C’est en tout cas ce qui ressort du sixième sondage (Mali-Mètre) d’opinion réalisé par la Fondation Friedrich Ebert, du 18 au 25 mai 2015 dans toutes les capitales régionales du Mali, excepté celle de Kidal pour des raisons de sécurité, selon les initiateurs.
Bamako- En fait, «Mali-Mètre», est un sondage d’opinion développé par la Fondation Friedrich Ebert (FES) dans le but d’appréhender les perceptions des Maliennes et des Maliens sur les thématiques d’actualité comme la citoyenneté, le dialogue et la réconciliation, la sécurisation et la stabilité du pays et des régions du nord.
Présentée jeudi 23 juillet dernier à l’hôtel Salam par Abdourahmane Dicko, représentant résident par intérim de ladite fondation, en présence de l’Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Mali, le sixième numéro est principalement axé sur le dernier accord issu du processus d’Alger dans certains de ses aspects majeurs comme les questions institutionnelles, de défense et de sécurité de même que la réconciliation et la justice.
Il faut aussi noter que cette enquête qui permet d’appréhender les perceptions des Maliennes et des Maliens sur les thématiques d’actualité, a surtout pour but, de servir de baromètre pour l’orientation des décisions.
Que pensent les Maliens de leurs institutions ?
Si l’on s’en tient à ce sondage réalisé quelques jours seulement après la signature unilatérale de l’accord d’Alger du 15 mai, plus des deux tiers 66,33% des citoyens font confiance (23,3%) ou très confiance(43,0%) au Président de la République pour faire face aux défis sécuritaires, institutionnelles et socio-économiques actuels du Mali, contre plus d’un cinquième (16%) qui fait un peu confiance et autant (15%) qui ne lui fait pas confiance.
Du Gouvernement, les résultats indiquent qu’un peu moins de 6 citoyens sur 10 (59,1%) fait confiance au Gouvernement dans la gestion du pays, contre plus d’un (36,1)% qui ne lui fait pas confiance ou modérément confiance.
En l’Assemblée nationale, 52% des citoyens sondés font confiance. Du Haut Conseil des Collectivités, les résultats indiquent que c’est seulement 48,8% des citoyens lui font confiance.
Sur les défis majeurs du Mali
Sur ce volet, les résultats semblent avoir une assise justifiable.
En effet, l’insécurité, avec 71,7% des enquêté(e)s demeure aujourd’hui la préoccupation majeure du citoyen. Elle est suivie du chômage (49,9%), de la précarité alimentaire (44,3%), de l’appauvrissement des populations (27,4%) et de la corruption (27,1%).
De la corruption, 67% des personnes sondées estiment que le niveau de la corruption au Mali est élevé (23,8%) ou très élevé (43,2%). Et les secteurs les plus concernés par la corruption sont la police en tête avec 52%, suivie de l justice, de la mairie, de la douane, de la santé et de l’école.
De l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger
Curieusement, pour les personnes sondées qui pensent à 88% que le Gouvernement constitue l’acteur majeur de la mise en œuvre de l’accord, il ressort que seulement 19% ont déclaré connaître ses quelques points importants. Ensuite, même si 68% des citoyens pensent que la date du 15 mai 2015 est une date importante pour une sortie de crise, à 81 %, ils ignorent les points importants de l’accord.
Du soutien de la Minusma dans la mise en œuvre de l’accord, 35% des personnes enquêtées ne lui font pas confiance, contre 26% qui lui font confiance, et 24% qui lui font modérément confiance et 15% sont sans opinion.
Du bilan de la décentralisation au Mali, les résultats indiquent que la majorité (51,7%) pense que la décentralisation au Mali a été une réussite totale (20,2%) ou partielle (31,(%), contre une faible minorité qui (18,3%) qui estime que l’expérience a été plutôt un échec (échec 10,7% partiel et échec total 7,7%). Toutefois, près du tiers des citoyens ne s’est pas prononcé sur le bilan de la décentralisation.
De la régionalisation, 48,7% des citoyens enquêtés ont déclaré ne pas savoir le sens de la « régionalisation ». Pour les enquêté)s qui ont donné une proposition de réponse, la régionalisation signifie soit une autonomie plus importante pour toutes les régions(22%) ou l’indépendance pour les régions (17%), la décentralisation renforcée (12%) et le renforcement de la participation de la population dans à la gestion de leur région (11%) ainsi que moins de pouvoir à Bamako(la capitale) et plus de pouvoir pour les régions.
Et une forte minorité (44%) pense la régionalisation être une réponse appropriée à l crise qui sévit depuis 2012, contre 33% qui pensent le contraire et 23% sans opinion.
Des risques et dangers de la régionalisation, 23,3% pensent qu’elle aboutira à l’aggravation de la corruption. 13,5% pensent que la régionalisation affaiblira l’autorité de l’Etat central. Elle instaurera le népotisme et le favoritisme, selon 12,4% des citoyens. Et aggravera les inégalités de développement entre régions, selon l’avis de 12,1% des personnes sondées.
De la disposition à payer plus d’impôts, 77,6% des citoyens affirment être disposés à payer plus d’impôts pour le développement de leur région.
Du futur, selon les résultats de l’enquête, 63,8 des citoyens restent optimistes quant à l’avenir du pays, en estimant que leurs enfants vivront mieux qu’eux au Mali, contre 20% qui ne partagent pas cet avis, et 16,3 sont sans opinion.
De la Sécurité : 79% des citoyens ne se sentent pas en sécurité. 43,2% ont peur des attentats terroristes, contre 11% qui ont déclaré ne pas en avoir peur.
De la sécurisation des localités par les différents acteurs, la majorité de la population (61,9%) fait confiance à l’Armée. Ce qui révèle que malgré les difficultés auxquelles les forces de défense et de sécurité maliennes font face depuis le début de la crise, il ressort de l’enquête d’opinion « Mali-Mètre 6 » que 61,3% des Maliens tiennent toujours à elles. En plus, en leur capacité à sécuriser le pays en général, environ 70,2% des citoyens leur y sont acquis.
Enfin, les résultats des enquêtes ont indiqué que 72% des citoyens pensent que la lutte l’insécurité doit être la première priorité du gouvernement. Elle est suivie de la lutte contre e chômage des jeunes (56%). Les autres priorités souvent citées sont relatives la lutte contre la pauvreté (48%) et l’insécurité alimentaire (36,6%), la corruption (33,6%). Le développement des infrastructures (29,3%) et la réconciliation des Maliens (28,1%) figurent également parmi les priorités.
Issiaka M Tamboura
Source: Autre presse