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Les démocraties bananières ne résistent pas aux bruits de bottes

Les militaires ne sont pas les bienvenus pour gouverner, mais ils gouvernent le peuple qui le mérite, c’est-à-dire où les dirigeants civils dignes de ce nom ont manqué, ou s’ils existent, ont failli à leurs obligations politiques d’éducation, de formation et de mobilisation des masses populaires pour participer et imprimer la marche démocratique et républicaine dans leur pays. Si Hugo Chavéz (Vénézuela) a bénéficié d’une opinion publique rodée qui s’est spontanément mise en marche pour le ramener au pouvoir en moins de 48 heures, suite au coup d’Etat du 11 Avril 2002, c’est le fruit d’une formation, une éducation citoyenne sans répit. Au Mali le financement des partis politiques est destiné à d’autres fins que la formation … C’est la réalité au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, au Niger, au Gabon…

 « Aucune alerte n’aura été entendue. A présent, le Gabon n’a pu se débarrasser de sa marionnette présidentielle que par une intervention de ses militaires. Macron aura, encore une fois, compromis la France dans un soutien jusqu’au bout à l’insupportable. Les Africains tournent la page ». Jean-Luc Mélenchon

L’élite africaine au pouvoir, ou certains serviteurs de l’Elysée en Afrique continuent de réfuter l’évidence. Ils ne voient toujours pas que les Africains n’en sont plus là. On a tourné la page de la démocratie tropicalisée à l’emporte pièce où les élections passent pour un faire-valoir, une formalité qui rend légitime un candidat choisi par le président sortant, si ce n’est pas lui-même, sur ordre de Paris. Paris ordonne, vous exécutez comme des guignoles. (Ce n’est pas la vidéo d’outre-tombe de l’ancien président tchadien, feu Idriss Déby Itno indiquant que Paris a instigué et piloté la révision constitutionnelle au Tchad, qui dira le contraire).

Et la volonté populaire, à travers l’expression crédible des suffrages, qui est le socle irréfutable de la démocratie, peut passer pour une utopie Rousseauiste loin de la réal-politique. Mais il n’y a pas de malice possible pour contourner les principes universels, aucune ruse politique ne permet de faire valoir qu’une démocratie est possible en piétinant la volonté populaire, par des élections non transparentes, la fraude électorale, l’achat de conscience, et les tripatouillages constitutionnelles pour se maintenir au pouvoir.

Ces démocraties bananières ne résistent pas aux bruits de bottes, parce qu’en l’absence d’opinion publique bien établie au sein du peuple concerné pouvant le défendre. Ces régimes se résument à une aristocratie de partage de privilège laissant le plus grand nombre dans le chômage, la pauvreté et l’obscurité, pendant que ces mêmes pays regorgent d’importantes ressources, et que les dirigeants au pouvoir, copains et familles nagent dans le bonheur.

Les exemples de ce type de démocratie font légion en Afrique francophone, ces dernières décennies, une période pourtant présentée comme celle de l’éclosion de la démocratie pluraliste, du respect de la diversité des opinions et des libertés publiques, depuis les soulèvements populaires au Bénin, au Togo, au Mali, à la fin des années 80 et au début des années 90. Les peuples africains s’interrogent aujourd’hui sur ce que leurs dirigeants ont fait de leur victoire, du prix fort qu’ils ont payé en consentant des martyrs. Ils font planer le jugement de l’histoire, comme l’épée de Damoclès. On trouve sans doute l’explication de cet échec dans la mal gouvernance, l’insulte faite à la volonté populaire, l’égocentrisme des formations politiques, dont les discours et les pratiques ne permettent pas d’établir l’évidence de la prise en compte de l’intérêt général avant les intérêts partisans et personnels de leurs dirigeants. Ce n’est pas la démocratie qui est en cause, mais les acteurs politiques au pouvoir, qui n’ont pas su se mettre à l’écoute de leur peuple et réaliser leurs aspirations profondes.

Seul prévaut la course au pouvoir

Ainsi les formations qui sont au nombre de 200 à plus de 300 partis politiques au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont fait de leur priorité et jeu favori, la course au pouvoir, certains ne se manifestant qu’en période électorale, d’autres par des communiqués de presse, dont l’intérêt pour la nation est sujet à caution.

Ainsi la nécessaire formation d’une opinion civique nationale alerte et prompte à réagir quand les intérêts fondamentaux de la nation sont menacés, étant reléguée au second plan, l’enthousiasme politique se meurt, les coups d’Etat sont devenus monnaies courantes en Afrique.

Le Gabon, depuis ce mercredi 30 Aout, ferme (provisoirement ?) la liste de pays où les militaires ont renversé sans difficulté les présidents « élus » : le Mali, la Guinée Conakry, le Burkina Faso, le Niger, sans désapprobation populaire, si ce n’est pas une liesse populaire qui accompagne les putschistes.

Dans notre Chronique du Mali, publiée le 02 Aout 2023, dont le titre est « Coup d’Etat, faut-il condamner ? », nous écrivions: « A tout point de vue l’intervention militaire pour prendre le pouvoir est condamnable dans un Etat de droit. La question est de savoir si nous avons réussi à instituer un Etat de droit dans nos pays. Le Niger, tout comme le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, sont-ils des Etats de droit au moment où nous assistons au renversement des pouvoirs ? »

Quatre semaines plus tard, soit ce 30 Aout, un certain Laurent BIGOT écrit sur Twitter « Cette série de coups d’Etat en moins de trois ans (Mali, Guinée, Burkina, Niger et Gabon) est parfois un peu vite présentée comme un coup d’arrêt à la démocratie. Si la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, alors ces cinq régimes n’en étaient pas. Ces régimes avaient en commun de fonctionner sur des processus électoraux manipulés… ». A suivre !

B. Daou

Lerepublicainmali

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