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Lettre à grand-père

Cher grand-père…

Voici 4 mots à nos maux. L’injustice, l’impunité, l’indifférence et le manque d’indignation. Tout est parti de là. Lors des recrutements quand les riches étaient favorisés. Pour l’éducation, quand les écoles publiques ont été délaissées et les bourses données qu’aux riches. Dans la santé, quand nos ministres ne se soignent qu’à l’extérieur.  Pour la justice, quand la magistrature a été un colis à hériter. Pour construire, l’Armée quand les officiers ont recruté à la place du pays. Quand les citoyens ont commencé à croire en des relations qu’à leur talent et qu’au lieu du Mali, chacun devrait sa réussite à un parent ou un proche. Tout a commencé par là et des apatrides ont commencé à occuper des hautes fonctions.

Oui ! Cher grand-père, tout a commencé par là. Quand on lynchait les petits voleurs de motos djakarta sans que personne ne s’indigne, sans qu’aucune institution même judiciaire ne condamne. L’Etat en quelque sorte assumait ces crimes. Et cela s’est élargi petit à petit. Les crimes avec leur lot de frustrés et désespérés. Personne ne s’indigne. Au Nord, quand on commettait des bavures. Au  centre des exactions. Personnes ne s’indigne. A Kati, les larmes des veuves. Des jeunes envoyés à la boucherie pendant 8 ans, personne ne s’indigne. 21 bérets rouges assassinés après un passage télé, assorti d’une loi d’entente. Personne ne s’indigne. Seuls les pauvres et les sans défense dorment dans les prisons. Aucun roi du jour n’est jugé. Tout dépendra de qui il est où de quel côté il est. Et non de ses actes. Personne ne s’indigne.

Cher grand-père, je m’arrête là. Car désormais au Mali, on ne sait plus la différence entre le protecteur et le bourreau. Quand celui qui est fait pour mettre fin à l’usage de la force et de la justice privée, devient celui-là qui cherche à en abuser. Quand chaque groupe s’érige en institution. Quand un syndicat foire sa mission de protéger ses membres contre leur employeur pour s’en prendre à des pauvres. Quand la liberté d’expression est réduite à une coquille vide. Je m’arrête là et te préviens de garder confidentielle cette lettre. On ne sait jamais. Aucun pauvre journaliste ne sortira d’un procès où le juge est aussi partie. Donc garde à Abu-Dhabi ma lettre et meilleure santé !

Par contre, c’est triste de voir ce qui se dessine pour le futur malien. Je vois des syndicats défendre leurs membres contre des actes privés. Des  enseignants partant en grève pour faire échapper un enseignant à un acte d’indiscipline ou autre. Des centraux syndicaux obligeant le pays à ne pas contrôler leurs membres. Des médecins à la défense d’un médecin. La police en grève pour un commissaire. Des troupes militaires affrontant la justice pour libérer leur chef militaire. Des milices imposant des quotas dans le gouvernement. Des ethnies ne se souciant que de leur communauté. Du tribalisme politique social, religieux et territorial. Un grand peuple réduit en des petites peuplades. Et ce jour, la Justice ne servira à rien et laissera place à « sauve qui peut » ! D’où l’anarchie et le chaos ! A mardi prochain ! Ici prend fin ma 90è lettre !

Lettre de Koureichy

Source: Mali Tribune

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