Quelques jours seulement après la libération du journaliste français Olivier Dubois, retenu en otage au sahel pendant près de deux ans, les autorités françaises avaient remercié celles du Niger pour le rôle combien de fois important que ce pays aurait joué afin d’obtenir la libération des otages français et américain. C’est ce discours des autorités françaises qui semblent émouvoir et surtout déplaire au Premier ministre malien Choguel K Maiga qui, comme il sait bien le faire, a profité du forum économique de Ségou, pour revendiquer la paternité de cette libération. Il en a fait un trophée de guerre, surtout une fierté et un honneur pour le pays, alors que la France et le Mali connaissent une rupture diplomatique. L’actuel PM aurait contribué à mettre le Mali et la France dos à dos, alors que tout lie ce pays au Mali, la langue, la culture, l’histoire, l’économie, les finances. Le PM est incontestablement ému de cette rupture entre le premier partenaire du Mali dans plusieurs domaines, qu’est la France. Le ridicule ne tuant plus dans ce pays, le PM Choguel K Maiga voudrait-il se faire bonne conscience ? Pourquoi tant d’efforts pour ce journaliste alors que les autorités maliennes considèrent la France comme étant un pays ennemi ? Quid des otages maliens entre les mains des Djihadistes ?
Tout porte à croire que le Premier ministre Choguel K Maiga, après avoir réussi à induire en erreur les jeunes colonels qui ont pris le pouvoir et qui n’avaient aucune expérience en matière de gestion de l’Etat, en mettant le Mali et la France dos à dos, continue avec son jeu favori qui est non seulement diviser pour régner, mais aussi de poursuivre sa propagande anti française pour détourner les esprits sur des questions essentielles. Il a profité de l’espace du Forum économique tenu à Ségou pour répliquer à des allégations des autorités françaises qui auraient reconnu le rôle prépondérant joué par le Niger dans la libération des otages franco-américain dont notre confrère Olivier Dubois. Pour le PM malien, nous le citons, un otage pris au Mali et libéré dans un pays voisin et que ce que beaucoup ne savent pas ce qu’il a été enlevé au Mali, ses adversaires ont été affaiblis au Mali et c’est un malien qui a œuvré à sa libération, a-t-il conclu. Le PM dit avoir vu une vidéo de propagande où on dit que c’est l’armée de l’autre pays qui a été libérée les otages et que les maliens ne pouvaient rien, pour lui c’est le contraire qui s’est passé. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si le PM n’a pas regretté d’avoir rompu avec la France. Sinon pourquoi tant d’élucubrations parce que le nom du Mali ou des autorités maliennes n’ont pas été cités dans la libération des otages français. Chacun doit assumer ses choix. Après avoir vilipendé, humilié la France, le Mali ne devrait plus s’attendre à une quelconque faveur de sa part, il doit au contraire s’attendre à tout de la part de la France, qui loin d’être une amie aujourd’hui œuvrera à faire échouer les autorités actuelles qui ont fait le choix de la Russie comme partenaire. Donc cette sortie du Pm a été soit ratée, ou bien il veut se faire bonne conscience après avoir induit en erreur les autorités militaires et tout le pays en faisant passer la France comme étant la seule responsable de la crise multidimensionnelle. Elle pourrait avoir, sans nul doute sa part de responsabilité, par certains choix stratégiques, mais la France ne saurait être la seule responsable de la chaotique situation dans laquelle vit le Mali.
Quid des otages maliens entre les mains des Djihadistes ?
Au lieu de s’enorgueillir d’avoir joué un rôle capital dans la libération des otages français, pourquoi le PM ne s’est-il pas battu pour que les otages militaires et civils maliens qui sont entre les mains des djihadistes soient libérés. Mieux encore, pourquoi la question française est-elle le sujet de préoccupation majeure des autorités alors que le Mali souffre le martyre sur le plan financier, économique et sécuritaire. La France a plié bagages mais les problèmes demeurent entiers, s’ils ne se sont pas d’ailleurs aggravés. Aujourd’hui le constat est qu’une frange importante du peuple commence à comprendre la réalité, c’est pourquoi nombreux sont les maliens à penser que le thème de la France est devenu le seul fonds de commerce politico-social des autorités maliennes afin de détourner l’opinion sur des questions majeures. Ils ont compris que leurs autorités sont à court de solutions face aux gravissimes problèmes qui assaillent notre pays. Donc la France, s’il est indéniable qu’elle a une part de responsabilité dans la crise sécuritaire, voire socio-économique du Mali, elle est et demeure un partenaire incontournable du Mali. S’attaquer à la France c’est lutter contre ses propres intérêts, car elle détient une arme qui est celle des finances. En effet, elle peut faire éternuer n’importe quel pays consommateur du CFA, car c’est elle qui détient le cordon de la bourse. Ainsi, le Mali pouvait diversifier ses partenaires tout en gardant les anciens, surtout ceux qui ont les moyens pour investir et surtout la technologie. La lutte géopolitique et géostratégique qui se joue en ce moment entre l’occident et les autres comme la Chine, la Russie, le Brésil, l’inde et l’Afrique du sud, ne concerne nullement le Mali. D’où cette option de pays non aligné, prêt à collaborer avec tous les pays lui reconnaissant sa souveraineté. Modibo Keita, le premier Président du Mali indépendant était l’un des précurseurs de cette nouvelle vision qui pourrait s’apparenter à une idéologie.
En somme, le Pm vient de rater une nouvelle occasion de se taire en reléguant cette affaire au second plan. Quant à la diplomatie malienne, elle semble non seulement dolosive, mais aussi et surtout elle a échoué à consolider les acquis des pères de l’indépendance qui ne se sont jamais brouillés avec des pays, même la France. Ils ont certes prôné la coopération sud -sud, mais ils n’ont jamais craché sur celle entre le nord et le sud. Ils ont collaboré avec tous les pays en pleine période de guerre froide. Avec le recul, l’histoire a donné raison aux pères de l’indépendance qui ont fait ce choix de ne pas choisir.
Youssouf Sissoko