On n’a pas besoin d’être un intellectuel pour réfléchir, encore moins pour être en mesure de décider. La preuve en est que le champ politique est miné par toute sorte de charlatans sans vison, sans compétence en dehors d’une spécialisation de la propagande qui est un art dans un Mali de sous informations.
Nous avons atteint le summum de la dégradation sociale. Il suffit de voir comment toute la société dans son ensemble bouge. Cela n’est pas la faute des intellectuels. Cela n’est d’ailleurs la faute de personne. On ne peut pas fabriquer des démons en espérant trouver des anges. Nous avons instauré des barrières d’autodestruction avec notre culture d’indifférence face à tout sauf ce qui est de notre intérêt. Nous voulons faire croire que nous sommes soudés malgré tous les messages de déchirures sociales, de ruines sociales qui consistent à tuer l’espoir de demain dès sa naissance. Les élèves vont à l’école pour désapprendre en assimilant toutes les bêtises projetées par le numérique à travers les comportements en vogue. On est outré quand on écoute un lycéen s’exprimer, et pourtant on espère voir un homme solide demain.
Les intellectuels, ce n’est lorsque la société s’enrichit et s’améliore dans son savoir-faire, qu’ils deviennent facteurs de réussite. Si des diplômes sont vendus et des fonctions sont négociées, il n’est nullement question de savoir-faire. Et cela n’est pas la faute des intellectuels. Vous voulez une société avec des gens pour réfléchir à votre place. Certains sont tellement paresseux qu’ils trouvent scandaleux d’écrire une page ou deux sur Facebook.
Un esprit qui vit des raccourcis s’abrutit pour se rétrécir. C’est pour cela que la plupart d’entre nous vit par reflexe. Cela non plus n’est pas la faute des intellectuels. Interrogez-vous pour savoir ce que vous voulez pour vous et les intellectuels le mettront en œuvre. Mais si vous voulez des gens pour réfléchir à votre place, vous serez déçus toute votre vie. Et cela non plus n’est pas la faute des intellectuels. « Je préfère l’injustice au désordre », disait Goethe.
Touré Abdoul Karim
Source: Le Démocrate- Mali