En faisant une analyse objective de l’intervention militaire française au Mali demandée par le Président de Transition du Mali, Dioncounda Traoré suite à la démission du Président ATT, pour sauver le Mali de l’anarchie djihadiste et terroriste de 2012, on en vient à la conclusion logique que le Président français, François Hollande, était venu plus pour défendre les intérêts de son pays que par pur humanisme.
Après la libération en moins de 7 jours des villes de Gao et de Tombouctou de la menace terroriste, le coup d’arrêt donné à l’armée malienne de s’arrêter aux portes de Kidal, pourtant sanctuaire bien connu du terrorisme international, pour des raisons inexpliquées, devait alerter les autorités de Bamako sur les intentions réelles de la France.
On avait alors oublié que la présidence socialiste de François Mitterrand, avait sciemment organisé le génocide rwandais de 1994 en mettant en conflit armé les tutsi et les huttu qui avaient vécu ensemble en paix des siècles durant. L’histoire ne se répétant pas sauf en bégayant selon le mot de F. Engels, les Africains, notamment ceux du sahel, devaient savoir que l’ancienne formule de la France, à savoir diviser pour mieux régner, était toujours inscrite dans le cahier des charges des dirigeants français.
En mélangeant les affaires nationales et celles de leur propre famille, des responsables français sont arrivés entre 2013 et 2019, à transformer le Mali en terre de feu. Des politiciens qu’on peut qualifier de pouvoiristes ou de carriéristes- c’est selon- sont alors venus en aide à ces ennemis de la nation pour vendre aux enchères leur pays, suscitant de cette manière la colère de certains officiers qui au nom du peuple s’emparent sans coup férir d’un pouvoir déjà à terre en agitant devant les yeux de la populace l’argument du sentiment anti français.
Le désamour entre le Mali et la France ne date pas en réalité d’aujourd’hui. Le Président Modibo Kéita, en janvier 1961, avait ordonné à l’armée française du général De Gaulle de quitter le sol de son pays. Ce Président français, plus orgueilleux qu’Emmanuel Macron, avait accusé le coup et commandé à ses troupes de faire comme le demandait le Président malien. On avait alors craint le pire pour le Mali suite au départ du contingent militaire français, mais rien n’est arrivé.
Par la suite, la France n’était revenue au Mali qu’après le coup d’Etat de novembre 1968, œuvre de De Gaulle et de Jacques Foccart qui avaient installé au pouvoir Moussa Traoré et sa clique 23 ans durant.
Il faut pourtant bien se rendre compte que le contexte a énormément changé et qu’il faudra beaucoup de courage à l’actuelle junte pour assumer les conséquences de ce départ des militaires français. D’autant qu’un chef terroriste, Iyad Ag Aghaly demandait cela depuis longtemps, non pas pour discuter de la forme de la gouvernance politique et administrative du pays, mais plutôt pour s’attaquer à l’armée régulière qu’il juge probablement trop faible pour faire face à ses talibés bourrés de drogue.
Quoi qu’il en soit, des actes posés récemment par le Président actuel de la Transition, à savoir son refus de recevoir Emmanuel Macron, sa volonté d’interdire au contingent danois de la force Takuba d’atterrir sur le sol malien, montrent déjà que les lignes politiques bougent maintenant entre le Mali et la France et que l’ancienne Françafrique est morte au Mali depuis octobre 2020.
Tite Live, historien romain de l’époque de l’empereur Auguste, instruisait celui-ci de considérer que la grandeur romaine n’était pas éternelle et que pour durer plus longtemps dans le temps, Rome devait ménager encore certaines petites nations qui étaient sous sa domination.
Facoh Donki Diarra
(écrivain)
Source: Mali Tribune