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Les sanogolades ou les élucubrations éthyliques du boucher : Absence de vergogne d’un criminel non repenti !

C’est l’inversion de la charge de la culpabilité : le capitaine-général Sanogo, celui qu’on qualifie de sanguinaire boucher de Kati, pour avoir fait mitrailler et précipiter plus d’une vingtaine de frères dans une fosse commune préalablement creusée à cet effet, déclare aujourd’hui que c’est lui qui pardonne ! Et il invoque Dieu !

 

Manifestement, ce samedi 27 mars à Ségou, lesanguinaire boucher de Kati n’avait pas encore émergé des effluves éthyliques de la veille. Des bérets rouges morts, lâchement assassinés et précipités dans les fosses communes deDiago, de Kati et du cimetière de Hamdallaye, motus.

 

Pas une pensée pour ces jeunes fauchés dans la fleur de l’âge, pas plus que pour leur famille endeuillée à jamais. Du pillage de l’Etat et de l’abandon du pays aux mains de l’ennemi et la fuite éperdue de l’armée, encore moins. Celui qui assume le parrainage du coup d’Etat le plus bête de l’histoire du monde n’a jamais éprouvé la moindre empathie, encore moins de contrition, face à l’horreur absolue de ses crimes.

 

Mieux, bien que Sanogo n’occupe aucun rang dans la hiérarchie institutionnelle, l’armée malienne, aujourd’hui dirigée par ses ex-complices de 2012 et en débande à Farabougou, a, cependant, trouvé les moyes humains et matériels de lui flanquer une importante escorte militaire armée jusqu’aux dents pour couvrir et protéger les pérégrinations bacchanales du Boucher.

 

Pourtant, Sanogo, hormis son statut de repris de justice, relaxé et non disculpé, n’a jamais été chef d’Etat, contrairement à ce qu’avancent lui et ses thuriféraires ; il n’a même pas été capable de mettre sur pied un gouvernement plus de vingt jours après le coup d’Etat du 22 mars 2012, ni posé aucun acte exécutif ou législatif, en dépit de sa fumeuse et confuse ordonnance N°1 qui restera d’ailleurs… unique.

 

Le récent procès de Georges Floyd aurait dû constituer une magistrale leçon de droit universel, en faisant nettement la part entre l’extinction des poursuites civiles après dédommagements des victimes et la continuité des charges pénales. La ville de Minneapolis a accepté de verser la modique somme de 27 millions US $ pour arrêter toute éventuelle poursuite que la famille du défunt aurait entreprise contre elle, sans préjudice des poursuites pénales engagées contre le policier Derek Chauvin, présumé coupable de la mort de George Floyd.

 

Le dédommagement des ayantsdroit des victimes de la boucherie de Sanogo (très loin des 15,025.500 milliards, le montant en CFA versé à Minneapolis) ne devrait pas constituer matière à soutenir un abandon des charges. Déjà, l’Etat en assumant le principe d’un dédommagement reconnaît implicitement les crimes et l’horreur qui en découle. Ceci aurait suffi à faire jouer la notion, trop souvent connue sous nos tropiques, de ‘’l’intime conviction du juge’’.

 

Au demeurant, comme vient de le démontrer avec brio, le juriste et éminent constitutionnaliste, BrahimaFomba, en aucune de ses dispositions, la Loi d’entente nationale ne s’appliquait au boucher et à sa bande de meurtriers. Cette loi avait été votée pour les irrédentistes du nord.

 

Si les magistrats (avec force menaces des syndicats de magistrats) et des intérêts obscurs ont trouvé qu’il y avait matière à rendre la loi élastique pour qu’elle soit appliquée aux horribles crimes commis à Kati, le temps finira par trancher.

 

Cependant, l’arrêt de toutes les poursuites ne signifie guère la non culpabilité du sanguinaire boucher et de ses hommes. Toute honte bue et sans vergogne, le Boucher au contraire s’en prend à ceux qui s’émeuvent d’une telle application de la loi d’entente nationale et met en avant les breloques, qu’un Dioncounda Traoré, tabassé à mort par ses soins, s’est vite empressé de couvrir son poitrail.

 

Celui qui, par son niveau de véritable sac à dos militaire, n’est guère éloigné d’un troupier, se retrouve aujourd’hui le plus gradé d’une armée en guenilles, véritable Ubu malien digne du capo-maréchal de Tchicaya U Tamsi. Pourtant, devant les hordes djihadistes et des irrédentistes, Sanogo tout frais désigné par les soudards pour prendre leur tête, avait ordonné à tous les soldats dans le septentrion de prendre la poudre d’escampette.

 

Depuis, le Mali gère les conséquences funestes de ce haut fait d’armes d’un aventurier, dont le pronunciamiento a consisté à abandonner les deux tiers du territoire national aux mains de l’ennemi et faire un casse d’Etat en règle, là aussi appelé le holdup du siècle, à travers le pillage systématique de toutes les ressources financières de l’Etat sur lequel il avait réussi à mettre la main dessus.

 

Pendant tout leur règne bachique à Kati, Sanogo et sa clique n’ont jamais organisé encore moins planifié la moindre tentative de reprise du terrain perdu. La seule fois d’ailleurs où ce général couard a osé s’approcher du théâtre des opérations, c’est quand il s’est rendu au camp de Mopti, alors que les soldats français de Serval avaient fini de dégager le terrain jusqu’à Gao et Tombouctou, après avoir stoppé les colonnes djihadistes à Diabali et à Kona.

 

Moussa Touré

Source : Nouvelle Libération

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