C’est enfin arrivé, les vacances, cette période tant attendue par Aba pour passer des bons moments avec Dika est alors venue. Mais ça semble compliquer pour Aba, qui doit se plier aux exigences de sa maman, qui veut est qu’il parte dans son village maternel, voir ses grand parents. Cette équation était difficile pour Aba, mais ne pouvait rien contre cette décision malgré sa discussion avec son père. Aba a cherché tous les prétextes pour ne pas partir, mais sa maman tenait sérieusement à ce qu’elle parte.
La grand-mère d’Aba lui réclamait régulièrement. Il aimait bien Aba et Aba aussi pour différentes raisons. A chaque fois que les choses tournaient en mal entre Aba et sa maman, Aba appelait la grand-mère qui grondait à son tour la maman de Aba. Le grand père, quant à lui, était décédé depuis des années et la grand-mère était restée seule au village avec quelques oncles d’Aba. Aba se rappelle encore comme de son enfance. De toutes les vacances qu’il a eues à passer dans son village. A l’époque le grand père vivait et c’était des très beaux moments.
Le grand père disposait d’un nombre important de troupeaux et Aba conduisait souvent les veaux aux pâturages les matins et les soirs et il partait faire la pêche avec son oncle cadet. Son grand père était un ancien combattant et il parlait avec force. Tout le monde avait peur de lui, ses enfants, sa femme, et même certains de ses petits enfants. Il avait des principes que lui seul comprenait. Mais Aba n’avait pas du tout peur de lui, d’ailleurs il le taquinait souvent et cela plaisait à la grande mère. Souvent, si la grande mère avait des doléances, c’est à Aba qu’elle chargeait de faire passer le message. Et très généralement c’était vite réglé.
Maintenant le vin est tiré et il fallait le boire. Aba doit partir et Dika doit arriver à Bamako pour les vacances. Que faire ? Refuser de partir, ce qui créera des tensions entre Aba et sa maman. Aba, pour rien au monde ne voudrait laisser Dika seule passer ses vaccances à Bamako. Pour lui, quelqu’un la lui piquerait. Il fallait réfléchir et vite à comment gérer la situation. Partir ou ne pas partir, là était la question mais comme le dicton bambara le dit « ni tchèè fèrè banna don min, o y’ a sa don selen ye », en français, « le jour où l’homme manque de solution à ses problèmes, il mourra », autrement à chaque problème, sa solution.
L’ultime solution que Aba a trouvé est de partir, mais seulement pour une semaine au lieu d’un mois. Mais cette thèse n’a pas été dite à la maman, car il avait déjà trouvé un prétexte, celui de dire que les résultats de leur examen était sorti et qu’il partait en 2ème session. Cette histoire de session était monnaie courante dans la faculté que Aba fréquentait. Il était question d’Unité de Valeur, en quoi consiste-t-elle ? Il faut que l’étudiant trouve la moyenne dans toutes les matières pour pouvoir valider son passage à la classe suivante. C’est donc un véritable casse tête pour les étudiants de cette faculté.
Ce système fait la force et la beauté de cette faculté(FLASH), s’il est bien appliqué. Certains maux, à l’époque gangrenait la FAC. D’abord, la vente des brochures n’est pas un mal, mais le grand problème était que certains professeurs l’exigeaient, et gars aux étudiants qui refusaient de l’acheter. Ces derniers redoublent laconiquement. Comme preuve, certains professeurs avec la complicité de certains responsables de classe dressaient une liste d’étudiants qui achetaient les brochures, et à la sortie des résultats, ce sont les acheteurs de brochures qui sont admis. Que dire du fils de pauvre qui brave vent et marées pour trouver son transport afin de se rendre à l’école.
Le voyage de Aba
Pour revenir à Aba, comme dit, il part finalement. Une journée entière suffit pour être au village de Aba, et les moyens de transports utilisés étaient le car. Aba prend ainsi une grosse valise comme pour tromper la vigilance de sa maman, car en réalité, elle avait sa stratégie à lui. Aba n’a pas informé Dika de son voyage parce que dans son plan, il est prévu de retourner avant la venue de Dika à Bamako. Muni d’un walkman avec les écouteurs dans ses oreilles, Aba écoutait de la bonne musique et pendant tout le trajet. Puisqu’il n’avait plus le choix, il fallait partir. Sur la route, des chants oiseau retentissait, des animaux traversaient souvent des routes et dans le bus, c’est une chaleur suffocante.
Arrivé au village, Aba a été reçu en grand pompe par sa famille. On avait informé d’avance la famille avant l’arrivée de Aba ; Parmi les gens qui étaient venus à l’accueil, un certain Madou. Il est plus âgé que Aba il a été un bon compagnon de Aba depuis les premières vacances de ce dernier. C’est un vrai complice de Aba et Aba l’appréciait beaucoup. Il a toujours cassé la gueule à toutes personnes qui voulaient faire du mal à Aba. Madou était le voisin direct de la famille. Son père et le grand père de Aba ont été des amis jusqu’à leur mort ; c’est pourquoi il est considéré comme un membre de la famille. Il mange, dors et chie dans la famille de Aba. Souvent, pour taquiner Aba il demande à ce que Aba l’appelle oncle.
C’était les retrouvailles donc. Comme à l’accoutumée, à chaque venue et à chaque retour du village de Aba, c’est une soirée dansante qui est organisée à l’honneur de ce dernier. Pour l’organisation de cette soirée, c’est Madou qui se chargeait toujours de cela. Il invitait les filles du quartier et beaucoup étaient KO de Aba. KO est le jargon utilisé par la jeune génération pour dire tomber amoureux de quelqu’un. Le jour même de l’arrivée de Aba, il y’avait, la nuit une soirée dansante dans l’unique boite du village.
Aba, sur invitation de son ami Madou accepta sans hésiter, malgré la fatigue. Là, il rencontra des filles que Madou invitait depuis les premières vacances de Aba. Elles avaient toutes grandies, surtout une qui était très collée à Aba à l’époque. Elle était belle et grande, plus grande que Aba, même si Aba est plus âgé qu’elle. Ils étaient tous contents de se voir et Aba a passé une superbe soirée en compagnie de cette dernière. Pendant la soirée, ils ont eu assez de temps pour rire et beaucoup s’amuser. Cela a fait plaisir à Aba et le lendemain, Madou taquinait Aba au sujet de la fille.
Aba et son plan
Les vacances de Aba cette année étaient particulières à cause de Dika. En réalité, il n’était pas venu pour passer assez de temps, mais juste pour obéir à sa maman. Mais avec la soirée, Aba va-t-il mettre son plan en application pour retourner avant la fin des vacances pour voir Dika. A lire dans nos prochaines éditions !
Source: La Sirène