Le coup d’Etat contre Amadou Toumani Touré, le 21 mars 2012 a donné le coup d’envoi à une série d’autres putschs qui ont plongé le pays dans un cycle d’instabilité, d’insécurité et d’attaques djihadistes.
Avant le coup d’Etat du 22 mars 2012, le Mali était considéré comme un bon élève en matière de processus démocratique. Le pays fut un des pionniers du mouvement de démocratisation qui a touché le continent africain au début des années 90, avec l’organisation de la conférence nationale en 1991, puis la première élection présidentielle libre, un an plus tard, en 1992.
L’armée mécontente
Selon Hassane Koné, chercheur à l’Institut d’études et de sécurité (ISS), c’est la mauvaise gestion de la crise sécuritaire par les dirigeants de l’époque, ajoutée à la mauvaise gouvernance, qui ont poussé l’armée à s’inviter dans l’arène politique, créant cette instabilité.
Amadou Toumani Touré, dit ATT, est mort le 10 novembre 2020 à Istanbul, en Turquie
“Cette mauvaise gestion des crises sécuritaires a entraîné un malaise très fort au sein de l’armée qui se greffe en fait à ce qui se passait sur le terrain, sur le plan social. On se rappelle qu’avec ATT (Amadou Toumani Touré), il y a eu un malaise politique qui s’est installé. Parce que des élections approchaient, il y avait des rumeurs et il y avait même certains de ses proches qui s’activaient pour éventuellement une modification de la Constitution et un maintien pour un troisième mandat. Donc, à ce malaise-là est venue se greffer la rébellion qui a éclaté au Nord, due à la mauvaise posture face à des ressortissants Touaregs qui rentraient de Libye avec armes et bagages”, explique Hassane Koné, à la DW.
Refondation de l’Etat
Avant la rébellion touareg de 2012 et la tentative d’invasion djihadiste de 2013, beaucoup dénonçaient déjà la corruption et le népotisme. C’est pourquoi Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute, préconise une refondation nationale qui passe en grande partie par la réconciliation entre Maliens.
Une réunion du comité de suivi de l’accord d’Alger, à Kidal, en février 2021
Il estime cependant que “cette réconciliation passera forcément par une démocratie qui intègre, au lieu d’une façade démocratique qui ne règle que les problèmes électoraux conjoncturels et qui laisse tout à fait entiers les autres problèmes structurels, tels que la réconciliation nationale, tels que la réconciliation entre la population locale et le leadership politique. Mais aussi, une véritable politique d’inclusion socio-économique qui rompt avec la politique de l’exclusion et qui unifie cette population autour des valeurs qui sont véritablement à refonder et à réfléchir.”
Plusieurs rencontres entre Maliens ont été organisées, afin de créer un consensus devant mettre fin à la crise politique qui secoue le pays depuis 2012. Des rencontres qui n’ont pas permis au Mali de redevenir un pays démocratique.
Source: DW
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