Cher grand-père, je t’envoie mon 22ème amendement, pardon ma 22ème lettre. Oui cher grand-père, on veut rédiger la nouvelle Constitution du Mali. Pas l’acte de naissance. Cela date de 1960, gardé à l’Onu et a fait du Mali un Etat. Maintenant c’est le statut et le règlement intérieur du pays que l’on veut rédiger. Le Soubassement national. La Constitution. Une équipe doit être mise en place et elle doit présenter dans deux mois, une nouvelle Constitution. Deux mois cher grand-père.
Comme le statut et le règlement d’une association, où la plupart des cas, on prend celui d’un autre, on épluche ce qui nous déplait, ajoute ce qui nous plait et change les noms. Puff, le statut est là, le règlement aussi. L’Association est née. C’est le président et ses éternels compagnons. L’association vit et meurt là où on veut le président. Voulons-nous une Constitution pareille ?
Cher grand-père, avec tous ces problèmes que le Mali a traversés, une guerre politique suspendue comme l’épée de Damoclès, des crises intercommunautaires, une crise politique profonde et non encore pansée en plus de l’effondrement diplomatique, géopolitique et stratégique. Pouvons-nous définir sur quelle base et soubassement constituer le Mali en deux mois ? Et qu’il ne retombe pas en deux ans ? Impossible cher grand-père !
En deux mois cher grand-père, pouvons-nous définir la forme républicaine à ne plus jamais toucher ? Le système démocratique à pratiquer ? Le libéralisme, la laïcité, la non-ethnicité de l’Etat dans la Démocratie et le respect des Droits humains et fondamentaux ? En poser les garants, les organes, les institutions et le fonctionnement. En seulement deux mois ? J’ai oublié, il s’agit de rédiger un avant-projet. Donc de dissertation et non méthodologie scientifique.
Cher grand-père, faut-il aller à la Constitution sans que les constituants soient tous constitués du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest, de Kayes à Kidal. Avec des armes dispersées entre des hommes qui ne sont ni amis ni ennemis. Après 60 ans d’Etat central et tous ses échecs (sous-développement, précarités, analphabétisme) qui s’intensifiant plus on s’éloigne de Bamako. Prétextes intarissables pour animer des rebellions politiques, ethniques et religieuses. Faut-il continuer ou oser lâcher prise ? C’est le développement qui unit un pays. C’est la précarité qui scinde. Rien d’autres !
Faut-il encore constituer le Mali de telle sorte que tout dépend de Bamako, tout est Bamako (Infrastructures, universités, emplois, formations etc.). Un Mali où pour réussir, étudier ou se former, il faut obligatoirement venir à Bamako ? Faut-il continuer ce Mali, où loin de Bamako, les jeunes sont vulnérables et manipulables dans les sens ? Faut-il continuer ce Mali, ou si Bamako est calme, tout est bon ? Un Mali, où les décisions et projets partent tous de Bamako pour les autres régions et dans tous les domaines. Dont la plupart, sans suivi ni évaluation meurent en chemin sans et dans l’impunité totale.
Cher grand-père, le ‘’Malikura’’ ne peut pas naitre que des actes du gouvernement. Il naitra d’une Constitution faite sur la base d’un système, d’institution et de fonctionnement. Une République, c’est un Etat bâti sur des Lois (constitutionnelles, internationales, organiques, ordinaires et réglementaires). Les unes respectant les autres, le tout, la Constitution. Ne rédigeons pas, élaborons la nouvelle Constitution. Pourquoi pas la Nouvelle République ? A mardi prochain ! Inch’Allah !
Lettre de Koureichy
Source : Mali Tribune