Entre l’ambiance des décibels et l’alcool coulant à flots dans les boîtes de nuits et bars-maquis, les samedis soirs bamakois sont précieux pour ces hommes pour dégager le stress du foyer, du boulot et…. passer du temps avec la Tchiza (maitresse).
Il est exactement 02 h 17 minutes. La devanture de cette boite de nuit située à Baco-Djicoroni Golf refuse déjà du monde. Que dire de ces voitures qui cherchent une place dans le parking et les taxis klaxonnant frénétiquement pour déposer les clients ? Ce coin fait visiblement partie des endroits les plus fréquentés de la capitale par les noctambules.
Deux jeunes filles viennent de s’extraire de leur Toyota Avensis. Tenues sexy, juchées sur leurs chaussures haut-talons, sacs en mains, elles se dirigent vers les portiers pour se soumettre aux fouilles. Un des portiers s’exclame tout d’un coup :
-‘’Oh ! C’est quoi ça ? Un sachet de cigarettes, mais il y’a autre chose dedans à ce que je vois…’’, avec un calme olympien, la propriétaire lui répond avec un sourire :
-’’ Ce sont mes médicaments de maux de tête seulement…».
— Mais, ce sont des joints (chanvres indiens) et ces choses ne sont pas autorisées ici chez nous. Et puis, si je te laisse passer avec, c’est moi qui vais avoir des ennuis. Le mieux, c’est de le laisser ici. A la sortie tu le récupéreras » explique le portier.
-‘’Je te comprends frère, mais si je ne l’ai pas avec moi, walaye ça n’ira pas du tout ! Personne ne le verra !» dit la fille en lui glissant discrètement un petit billet dans la main.
Nous voilà à l’intérieur de la boîte. Il est 3 h heures passées et l’ambiance monte d’un cran. Les tables commencent à se remplir et les Salons réservés aux clients VIP son occupés. Des couples se détendent sans pudeur, certains s’embrassent langoureusement quand d’autres se contentent de simples bisous, câlins en prenant des selfies. Entre les pas de danse, l’alcool qui coule à flots, les fumigènes et chichas, chacun s’éclate à sa manière. Les serveurs et serveuses défilent continuellement entre le bar et les tables pour exécuter les commandes.
Nous avons pris place dans un petit salon un peu sombre, non loin de deux messieurs qui ont eu même la gentillesse de nous proposer à boire.
-‘’Mettez-vous à l’aise ! On est entre nous, ici, pour se détendre hein ! Parce que le stress de tous les jours là, je vous jure que ça rend fou…’’ déclare un monsieur à côté.
-« Merci beaucoup, tu es vraiment un gentilhomme, toi… avons- nous répliqué. ‘’Mais dites-moi, vous êtes deux hommes ici tout seuls, vous n’avez pas de meufs ou quoi ?’’.
-« C’est elles-mêmes qu’on attend, depuis longtemps’’ répond l’un d’eux. On n’en a pas l’habitude, à vrai dire. Mais comme ce sont nos benjamines et que ce sont ces boites qu’elles préfèrent, on’a pas le choix !’’ lance-t-il en s’éclatant de rire.
Soudain, un serveur se dirige vers une table occupée par quatre jeunes filles et dépose une bouteille de ‘’Chivaz’’ accompagné de Coca et un Chicha. L’addition, 50.000 FCFA, est payée cash ! Devant un autre groupe de six hommes, pas moins d’une vingtaine de bouteilles de bière. Certaines tables sont jonchées de cartons de jus et autres sucreries.
De l’autre côté de la vitrine, le gérant du bar est manifestement débordé : faire la facture, résoudre les problèmes des bouteilles non finies et tunti tanti. Un véritable casse-tête pas forcément chinois. Comme tant d’autres, ce client est venu réclamer le sien :
-Messieurs, s’il vous plaît, le week-end passé, j’ai pris une bouteille de Red label (Whisky à 40.000 FCFA) que je n’ai pas pu finir, j’ai fait réserver le reste. Pourriez-vous dire à un serveur de me l’apporter ? Je suis assis par-là’’
–‘’Donnez-moi la somme de 5.000 ainsi que le reçu car le boss nous a instruit de réclamer désormais la réservation’’
-Ah, je n’étais pas au courant de ça. Peut être la prochaine fois, sinon là, ce que j’ai sur moi n’est que mon frais de transport, voici le reçu’’ a-t-il répondu au gérant.
-‘’Désolé alors, les consignes ont été très claires : amène 5.000 FCFA, je te donnerai ton truc… ‘’,
-‘’ Vous n’avez pas bien compris ? J’ai dit que je n’ai pas d’argent sur moi et je ne partirai pas sans mon boisson ».
Cette conversation a failli dégénérer en coups de poings, Il a fallu l‘intervention d’un autre mec, qui s’est présenté comme le gérant de la boîte pour calmer le gars tout excité, en lui disant d’aller s’asseoir et qu’il aura sa boisson.
Pendant que l’endroit commence à se vider vers 05 heures, d’autres clients avaient des idées en tête, à l’image cet homme dans sa RAV4 2019. Il fait descendre son vitre et hèle deux jeunes fille en quête de taxi pour rentrer.
– Mesdames, vous partez ou ? ».
– Nous partons en ville…» fait savoir l’une d’elle.
– Bon, si vous voulez, moi je peux aller vous déposer, moi-même je pars en ville, mais j’aimerais qu’on fasse un tour à mon appartement non loin d’ici ». Visiblement fatiguées, elles déclinent l’offre tout de suite
– Aie, il fait déjà matin là, si tu veux, tu vas nous déposer, on va te laisser nos numéros, et on s’appeler pour programmer ça à un autre jour », martèle l’une d’entre elles. Après une seconde d’hésitation, le mec accepte la proposition et les invita à monter dans la voiture.
Kéniéba Sissoko
Source: malidefi