L’annonce tonitruante du ministre de l’Économie et des Finances, Alouséni Sanou, affirmant que l’État malien a perçu 500 milliards de FCFA à l’issue des négociations avec les compagnies minières, aurait pu être un motif de fierté nationale. Pourtant, cette nouvelle soulève davantage de questions que d’acclamations. En première ligne des interrogations, l’ancien Premier ministre Moussa Mara joue le rôle du porte-voix d’une nation qui aspire à la transparence et à une gestion vertueuse de ses ressources.
Un silence budgétaire assourdissant
Que sont devenus ces 500 milliards FCFA ? Pourquoi ne trouvent-ils pas trace dans les budgets publics de 2024 ou de 2025 ? Les interrogations de Moussa Mara, expert-comptable et ancien chef du gouvernement, sont loin d’être anodines. Ce montant, qui devrait représenter une augmentation significative de 20 % des recettes de l’État, semble étrangement absent des projections budgétaires. L’absence d’un collectif budgétaire en 2024 et la légère progression des recettes prévues pour 2025 renforcent le flou autour de l’affectation de ces fonds.
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Au-delà des chiffres, c’est la confiance qui est en jeu. Un pays riche de ses ressources naturelles ne peut se permettre de les gérer dans l’opacité. Les interrogations de Moussa Mara résonnent comme un rappel à l’ordre : la richesse nationale appartient au peuple et doit être gérée pour son bien.
Un secteur minier sous tension
Les négociations avec les compagnies minières, censées rectifier un manque à gagner colossal estimé entre 300 et 600 milliards FCFA, ont été marquées par des conflits retentissants. Les arrestations de responsables maliens et étrangers, notamment au sein de Barrick Gold, ont jeté une ombre sur les relations entre l’État et les opérateurs miniers. Les accusations de malversations financières, couplées à la décision de Barrick de porter l’affaire devant le CIRDI, rappellent que l’exploitation des ressources est un terrain miné.
Pourtant, cette richesse, si elle était exploitée dans l’intérêt général, pourrait transformer le Mali. Amélioration des infrastructures, éducation de la jeunesse, renforcement des services publics… Les besoins sont immenses, mais les actes du gouvernement peinent à traduire cette ambition.
Transparence : une exigence nationale
L’interpellation de Moussa Mara est salutaire. Elle souligne l’urgence d’une gouvernance plus transparente et d’une gestion responsable des revenus issus de l’or. Il ne s’agit pas seulement d’éclaircir des chiffres, mais de restaurer la confiance d’un peuple envers ses dirigeants. À l’heure où le Mali traverse des défis multiples, cette richesse ne doit pas devenir une source de division, mais un outil de réconciliation et de prospérité.
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En définitive, le gouvernement malien a l’opportunité de prouver que l’or du Mali est un bien commun, et non l’apanage d’une élite ou d’intérêts étrangers. Les attentes sont grandes, les enjeux immenses. Mais une chose est claire : la transparence n’est pas une option, c’est une obligation.
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Moise Touré
Source: Bamada.net