Le projet de loi électorale de la transition militaire déposé sur la table de celle-ci depuis 2021, fut discuté et amendé par les conseillers nationaux de la transition courant juin 2022.
Beaucoup de gens croyaient que cette assemblée que Jeamille Bittar qualifiait de fantoche et Choguel K. Maïga d’illégal et d’illégitime avant sa promotion comme Premier ministre, n’allait pas oser ramer à contre-courant du gouvernement. Mais c’était sans compter sur la culture politique et la vigilance du colonel Malick N’Diaw et de ses hommes qui n’entendaient pas être pris comme la 5è roue de la transition.
La version gouvernementale fut laborieusement nettoyée des ambitions personnelles du chef du gouvernement qui souhaitait sans doute une loi à sa mesure et qui lui permettrait de se relancer en politique dans un futur proche. Sur la composition de l’Autorité indépendante de Gestion des Elections (Aige), les propos furent durs comme pour faire entendre au Premier ministre et à sa compagnie que le CNT, contrairement à ce qu’ils pensaient, n’était pas une simple caisse de résonnance du gouvernement comme les chambres parlementaires de l’UDPM, et que jusqu’à preuve du contraire la continuité démocratique n’était pas rompue au Mali. Un régime militaire, sous quelque figure qu’il se présente, ne serait pas acceptable pour le peuple du Mali.
Les évènements sanglants de Bankass (132 morts) et de la région de Ménaka, vinrent fort opportunément rappeler que la situation sécuritaire n’était pas loin de celle du temps d’IBK et que les éloges à l’armée nationale devaient être tempérés.
Dans ces conditions, vouloir élaborer une loi électorale, soit pour permettre à l’autorité de la transition de se présenter aux futures échéances électorales, soit pour pérenniser ce pouvoir d’exception comme le CMLN en son temps, démontre tout le manque de culture politique du PM et son mépris pour le peuple du Mali qu’il considère probablement comme un troupeau de moutons de Panurge.
En vérité, Choguel Maïga, ennemi déclaré du mouvement démocratique auquel pourtant il doit toute sa réussite sociale, n’adhéra jamais au régime démocratique et ne participa à ses gouvernements que par pur opportunisme.
Le désaveu du CNT à son projet de loi électorale lui offre l’ultime porte de sortie honorable en rendant sa démission et en simplifiant la tâche au Colonel Goïta de former un nouveau gouvernement capable de composer avec le CNT. Mais plus économique que politique à vrai dire, n’en fera rien sauf à y être contraint. Il regardera la situation politique se pourrir jusqu’à aboutir à un affrontement entre l’exécutif et le législatif au mépris de la loi sur la séparation des pouvoirs.
François Mitterrand, Président de France de 1981 à 1995, disait que les chefs de gouvernement honnêtes seraient plus rares qu’on le pense ; ils seraient plus matérialistes et économiques que politiques. L’actuel chef du gouvernement malien lui donne raison en s’accrochant à un fauteuil qui de toute évidence ne lui appartient plus.
Facoh Donki Diarra
écrivain