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Lettre à mon oncle Bass : Cher oncle,

Salamaleck ! J’ai bien reçu ta dernière lettre et te remercie pour les sages conseils que tu m’y prodigues. Aussi, encore une fois, je te présente toutes mes excuses pour avoir vendu la charrette, les deux ânes et le petit champ de feu mon oncle N’Golo. Mais, Walahi, Bilahi, je jure, le jour où j’arriverai en France, je m’emploierai dans un bref délai à tout rembourser.

En fait, je suis encore bloqué ici, faute d’obtenir un passeport. Justement à propos, Tigrou le griot du gouvernement malien a annoncé la semaine dernière que le document sera à la portée de tous les maliens qui n’attendront désormais que seulement deux semaines après leur demande pour l’obtenir.

Bonne nouvelle serait-on tenté de dire, mais, toi-même sais cher Bass, dans ce pays là, entre le dire et le faire de nos gouvernants, il ya tout un Océan.

Concernant la famille à Fantambougou-Bamako, elle n’a enregistré, grâce à Dieu, aucun départ pour Lahara. Alhamdoulilahi !

Pour sa part, grand mère est partie au village à Dessèbougou, afin d’assister à l’excision d’une trentaine de fillettes.

Vois-tu tonton, cette vieille pratique est toujours là, malgré ces cirques qu’organisent ces femmes généralement nanties et qui s’enrichissent bougrement à travers séminaires et conférences pour disent-elles lutter contre l’excision.

Sur un tout autre plan, je t’informe que le rapport du Vérificateur Général a été publié depuis quelques mois et l’accent y est mis sur l’ampleur de la corruption et la délinquance financière dans l’Administration publique.

En effet, ce sont de faramineuses sommes d’argent qui auront fait l’objet de détournement au cours de l’année 2014.

Vois-tu mon pauvre Bass, comment dans de telles circonstances, les maliens d’en bas, l’écrasante majorité de ce peuple, peuvent-ils voir leurs conditions d’existence, s’améliorer ? Surtout que les Voleurs de la République, ces vampires, crocodiles, requins et autres prédateurs du genre ne sont guère inquiétés.

Comment peut-on lutter contre la corruption en se limitant simplement à des actes symboliques consistant à faire produire des rapports, sans pourtant oser chercher à situer les responsabilités, cravacher et exposer dans les vitrines de la honte, les coupables du crime ?

Walahi, Bilahi, je jure, la lutte contre la corruption et la délinquance financière au Mali n’est que de la poudre aux yeux. Et, je comprends bien (Walahi) la réticence de ceux chargés de ce combat, à aller jusqu’au bout.

Toi-même, tu sais cher Bass, le coq doit s’abstenir de trop farfouiller, au risque de déterrer le couteau qui lui passera sous la gorge.

Quant à nous autres les maliens d’en dessous, nous n’avons naturellement à craindre aucun couteau. Pauvres comme des rats de mosquées, à jeun du 1erJanvier au 31 décembre de chaque année, nous sommes égorgés depuis fort longtemps.  Les morts, mon pauvre Bass ont aussi cet avantage : celui de ne pas redouter la… mort. Walahi, Bilahi, je jure !

Autre événement, c’est la proclamation la  semaine dernière des résultats du Baccalauréat. Naturellement, dans la famille à Fantambougou, aucun de nos 10 candidats n’a réussi à cet examen. C’est compréhensif. Quand on n’a rien dans le ventre, on ne peut avoir quelque chose  dans la tête.

Ainsi va le Mali !

Encore une fois tonton Bass, je ne terminerai pas cette lettre (comme j’ai l’habitude de le faire) avec des nouvelles de la marre aux diables.

Et pour cause, ici, dans le marigot politique, c’est le calme plat.

Les crocodiles, caïmans, crapauds et grenouilles, affamés et même malades (dans certains cas) dorment stoïquement.

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo !

 

Source: Autre presse

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