» Chasser le naturel, il revient au galop » a-t-on dit. En effet, la signature le 18 juin d’un accord préliminaire à Ouagadougou entre le gouvernement et les groupes armés touaregs consacrant le déploiement de l’armée malienne à Kidal connait quelques problèmes d’application. Les combattants du MNLA et du HCUA qui occupent certains camps de la ville refusent de les céder à l’armée et comptent les utiliser pour leur cantonnement. Ce qui n’est pas du goût des responsables militaires qui estiment qu’un cantonnement se fait toujours en dehors de la ville et non à l’intérieur. Une délégation de la commission mixte comprenant onze officiers maliens, ceux des Nations Unies et de la MISMA se sont rendus dimanche à Kidal pour définir les modalités du retour de l’armée conformément à l’accord préliminaire.
En prélude à l’arrivée de la délégation, le haut conseil unifié de l’Azawad (HCUA) et le mouvement national de libération de l’Azawad ont fait sortir la population pour manifester contre la présence de l’armée malienne à Kidal. Ces protestataires réclamaient le déploiement de la gendarmerie et de la police en lieu et place de l’armée. Ils ont réaffirmé leur volonté de ne pas laisser l’armée malienne occuper certains camps de la ville. Les propos du colonel Alghaimar, un des officiers du MNLA, rapportés par une certaine presse s’inscrivent dans ce sens. Il a déclaré qu’il n’y a pas eu d’accord préalable sur la gestion des casernes ajoutant qu’il est urgent que ce problème soit résolu.
La ville compte en tout cinq camps dont deux camps militaires, un camp de garde, un camp de gendarmerie et le commissariat de police.
De source proche de l’armée, il n’est pas question de céder un seul de ces camps aux groupes armés. Suivant l’accord préliminaire, il est prévu le cantonnement de ces groupes sur un site qui sera déterminé par la commission mixte, laquelle, doit comprendre quatre officiers maliens, quatre membres des deux groupes armés, ainsi que des militaires représentant la MISMA, la force Serval, l’Union africaine, le médiateur burkinabé. Il est prévu que le site qui devra servir de cantonnement soit en dehors de la ville.
Cependant, le refus des groupes armés d’évacuer ces camps les amènera ipso facto à cohabiter avec l’armée malienne dans la ville. Ce qui est impensable selon une source proche de l’Etat-major précisant que c’est une question qui ne devrait pas faire l’objet de polémique. Ils ne peuvent pas rester dans la ville, tranche un haut gradé de l’armée. L’occupation des camps de la ville constitue le premier point d’achoppement entre le gouvernement et les groupes armés touaregs depuis la signature de l’accord préliminaire. Le voyage éclair de la délégation malienne le dimanche dernier n’a pas permis aux deux parties d’accorder leur violon. Une autre réunion est prévue dan les jours à venir pour débloquer la situation et éviter un embrasement en cas du déploiement de l’armée malienne.