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Lettre ouverte adressée au Président de la République, au Chef du Gouvernement et à l’Opposition politique du Mali

À Monsieur le Président de la République du Mali

Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keita,

C’est avec les cœurs meurtris que nous vous adressons cette lettre ouverte. En effet, notre
pays le Mali traverse une crise politico-sécuritaire et sociale sans précédent. Le pays est
pris en otage par des ennemis aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Face à cette
situation qui affecte tout bon Malien, le silence est coupable.
Monsieur le Président, votre première tâche consiste à respecter et à faire respecter la
Constitution de notre pays, chose pour laquelle vous vous êtes engagé solennellement en
jurant devant Dieu et devant le peuple malien lors de votre investiture le 4 septembre 2018.
Cette responsabilité commande de lutter énergiquement contre toute forme de corruption
ou d’atteinte aux biens publics. Cependant des propos tenus par vous lors d’une rencontre
avec des leaders religieux, permettent de comprendre que vos préoccupations sont autres.
En effet, vous avez affirmé : « Je détiens le cahier de l’État et si ce n’était pas à cause de
l’Islam, beaucoup de gens allaient fuir le pays ». Cette affirmation montre à suffisance
que vous êtes plus préoccupé par le souci de contenter une certaine caste de responsables
(politiques, religieux, ou communautaire) que par le respect de la loi en vous faisant passer
pour le « tout miséricordieux ». Monsieur le Président, nous vous supplions de placer le
respect de la Constitution et de toutes nos lois au-dessus de toute autre considération.
Garantir la sécurité des populations et de leurs biens est une mission régalienne de l’État.
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont poussé les Maliens à vous élire à la tête de l’État.
Aujourd’hui, les maliens souffrent d’un déficit de sécurité sans précédent. Qu’il s’agisse
des attaques menées au nord et au centre par des groupuscules terroristes, des difficultés
de la mise en œuvre de l’accord de paix, de la guerre fratricide entre les Peulhs et les
Dogons ou encore de l’explosion de la délinquance de droit commun qui sévit de plus en
plus à Bamako. Cette situation est de nature à entacher la crédibilité de l’État et par la
même occasion la vôtre. Il est plus que temps que l’autorité de l’État revienne au Mali.
Nous savons que des efforts ont été faits dans ce sens, mais hélas les constats sont
désespérants.
Le Mali est une République laïque, un État de droit qui fonctionne avec trois pouvoirs : le
pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Il n’y a donc pas de pouvoir
religieux au sens constitutionnel du terme. Le fait que 90% de la population se revendique
de confession musulmane n’entache en rien le caractère laïc de la République du Mali. Par
conséquent, nous vous exhortons monsieur le Président d’assumer vos responsabilités, de
porter votre costume de chef suprême des armées et de la magistrature pour enfin réaliser
ce dont pourquoi les Maliens vous ont donné leur confiance.
En espérant que votre slogan de campagne « Le Mali d’abord » n’est pas tombé dans les
oubliettes, nous vous prions, Monsieur le Président, d’accepter nos salutations les plus
sincères.
Premier Ministre, Chef du Gouvernement
Son excellence Monsieur Soumeylou Boubeye Maiga, Premier Ministre Chef du
Gouvernement du Mali,
Nous vous adressons cette lettre ouverte pour vous manifester notre inquiétude, notre
désarroi et notre incompréhension face aux crises et aux événements que traverse notre
pays ces derniers mois.
Personne n’ignore aujourd’hui que notre pays le Mali traverse l’une des périodes les plus
difficiles de son existence. Le pays est confronté à une crise multifactorielle et doit relever
simultanément des défis sur plusieurs fronts. Nous savons qu’en tant que Chef du
Gouvernement, votre principale tâche consiste à apporter des solutions notamment
politiques pour sortir le pays de ce gouffre.
Nous remarquons malheureusement que malgré des efforts consentis, le pays continue sa
descente aux enfers. Cette déchéance est en grande partie due aux comportements
antirépublicains, anti-démocratiques et communautaristes de certains de nos concitoyens.
Nous avons entendu avec consternation des propos tenus lors de la soi-disant rencontre de
paix et de bénédiction de certains leaders religieux le 10 février 2019 au stade du 26 mars.
Ces individus n’ont d’autres desseins que la déstabilisation de notre pays. En se cachant
derrière la religion, ils ne visent qu’à affaiblir nos institutions. Nous sommes convaincus
Monsieur le Premier Ministre que fort de votre expérience politique et de votre expertise
dans le domaine sécuritaire, vous voyez clair dans leurs jeux. Il est donc temps d’user de
