Dans une récente interview, l’ancien président intérimaire de l’ADEMA-PASJ, non moins ancien ministre sous ATT, Ibrahima N’Diaye, rompt le silence qu’il observe depuis sa démission de la direction du parti, dont il est resté simple militant à la base. Si aujourd’hui, analyse-t-il, l’URD, le PARENA et le Prvm ont fait le choix d’aller à l’opposition, » c’est un choix courageux. Je voudrais les encourager. Ils l’ont fait et même la majorité doit s’en réjouir « . Et Iba N’Diaye d’exprimer sa réticence à toute poursuite contre ATT.
Pour de sérieuses divergences de vues quant à la conduite et l’orientation politique du parti, le 1er vice-président du Comité exécutif de l’ADEMA, assurant l’intérim du président Dioncounda Traoré (devenu président de la République par intérim après le coup d’Etat du 22 mars 2012) avait démissionné de la direction du parti pour se mettre un peu en retrait. Il vient de signer son come back dans le débat politique étant entendu qu’il est resté, avant tout, militant et membre fondateur du parti de l’abeille.
Pour avoir dirigé le FDR, le front anti-putsch qui a soutenu la candidature de Soumaïla Cissé au second tour de la présidentielle 2013, Iba N’Diaye avait essuyé certaines critiques au niveau même de son parti. La direction de celui-ci ayant opté pour soutenir le candidat IBK. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont des abeilles avec moult déceptions.
Pour Ibrahima N’Diaye, il y a des hommes et des femmes à l’ADEMA qui croient en la démocratie et aux valeurs fondatrices du parti. Qui sont des vrais patriotes. A l’en croire, ils sont nombreux ces cadres, même au sein de la direction nationale du parti, qui ont la conviction non émoussée. « Je voudrais les saluer et les encourager. Et dire, en même temps, qu’on ne peut désespérer d’un pays qui a su, en un an et demi, sortir d’un gouffre aussi profond. C’est ce qu’il faut saluer. Et c’est sur cela qu’il faut s’appuyer pour aller à d’autres conquêtes. C’est pour cela qu’à partir de maintenant, nous allons inscrire notre combat politique dans cette direction. Ne pas être avec la majorité ne veut pas dire qu’on est contre X ou Y « , a-t-il expliqué. Il a salué « ceux qui ont accepté d’aller à l’opposition ». Avant d’assurer être de cœur avec eux. « Mon choix simplement, c’est que ce qu’ils défendent, je peux encore le défendre dans mon parti. Ils ont sauvé la démocratie parce que ce sont eux qui nous permettent de dire que la démocratie malienne est en train de se reconstruire « , a souligné Iba N’Diaye. Il a rappelé que le Mali a été obligé de changer la loi électorale simplement parce qu’il était impossible de trouver un parti d’opposition, à part SADI, qui avait un seul député…
« Si, aujourd’hui, nous avons l’URD, le PARENA et le PRVM, qui ont fait ce choix, c’est un choix courageux. Je voudrais les encourager. Ils l’ont fait et même la majorité doit s’en réjouir « , a-t-il déclaré.
A propos des contre-performances électorales faites par le parti de l’abeille, l’ancien maire du district de Bamako pointe du doigt les choix opérés par la direction de l’ADEMA. « Quand vous êtes dans une situation aussi extraordinairement difficile après le coup d’Etat, où tout le monde veut vous enterrer, vous permettez le luxe de vous engager dans une course du genre avec des montages, qui ont emmené beaucoup de cadres à quitter, et mis d’autres à la touche… Si ceux et celles qui avaient été choisis étaient des gens capables de tenir la barque, je suis sûr et certain qu’on en serait pas là aujourd’hui « , a-t-il regretté.
Et d’ajouter qu’à la suite de tout cela, le parti devrait affirmer sa personnalité, son identité… et non « déclarer son soutien pour un président déjà élu et chercher des élus pour le conforter pendant que son parti est déjà là ; quels alliés il allait avoir pour le soutenir ? Ils ont préféré, eux aussi, aller plutôt avec le seigneur du jour. C’est ce qui s’est passé. Le RPM a refusé l’ADEMA et dans des situations qui dépassent même l’humiliation « …
A en croire Iba N’diaye, l’URD, qui s’est assumée, en défendant son identité, et qui est allée aux élections comme la bête à abattre, s’en est sortie avec le moins de dégâts. De 23 ou 26 députés, elle a pu sauver 17. Si s’assumer devait coûter, explique-t-il, l’URD devait disparaitre lors des législatives. Ce n’est pas le cas.
Concernant le dossier Nord-Mali, l’ancien ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle a plaidé pour l’union sacrée de tous les Maliens. « Il n’y a pas de nord et de sud ; d’opposition ou de majorité politique, ni de question de religion. Il y va de notre survie. Nous devrons tous être un pour réussir ce combat et sauver notre pays. L’intégrité territoriale, la souveraineté qui doit s’exercer partout, ce n’est pas encore le cas à Kidal, je crois que les nuances ne doivent pas constituer des obstacles « . Avant d’ajouter être disposé aux négociations, qui peuvent se tenir sous la médiation sans complexe à Alger, Ouaga, Rabat, Abidjan, Dakar. « Pourvu que les choses se passent bien et que les médiateurs jouent leur rôle « .
Commentant l’arrestation de Amadou Haya Sanogo, l’ancien leader du FDR dira qu’elle était nécessaire et qu’il est étonné simplement que durant toute la transition, IBK et l’ex-chef putschiste fûssent très proches A propos d’une éventuelle poursuite contre ATT pour « haute trahison », l’ancien haut responsable de l’ADEMA est réservé. « Cette poursuite va poser plus de problèmes que de solutions « . Car, dira-t-il, « il est difficile d’imaginer qu’un seul individu puisse répondre seul de toutes les responsabilités de ce qui s’est passé au Mali »
Bruno D SEGBEDJI
Source: L’Indépendant