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Lettre à mon oncle Bass, Cher oncle,

Salamaleck !

lettre bass oncle mali bamako

C’est avec le ventre bien plein, pardon le cœur plein de joie, que je t’envoie la présente lettre. Mais, avant de te donner des nouvelles du pays, je m’en voudrais à mort si d’abord, je ne te remerciais, au nom de toute la troupe familiale, pour le sac de riz et le colis de poissons fumés que tu viens de nous envoyer.

« Tiô bélé bélé » ! Walahi, Bilahi, je jure, Allah Akbar, mais toi non plus, mon oncle, tu n’es pas petit !

Grand mère également me charge de te dire qu’elle t’envoie des milliers de « sacs » de… bénédictions.

La pauvre, n’a que ça pour toi, mais ça, c’est beaucoup… Enfin, il faut y croire.

Walahi Tonton, ton sac de riz nous tombe du ciel, car la marmite familiale était en « jachère », depuis maintenant cinq jours. Pour cause, le riz est toujours est un luxe, car le prix du kg a pris l’ascenseur pour atteindre de nos jours les 375 Fcfa.

C’est vrai que, pour les « en haut », leurs proches et leurs griots, il ne fait ni chaud, ni froid face à cette hausse des prix du riz et des autres céréales, mais pour l’écrasante majorité des Maliens, nous autres les « en bas », nos tripes se rétrécissent de jour en jour.

Et quand je pense que, selon la Constitution Malienne, « tous, nous naissons libres et égaux », j’en ai honte.

Parce que, au Mali, certains (une minorité) naissent dans les cliniques, riches, donc libres, d’autres (la majorité) naissent plutôt dans les CESCOM ou leurs cabanes, misérables et enchaînés.

Pourquoi cette inégalité ?

Simplement à cause des injustices sociales, de la répartition inéquitable et implacable des ressources nationales, pourtant propriété (théoriquement) de l’ensemble des fils du pays.

Mais, tout cela est bien éphémère. Tous, petits ou grands, affamés ou repus, nous sommes des mortels et nous retrouveront dans le même internat de Lahara. Là-bas, il n’y aura ni d’avion présidentiel, ni de marchés d’armes, ni de pourparlers de paix. Walahi, bilahi, je jure !

A propos de pourparlers de paix, je t’informe cher oncle que les représentants du gouvernement malien et ceux des groupes rebelles se sont retrouvés il y a quelques jours à Alger.

C’était pour aboutir à un préaccord de paix, mais, comme d’habitude, nos « frères égarés » n’ont pas donné au pays cette chance. Ils ont campé sur leur histoire (à faire endormir un chameau) d’Azawad et de fédéralisme.

Mon pauvre tonton, on ne peut dit-on, faire boire par la force un âne qui n’a pas soif. Finalement, les deux parties ont convenu de se retrouver de nouveau à Alger en janvier prochain.

Sur un tout autre plan, je t’informe que les Maliens qui n’ont pas fui le pays continuent de vivre dans la psychose de la maladie à virus Ebola. Pendant ce temps nos hautes autorités tentent de rassurer les populations.

Ainsi, selon, le ministre de la santé, à ce jour, il n’y aurait eu que 7 cas de malades d’Ebola (5 ont été admis à Laharabougou) dont un qui serait guéri. Mais, en fait, selon certaines informations, le malade d’Ebola (guéri) avait plutôt le paludisme. En tous les cas, chez nous à Fantambougou, Ebola ne nous fait pas peur, puisque, nous sommes déjà malades d’un virus qui fait plus de ravage : la pauvreté. Eh oui, tonton, la pauvreté est la pire des maladies car non seulement, elle tue au quotidien, mais d’abord, elle humilie. Je le dis pian ! Parce que, c’est ça qui est ça !

 

Enfin, le marigot politique malien. Ici dans cette mare aux Diable, c’est un député qui a ravi la vedette à tous. L’homme en effet n’a trouvé mieux à faire que d’aller cogner un magistrat dans son bureau. C’est ainsi qu’il a été incarcéré.

Grâce au soutien de l’Assemblée nationale, le député boxeur a été libéré. Allah Akbar ! Si ce « crime » avait été commis par un malien d’en bas, il passerait le restant de ses jours dans les « couloirs de la mort » de la maison d’arrêt de Bamako.

Les lois mon pauvre Bass, nous savons ce qu’elles valent et ce qu’elles sont : toiles d’araignée pour les riches et les puissants, chaînes qu’aucun acier ne peut rompre pour les petits et les faibles.

Que Dieu préserve les « certaines choses » des nageurs que nous sommes. Amen.

 

A lundi prochain Inchallahou !

Par ton petit Ablo !

SOURCE: Le 26 Mars  du   9 déc 2014.
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