Les Nations Unies ont organisé jeudi leur cérémonie annuelle en hommage à la vie et à l’héritage de Nelson Mandela, le premier Président noir de l’Afrique du Sud post-apartheid, décédé en 2013.
La commémoration de la Journée internationale Nelson Mandela, célébrée chaque 18 juillet, rend hommage à son combat pour la liberté et l’égalité, à la fois dans son pays et dans le monde entier.
M. Mandela, qui était affectueusement connu sous son nom de clan xhosa, Madiba, a passé près de trois décennies en prison pour avoir dénoncé les violations des droits de l’homme et les graves injustices commises à l’encontre des Noirs sud-africains.
La transformation par le pardon
Il a été libéré de prison en 1990, puis élu Président quatre ans plus tard lors des premières élections multiraciales du pays.
Le parcours remarquable de M. Mandela est un exemple de transformation par le pardon, car il a légué une Afrique du Sud multiraciale et démocratique, très différente de l’État raciste dans lequel il est né, a estimé le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Csaba Kőrösi, lors de la cérémonie jeudi.
« L’engagement de Madiba en faveur des droits de l’homme tout au long de sa vie incarne un principe fondateur de cette organisation : Nous ne pouvons laisser personne de côté », a-t-il ajouté.
L’honorer par l’action
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a qualifié M. Mandela de l’un des plus grands héros de l’humanité.
« Nelson Mandela était un colosse par le courage et la conviction », a déclaré M. Guterres, s’interrogeant ensuite « Comment rendre hommage à un tel géant ? Par des mots de respect, certainement. Mais c’est par l’action que nous pouvons le mieux honorer Madiba ».
Le chef de l’ONU a appelé à lutter contre le racisme, la discrimination et la haine, et à « éteindre l’héritage du colonialisme ». Il a également appelé à la promotion de l’égalité, des droits de l’homme « et surtout de la justice ».
M. Guterres a déclaré que la pandémie de COVID-19 avait mis en lumière les inégalités mondiales et que « trois ans plus tard, il est plus urgent que jamais de combler le fossé de la justice dans le monde ».
Changer le monde
Le Secrétaire général a pointé du doigt l’injustice au cœur du système financier international, qui trouve ses racines dans le colonialisme. À ce jour, l’Afrique est sous-représentée dans l’architecture financière mondiale et le continent ne dispose pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Il a rappelé que M. Mandela avait abordé ces questions dans un discours prononcé devant les Nations Unies il y a près de 30 ans, s’élevant contre la répartition inégale des ressources et du pouvoir de décision.
« Le monde attend toujours le changement », a dit M. Guterres. « En fin de compte, nous avons besoin d’une réforme fondamentale du système financier international. Mais nous devons également soutenir les économies en développement par des mesures concrètes que nous pouvons prendre dès aujourd’hui ».
Il a appelé à une révision urgente des modèles économiques des banques multilatérales de développement, à la mise en place d’un plan de relance du développement durable et à l’instauration d’un allègement de la dette qui soutienne les suspensions de paiement, entre autres mesures.
Espoir, liberté et dignité
L’homme politique et militant américain Andrew Young a partagé ses souvenirs de M. Mandela, qui était à la fois un ami et un frère.
« Nous entendons des choses qui nous semblent impossibles : qu’il a invité son geôlier à s’asseoir avec sa famille lors de son investiture et qu’il s’est constamment efforcé d’unir l’Afrique du Sud en dépit de toutes ses divisions », a fait valoir l’ancien Ambassadeur des États-Unis auprès des Nations Unies.
M. Young, qui a aujourd’hui 91 ans, a affirmé que son propre pays est aujourd’hui aux prises avec certaines des mêmes dynamiques que celles qui ont frappé l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid.
« Nous sommes reconnaissants de l’exemple donné par le Président Madiba », a-t-il dit, ajoutant. « Et nous sommes reconnaissants à cette institution de suivre cette tradition et de maintenir vivant l’espoir de liberté et de dignité, et de réaliser que nous pouvons être libres en dépit des chaînes culturelles qui nous lient ».
Source : un.org