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Lettre à grand-père : Dérives sociales ?

Cher grand-père ! Un élève insulte grossièrement son maitre. Oui ! Grand-père ! La grossièreté la plus ignoble et animalesque. Et je suis vraiment désolé de porter cette phase de notre société aux archives mais il est nécessaire. C’est le bout du tunnel ou le point de non retour ! La dernière alerte. La très dernière interpellation de toutes nos intelligences à se demander. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Cher grand-père ! Je n’ai pas été là, mais Amadou Hampathé Bâ le raconte dans « l’étrange destin de Wangrin ». Qui était-il, cette première institution publique. L’instituteur. Qui était-il ? Le Préfet, quand le Préfet n’était pas présent. Le Commandant quand Baba-Commandant était absent. Le médecin, quand aucun infirmier n’était proche. L’instituteur était tout. Le modèle, l’exemple et le chemin. Il était l’élégance et l’éloquence. Il était lui, l’instituteur.

Moi, je l’ai vécu. Si le hasard te faisait croiser le maitre le week-end. Le lundi, tu savais ce qui attendait. S’il te connaissait. S’il était un parent. La rigueur et le sérieux avaient la couleur d’une chemise bleue sur un pantalon Kaki et des souliers noirs, chapeauté par une chevelure crépue. C’était l’enseignant, l’instituteur. Le père. Karamoko (maitre).

L’enseignant, le soldat de la craie blanche et de la connaissance. Cet homme qui allume avec sa lampe les champs ténébreux de l’enfance. Cet homme qui peint la lumière blanche sur le tableau noir. Il y chasse l’ignorance et y installe, les voyelles, les consonnes, les chiffres, les nombres, l’algèbre, la géométrie, la science et la connaissance. D’un crâne vide, il dresse des chantiers pleins de savoir et de sagesse.

Comment oser porter atteinte à l’honneur de la plus grande dignité ? L’enseignant. Comment un homme peut-il oser faire ça ? Oui grand-père, faut-il amener seulement cette enfance ? « Un enfant, coupable mais non responsable », comme l’a dit Issiaka Tamboura. Alors, faut-il l’amener et l’amener seul ? Seul sans responsable ? Non grand-père ! Il faut un responsable. Il faut aussi le responsable ! Il le faut.

Oui grand-père, il faut aussi amener le système éducatif. La responsabilité des parents. Leur désengagement. Il faut amener notre gestion de l’avenir aujourd’hui. Quel futur sommes-nous en train de préparer ? Que donnons-nous aujourd’hui aux futurs adultes de demain ? Que faisons-nous aujourd’hui pour ces enfants ? Quel système d’éducation et d’instruction avons-nous pour eux ? Il ne faut amener seulement la culpabilité de l’enfance, mais aussi la responsabilité des adultes et de l’Etat.

Cher grand-père, au Nord et au Centre l’ignorance a remporté le premier prix sur les enfants. Au Sud aussi, les dérives des réseaux sociaux est en train de poser sa marque. Vulgarité, vanité et délinquance. L’enfant d’aujourd’hui est l’adulte de demain. Et l’adulte d’aujourd’hui est le seul responsable. Pensons et pansons l’enfance. Le constat est amer.

A mardi prochain pour ma 42ème lettre ; Inch’Allah !

Lettre de Koureichy

Source: Mali Tribune

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