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Les six coups de com’ d’Emmanuel Macron qui se sont retournés contre lui depuis juin

FOCUS – En visite dans l’île de Saint-Martin, le président de la République a posé avec deux jeunes torse nu, l’un brandissant un doigt d’honneur, l’autre sortant de prison. Comme plusieurs coups de com’ précédents, ces clichés d’Emmanuel Macron ont déclenché une polémique sur le respect de la fonction présidentielle.

Entre coup de com’ et polémique, la distance est parfois ténue. Dimanche, en visite à Saint-Martin aux Antilles, Emmanuel Macron a posé aux côtés de deux jeunes torse nu

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, dont l’un faisait un doigt d’honneur. Le second est récemment sorti de prison pour braquage. Les clichés ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, attirant les foudres de nombreux internautes ainsi que de responsables politiques.

Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron prête le flanc aux critiques en matière de communication politique. Si le président était connu dès son passage à Bercy pour ses phrases polémiques, les coups de com’ se retournant contre lui se sont multipliés ces quatre derniers mois, à rebours de la communication solennellequi avait marqué le début de son quinquennat. «Emmanuel Macron a désormais une communication éruptive, qui ne correspond plus aux fondamentaux qu’il avait lui-même posés en arrivant à l’Élysée», estime Arnaud Benedetti, professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne et auteur de Le coup de com’ permanent. Le Figarodécrypte les dernières polémiques qui ont entouré la communication élyséenne.

• 16 septembre: «Je traverse la rue, je vous trouve» du travail

Lors des journées du Patrimoine, le chef de l’État a été alpagué dans les jardins de l’Élysée par un jeune homme de 25 ans, qui lui a déclaré avoir des difficultés à trouver du travail dans son secteur, l’horticulture. «Hôtels, cafés, restaurants, je traverse la rue, je vous en trouve [du travail]!», lui a répondu le président de la République.

Les critiques ont immédiatement fusé, moins sur le fond que sur le ton employé. «On a tout simplement reproché à Emmanuel Macron d’être condescendant avec ce jeune chômeur», note Arnaud Benedetti. Une condescendance qui participerait à façonner l’image d’un «président des riches», déconnecté de la réalité vécue par la majorité des Français. «Avec les deux jeunes aux Antilles, Emmanuel Macron a cherché à utiliser un autre registre. Il veut jouer la familiarité et choisit d’incarner une autorité paternaliste et bienveillante avec eux, sur le thème de la rédemption», analyse le spécialiste de la communication politique. «Il y a du travail pour faire les travaux, pour reconstruire. Les jeunes comme toi là – t’es costaud comme tout – il faut que tu travailles là-dedans. Il ne faut pas refaire des bêtises. Les braquages, c’est fini. Tu me l’as dit. N’oublie pas. Ta mère, elle mérite mieux que ça», a en effet lancé Emmanuel Macron au jeune sorti de prison. «Le problème, c’est que si vous êtes familier avec quelqu’un de bien élevé, ça passe pour de la simplicité bonhomme, mais, là, avec un doigt d’honneur, l’interprétation est toute différente», ajoute Arnaud Benedetti.

• 29 août: «Gaulois réfractaire»

À la fin du mois d’août, à Copenhague, Emmanuel Macron a qualifié les Français de «Gaulois réfractaires au changement», vantant au contraire le modèle social danois de «flexi-sécurité». Or, il est une règle non écrite de la vie politique française: un président en exercice ne commente pas la politique intérieure quand il est en déplacement à l’étranger. A fortiori lorsque le commentaire se veut négatif. Emmanuel Macron a d’ailleurs reconnu lui-même qu’il s’agissait d’une erreur.

