Le fait d’honorer un militaire, qu’il soit sous-officier ou officier est une tradition dans la grande muette. Cela ne devrait donc pas être considéré comme une exception au Mali. Les hauts faits d’arme d’un militaire durant sa carrière peut amener l’Etat à lui rendre les hommages après sa mort. Ce fût donc le cas le vendredi 5 août 2016.
En effet la nation reconnaissante à travers le Chef de l’Etat, chef suprême des armées, a honoré Feu le Capitaine Sékou TRAORE dit BAD lâchement exécuté le 24 janvier 2012 ainsi que 116 de ces compagnons à Aguelhoc. Les assaillants n’ont pu commettre ce forfait qu’après l’épuisement des armes et munitions de ces braves combattants qui ont fini par capituler. La colonne de secours dépêchée par la hiérarchie militaire ne parviendra jamais à les sauver. Cet officier et ses 116 compagnons comme Babemba Traoré Fama du Kenedougou ont préféré la mort à la honte. Sa garnison était constituée de jeunes soldats. Faute de munition et de renforts ils ont vu la mort venir vers eux. Ils ont été ligotés, torturés et exécutés froidement en violation de la convention de Genève.
Ces braves soldats qui ont nettoyé la terre sacrée du Mali de la souillure de ces criminels doivent eux aussi bénéficier des mêmes et privilèges que leur commandant. Mais, les honneurs seulement ne suffisent pas pour leurs familles qui vivent parfois dans la précarité ?
Non ! Surement, la législation militaire ne prévoit rien pour cela. Il y a un vide juridique et social concernant le sort réservé aux familles des soldats morts en missions commandées. Faut –il le dire les conditions actuelles des familles des militaires morts en missions commandées n’est pas de nature à encourager les autres combattants. En effet, une fois, la mauvaise nouvelle annoncée, les responsables militaires amènent 50 kgs de riz et 50 000F CFA aux familles endeuillées. Ensuite, une semaine après les familles sont sommées de quitter les casernes qui seront occupés par d’autres familles de soldats.
Les familles se retrouvent très souvent dans la détresse et dans la rue. Dans ces conditions quel est le soldat qui va accepter le sacrifice ultime au combat sachant bien que sa famille souffrira le martyr après sa mort ?
Que le Mali s’inspire de l’exemple tchadien. Le secret de la bravoure de l’armée de Deby est dû au faite que pendant les opérations militaires l’Etat triple les salaires des soldats au front. Après la mort d’un soldat sa famille bénéficie de son salaire et autre avantage. Et à la retraite la veuve perçoit sa pension
Beaucoup estiment que c’est le manque de condition qui fait que nos soldats prennent la poudre d’escampette dès le premier coup de fusil. Ceci explique peut-être cela. Le problème dans l’armée n’est pas seulement, une question d’équipement, il y a aussi, la question sociale. Comme le disait un philosophe Grec de l’antiquité, ‘’L’être social, détermine la conscience sociale’’. C’est-à-dire que l’aspect matériel dans lequel se trouve un soldat, reflète son niveau d’engagement dans l’exécution de la mission que la nation lui a confié. Nos responsables militaires et politiques doivent comprendre cela illico presto, au lieu d’aller refaire le même système informatique de gestion des ressources humaines des FAMAS à plus de 500 millions F CFA ou de détourner à la pelle les maigres primes accordées aux soldats engagés sur le front militaire ou aller tirer à Gao sur des marcheurs pacifiques . Le Ministre de la défense, son cabinet et les Chefs des différents corps d’armées, doivent à présent préparer une loi dans ce sens et la soumettre au Président de la République. Ils ne doivent pas attendre, que toutes les initiatives viennent du Chef Suprême des Armées. Si tel est le cas, à quoi aura servi, leurs nominations s’ils ne peuvent rien planifier eux-mêmes et le soumettre au Président de la République. Au lieu de cela, on cherche à voire quel pot-de-vin, peut-on avoir dans l’achat de tel ou tel équipement militaire. En son temps ATT a fait confiance à ses généraux, ils l’ont fait endormir, en lui faisant croire que tout était parfais sur le terrain, alors que la hiérarchie était gangrénée par la corruption. La suite on la connait les 2/3 du territoire vont être occupés par les groupes armés après la chute de l’artisan de la democratie.
De replis tactiques en replis stratégique nos troupes ont fini par décrocher. Malgré l’arrivée d’IBK à la tête de l’Etat, nos troupes n’ont pas remportées de victoires significatives même si elles arrivent à tenir ses positions. Cette guerre asymétrique continue à faire des victimes dans les rangs de notre vaillante armée.
Nos responsables militaires et civils vont-ils rester dans l’immobilisme et l’expectative en ne proposant rien pour les cas ci-dessus évoqués ?
Un soldat quand il a le moral au beau fixe peut soulever une montagne .
Que Dieu sauve le Mali !
Seydou DIARRA
Source: Le Carréfour