Le chef du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga, a lancé à Bamako, samedi dernier, les épreuves du concours direct de recrutement dans la fonction publique. Au total, 883 emplois sont mis en compétition pour plus de 62 000 postulants. Toutes les catégories (A, B2, B1 et C) et tous les secteurs d’activité publique sont concernés. Les centres de concours sont, comme d’habitude : Kayes, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Bamako.
C’est une première pour le gouvernement de transition d’organiser une telle compétition entre les fils du pays, qui sont à la recherche d’emploi. Ce concours sera-t-il transparent ? Où va-t-il connaître le même sort que l’attribution récente des logements sociaux, qui a été sur fond de magouille ? Un processus d’attribution qui a mis très mal à l’aise les plus hautes autorités et a d’ailleurs été suspendu par la suite. Dans la foulée, la commission d’attribution des logements sociaux, présidée par l’ancien maire de la commune IV, Issa Guindo, a été dissoute par le ministre chargé de l’Habitat.
Aussi, apprend-on que le président de la transition a demandé l’ouverture d’une enquête. Si celle-ci aboutissait, la commission paiera-t-elle seule payer les frais ? En tout cas, selon plusieurs sources, des listes ont été parachutées de hauts lieux pour être validées par la commission. Vrai ou faux ? L’enquête répondra. S’agissant du concours d’entrée à la fonction publique, si le colonel Assimi Goïta ne prend pas garde, le scénario des logements sociaux pourrait se reproduire.
En effet, des rumeurs insistantes ont circulé dans un cercle fermé, il y a quelques semaines. Selon ces informations, des consignes seraient données dans ce cercle restreint, pour communiquer à un haut niveau des numéros des postulants, membres d’un mouvement désormais influent du pays. Si ces rumeurs se confirmaient, les meilleurs candidats ne passeront point à ce concours. Ça sera comme pour l’attribution des logements sociaux : le fiasco. Le clanisme, le favoritisme, la tricherie, la magouille… prendra le dessus sur la transparence.
Le peuple avait apprécié à sa juste valeur l’annonce de l’ouverture d’enquête sur l’attribution des logements sociaux par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Ce même peuple voudrait qu’il soit beaucoup plus regardant et plus intransigeant quant à la gestion des affaires publiques par le gouvernement. Certains se réjouissent, par contre, beaucoup se demandent pourquoi y-a-t-il eu du changement dans l’âge des candidats ? Si le minimum d’âge demeure 18 ans pour toutes les catégories, il est de 43 ans pour la catégorie A, 38 ans pour les catégories B et 35 ans pour la catégorie C.
Les concours lancés samedi dernier se dérouleront les 19 et 20 février et les 26 et 27 février 2022 dans les centres régionaux et le district de Bamako. Juste après le lancement des épreuves, Choguel a mis l’accent sur la transparence, mais des observateurs ont encore en tête la récente pratique du gouvernement. Après ces nombreux bruits de botte, le colonel Assimi Goïta est aujourd’hui le seul rempart contre la discrimination entre les citoyens maliens. Donc, c’est à lui de veiller.
Hamidou Ambérou Togo
Source : Le Hogon