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LIGNE DE FORCE : Le temps du réalisme

Le bilan de la transition est accablant pour ceux qui en ont la charge.

 

Le Mali est suspendu des instances de la CEDEAO, de l’UA, de l’OIF. Cela signifie qu’il ne siège plus au sein des structures dirigeantes de ces organisations sous-régionale, régionale et internationale. Depuis le 9 janvier dernier, il est sous sanctions économiques et financières de la CEDEAO et de l’UEMOA, donc soumis à un embargo commercial sauf pour des produits de première nécessité (nourriture, médicaments, hydrocarbures) et à de sévères restrictions financières (gel des avoirs de l’Etat à la BCEAO, exclusion du marché financier de l’UMOA). Des mesures qui, à plus ou moins court terme, engendreront des privations, accentueront la pauvreté, ruineront l’économie, rajouteront au désordre social et à l’instabilité.

De son côté, l’Union européenne (UE), principale partenaire au développement du pays, a édicté des sanctions ciblées (gel des avoirs et interdiction de voyager) à l’encontre de cinq personnalités, dont le premier ministre Choguel Maïga. En outre, elle interdit aux citoyens et aux entreprises de son ressort de mettre des fonds à la disposition de ces personnalités, que ce soit directement ou indirectement. Ces sanctions viennent en soutien à celles de la CEDEAO prononcées contre une centaine d’acteurs publics  pour « obstruction à une transition politique « .

Le Mali est potentiellement en rupture avec la France, jusqu’à ces dernières semaines sa principale alliée dans la lutte engagée, depuis une dizaine d’années, contre le terrorisme dans son septentrion.  Traités de « mercenaires » par le chef du gouvernement de transition, dans une escalade verbale que rien ne semble pouvoir arrêter, les soldats de Barkhane sont atteints dans leur honneur sans avoir démérité (beaucoup s’en faut) et Paris n’a d’autre choix que de les retirer du sol malien et les repositionner chez un voisin, probablement le Niger.. Du coup le sort de l’Opération Takuba-au demeurant tournée en dérision par Choguel Maïga-paraît scellé. Elle suivra inéluctablement son initiatrice qu’est la France.

Ce retrait de la France et de ses alliés du théâtre des opérations anti-jihadistes au Mali ne devrait pas être sans conséquence par ailleurs. L’ancienne puissance colonisatrice reste, en effet, le premier bailleur public au plan bilatéral, la trentaine d’entreprises qu’elle compte dans le pays procurent des milliers d’emplois et génèrent d’importantes ressources fiscales pour l’Etat. Qui plus est elle est le principal pays d’accueil de la diaspora malienne, qui envoie au pays pas moins de 500 milliards de F CFA annuellement.

Le Danemark, qui s’est vu contraint par les autorités de Bamako de retirer une centaine de ses militaires déployés au sein de Takuba, a réagi en  suspendant son programme de coopération 2023-2027 d’un montant de 130 milliards de F CFA. D’autres pays européens sont dans la logique de geler leur partenariat avec le Mali au double plan sécuritaire et économique, si ce n’est déjà fait. Pour leur part, les États-Unis d’Amérique, en plus des restrictions qu’ils ont apportées à leur assistance sécuritaire au lendemain du coup d’Etat du 24 mai 2021, ont exclu le Mali de l’AGOA, au début de l’année en cours.

Les récents succès remportés contre les groupes jihadistes par les FAMa, avec l’appui supposé de « coopérants  » russes, ne sauraient justifier une rupture avec nos alliés traditionnels. Elle pourrait s’avérer désastreuse en l’absence d’une alternative crédible.

Au plan interne, la transition n’a pas su réaliser l’inclusion inscrite dans sa charte fondatrice et vivement recommandée par tous les partenaires du Mali. Il en résulte qu’à partir du 25 mars prochain, marquant sa fin officielle, au terme de la même charte, elle ne sera plus reconnue par une partie substantielle de la classe politique. Laquelle prône la mise en place d’une nouvelle transition avec, cette fois-ci, un président et un premier ministre civils, le dernier nommé devant être « politiquement neutre« . Elle devrait durer neuf mois, jusqu’en décembre 2022.

Au vu de cette situation potentiellement dangereuse, les autorités de la transition, qui disent n’avoir que le seul souci du Mali et n’agir que pour son unique intérêt, doivent faire preuve de réalisme, tous calculs et artifices cessants, en s’accordant avec la CEDEAO sur un agenda réaliste de retour à un ordre constitutionnel normal. C’est l’exigence qui leur est faite, dont la non observation est en train de faire du Mali un Etat paria.

Saouti HAIDARA

Source: L’Indépendant

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