tous les moyens démocratiques et légaux, pour empêcher ces individus de remettre en cause
le peu de stabilité qui nous reste dans ce pays. Le Mali doit être mis au-dessus de toute
autre considération. C’est d’ailleurs le sens des propos que vous avez tenu il y a quelques
mois lorsque vous disiez que : « Quiconque essayera de déstabiliser le pays au nom d’une
religion ou au nom d’une communauté, aura la sanction qu’il mérite. » Il est donc temps
de passer des paroles aux actes.
Si vous n’entreprenez pas d’action pour contrecarrer ces personnes de mauvaises
intentions, vous vous rendrez coupable de toutes les dérives qu’engendreront les menaces
qu’ils profèrent.
En vous souhaitant une réussite dans vos actions, nous vous prions, Monsieur le Premier
Ministre, d’accepter nos salutations distinguées.
L’opposition politique du Mali
Chers membres de l’opposition malienne,
Depuis quelque temps, nous assistons avec tristesse à la naissance d’un groupe que nous
surnommons « opposition religieuse ». En effet, des leaders religieux à travers leur chef
Mahmoud Dicko le Président du haut conseil islamique HCI défient les autorités de l’État
avec des propos et des mises en scène qui dépassent l’entendement.
La politisation de l’Islam ou si l’on préfère l’islamisation de la politique malienne, qui est
une réalité indéniable, est un phénomène qui doit inquiéter tous les démocrates de toutes
les sensibilités politiques. Nul grief à ce que les musulmans participent à la gestion de
l’État, nul grief à ce que des musulmans soient candidats pour des postes électifs. En effet
le musulman malien est avant tout un Malien avant d’être musulman. Cependant, la volonté
affichée de Mahmoud Dicko et de certains autres leaders religieux est la remise en cause
de notre modèle démocratique. En intervenant sur le terrain politique au nom de l’Islam,
leur volonté ultime est de remettre en cause le caractère laïc de notre pays.
L’opposition politique malienne loin de combattre cela, se rend coupable de façon flagrante
d’une telle machination. Pour preuve, la présence de nombreux leaders politiques au
meeting organisé le 10 février dernier par Mahmoud Dicko au nom du Haut Conseil
Islamique HCI. Cette rencontre avait été annoncée comme celle de la paix, de la cohésion
sociale, de la prière, du pardon, celle qui permettrait au Mali de sortir des crises qu’il
traverse. Malheureusement, les organisateurs ont une fois de plus abusé de nos concitoyens
en jouant avec leurs émotions et leurs ignorances pour arriver à leur fin.
L’esprit de « dégagisme » qui vous anime et votre incapacité à mobiliser vous font croire
que la seule voie pour faire chuter le régime d’IBK est une coalition avec les leaders
religieux. Certes la religion constitue aujourd’hui au Mali, l’un des principaux leviers de
mobilisation des masses, mais cela a aussi comme conséquences de faire des leaders
religieux des faiseurs de rois. Un Président de la République intronisé par des leaders
religieux ne peut être indépendant. Or l’indépendance de nos institutions est la condition
indispensable pour sortir le Mali du gouffre. Nous vous rappelons que ce sont ces mêmes
leaders religieux qui ont fait élire IBK en 2013. Si vous utilisez ces soi-disant défenseurs
de l’Islam pour faire tomber le régime d’IBK, soyez sûr que les causes qui les poussent
aujourd’hui à combattre le régime d’IBK auront aussi raison de vous lorsque vous
accéderez au pouvoir.
La conquête du pouvoir ne devrait pas vous faire oublier les principes fondamentaux de la
laïcité. En tant que leaders politiques, votre rôle consiste aussi à éduquer les populations
aux bonnes pratiques démocratiques afin que celles-ci s’impliquent davantage dans les
processus électoraux. Les 500 millions qui sont alloués au chef de file de l’opposition en
la personne de Monsieur Soumaïla Cissé, ne doivent pas être uniquement utilisés pour
payer les assistants, les chargés de mission, les frais de déplacement ou encore moins des
manifestations au slogan « Soumi Champion Fo Koulouba ». Cet argent pourrait aussi
servir à organiser des événements lorsque les intérêts du bas peuple sont en jeu (grève des
médecins, grève des cheminots, les déplacés du Nord, etc.).
Nous vous demandons de récupérer votre rôle d’opposants politiques, de ne pas vous
laisser absorber par des pseudos leaders religieux qui n’ont aucune légitimité pour jouer ce
rôle. Le Mali n’a pas besoin d’un 4ème pouvoir encore moins d’un pouvoir religieux.
Le combat le plus important qui doit être mené aujourd’hui est celui de la lutte contre
l’islamisation de la politique malienne, car c’est cela qui menace notre démocratie.
À vous de choisir votre camp.
En espérant une bonne compréhension, veuillez accepter nos sincères considérations.

APMI (Alliance des Patriotes pour un Mali Intègre)
Source: Bamada.net

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