• 22 juin: concert électro à l’Élysée

Avant les journées du Patrimoine, la fête de la Musique. Emmanuel Macron a choisi de transformer l’Élysée en boîte de nuit électro. Kiddy Smile, qui a mixé sur le perron de la présidence de la République, portait un t-shirt «Fils d’immigré, noir et pédé». «Je crois fermement au high jacking du pouvoir en place de l’intérieur», a expliqué le musicien après avoir déclaré savoir ce que «l’Élysée [représentait] en terme d’oppression et d’histoire pour QPOC / POC (Queer person of color, NDLR) et la communauté LGBTQIA+ ainsi que la répression des migrants». Avec son épouse, le président de la République est allé saluer les DJ à la fin du concert, ce qui a donné lieu à une photographie, qualifiée de vulgaires par plusieurs responsables politiques à droite.

«Pour se justifier, Emmanuel Macron déclare qu’il est ‘naturel’. François Hollande disait ‘normal’, Nicolas Sarkozy ‘décomplexé’. Mais ce n’est pas ce que l’on demande à un président de la République. On lui demande d’incarner la fonction», explique Arnaud Benedetti.

• 18 juin: «Ça va, Manu?»

Quatre jours auparavant, Emmanuel Macron faisait la leçon à un jeune venu l’interpeller par un: «Ca va, Manu?». «Non, ça, tu ne peux pas, non, non, non, non (…) Tu es là, dans une cérémonie officielle, tu te comportes comme il faut (…) donc tu m’appelles “Monsieur le président de la République” ou “Monsieur”. D’accord? Voilà», lui a répondu le chef de l’État, avant de poursuivre: «Et tu fais les choses dans le bon ordre. Le jour où tu veux faire la révolution, tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même, d’accord? Et à ce moment-là tu iras donner des leçons aux autres».

Les critiques ont fleuri, mais là encore plus sur la forme – un brin donneuse de leçon – que sur le fond. «On a l’impression d’un manque de cohérence. Il reprend sèchement un jeune, puis s’affiche à l’Élysée dans un concert de musique électro. Sa communication n’est pas lisible. Un jour grave, un jour décontracté, un jour condescendant, un jour familier… Le portrait du président n’est plus homogène», commente Arnaud Benedetti.

• 13 juin: «pognon de dingue»

Un peu plus tôt encore, son équipe de communication publiait une vidéo du président de la République en train de s’adresser à ses collaborateurs. «On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas (…) On met trop de pognon, on déresponsabilise et on est dans le curatif», répète-il. Des propos qui ont immédiatement été interprétés comme une forme de mépris. «Finalement, Emmanuel Macron sature tout autant l’espace politique que ses prédécesseurs, alors qu’il avait souhaité établir une stratégie de la parole rare au début de son quinquennat. La seule différence, c’est qu’il privilégie de petites séquences filmées retransmises sur les réseaux sociaux, plutôt que des déclarations aux journalistes», commente Arnaud Benedetti.

Macron sur les minima sociaux: «Un pognon de dingue et les gens restent pauvres»
Emmanuel Macron tracera mercredi le cadre de sa politique sociale devant le 42e congrès de la Mutualité française. En marge de la préparation de ce rendez-vous, sa conseillère en communication, Sibeth Ndiaye, a publié sur Twitter une vidéo.

 

En quatre mois, alors qu’il a fortement dévissé dans les sondages, le président de la République a ainsi vu six coups de com’ se retourner plus ou moins contre lui, mais continue d’assumer cette relation directe et franche avec les Français. «Emmanuel Macron pense à tort que sa personnalité va l’aider dans son action. Mais il oublie que c’est d’abord la fonction qui fait l’homme, ce qu’il avait bien compris au début de son mandat, profitant alors de ce que le sociologue allemand Max Weber a appelé le ‘charisme fonctionnel’», analyse Arnaud Benedetti, qui conclut: «Il a ce travers de penser qu’il peut faire entrer dans l’habit du monarque présidentiel les éléments les plus personnels de sa personnalité. Mais le corps du roi ne lui appartient pas totalement».

 

 

Source: lefigaro

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