclarée du pouvoir d’instituer des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives ».
En tout cas, les partis de l’opposition affirment qu’ils continueront à être vigilants et critiques dans le respect des lois républicaines.
Oumar KONATE
source : 22 Septembre