En marge de la conférence du 16ème Café scientifique du JSTM tenue le samedi 29 octobre 2022 à la Faculté des Sciences et Techniques (FST), l’invité du jour, le Dr. Lamine Keita, a entretenu le public venu nombreux sur l’intérêt et la portée du thème portant sur « l’Economie scientifique ou l’économie dotée de la mesure ».
« En 1984, la France a apporté au Mali la monnaie de 0,02 FF, sous la dénomination du FCFA, pendant que la monnaie en circulation au Mali était celle de 0,01 FF désignée par la dénomination FM.
Ainsi, la France a montré que par leurs contenus le FCFA vaut 2 fois le contenu du FM :
En effet: 1FCFA = 0,02 FF = 2* (0,01FF) = 2 FM.
Ainsi, un compte de 1 000 000 FM a été remplacé par un compte de 500 000 FCFA, les deux montants désignant la même quantité de valeur qui est de 10 000 FF.
En effet,
1 000 000 FM a une valeur de : 1 000 000*0,01 FF = 10 000 FF; et
500 000 FCFA a une valeur de 500 000*0,02 FF = 10 000 FF.
De même, dans les transactions, nous vérifions que cette population a pu utiliser naturellement ces deux instruments monétaires comme des instruments de mesure de l’économie.
En effet: un tas d’arachide était acheté indifféremment pour un prix de 100 FM ou un prix de 50 FCFA.
Donc ces deux montants de monnaie traduisent la même richesse qui vaut :
100 FM = 100*0,01 FF = 1 FF et,
50 FCFA = 50*0,02 FF = 1 FF.
Cette richesse de 1 FF est appelée valeur du tas d’arachide
Ainsi, pour quelqu’un qui sait mesurer, le prix, dépend de l’unité monétaire utilisée.
Il représente le nombre de fois que la valeur attachée à l’unité monétaire utilisée est contenue dans la valeur du bien.
Il se détermine ainsi comme étant le rapport de deux valeurs :
Le prix (en FM) = 100 = 1 FF /0,01 FF soit donc:
Valeur du bien / valeur attachée au FM.
Le prix (en FCFA) = 50 = 1 FF / 0,02 FF soit donc: valeur du bien / valeur attachée au FCFA.
Attention : le prix ne dépend pas du nom de la monnaie en tant que numéraire, mais de sa valeur. Donc, il faudrait reconnaitre la monnaie à travers sa valeur, exactement comme un nom !!
Autrement dit, le mot FCFA est un nom qui doit coïncider avec son contenu de 0,02 FF, et il ne constitue pas une adresse.
De même, le mot FM est un nom qui coïncide avec son contenu de 0,01 FF.
Ainsi, le FCFA et le FM désignent pour le FF ce que désignent le double cm et le cm pour le mètre.
Cela doit être d’autant plus clair que nous savons que les unités de mesures en économie existent, même si on ne connaissait pas leur nom, représentant cependant une appellation commode pour désigner quelque chose de précis a priori et qui est descendue.
Il nous apparait clairement, qu’en choisissant auprès de l’autorité monétaire une valeur reconnue à l’unité monétaire, du FCFA ou du FM, on aura mis en place un mécanisme de mesure qui permet d’échanger des biens et services sur une base d’équivalence de leurs valeurs.
Ainsi, le prix de chaque bien, puis sa valeur, se trouvent déterminés au cours des échanges.
En revanche, si les échanges étaient possibles à travers le sel comme intermédiaire, un tel mécanisme d’échange des biens sur base d’équivalence des valeurs des biens échangés, ne permettrait pas de connaître la valeur individuelle des biens échangés.
Ce faisant, il est facilement vérifiable qu’un prix de 100 FM pour un bien signifie une valeur de 100*0,01FF = 1 FF = la valeur du bien. Par ailleurs, cette valeur correspond également à un prix de 50 FCFA, soit encore la même valeur de 50*0,02 FF = 1 FF.
Ainsi, par ce savoir-faire, il nous apparait clairement que l’homme aura su:
- Étalonner l’instrument monétaire pour en faire un instrument de mesure (en l’utilisant comme une unité de mesure de la valeur);
- Utiliser cet instrument comme unité de mesure des valeurs pour échanger avec justice des biens de valeur identique entre les gens.
Cependant, il était a priori nécessaire de savoir mesurer en économie, afin de pouvoir apprécier à leur juste valeur les actes posés au cours des échanges de biens physiques. Ainsi, pour avoir mis en lumière depuis 2002 la théorie de la mesure en économie, il nous était apparu facile d’identifier ces actes traduisant le savoir-faire naturel de la mesure chez les gens au cours des échanges.
I. Fin de l’expérience du Mali en 1984 :
A la fin de l’expérience monétaire du Mali en 1984, la monnaie de 0,01 FF, que désigne le FM, a disparu de la circulation pour être remplacée par la monnaie de 0,02 FF, que désigne le FCFA.
Nul n’aura parlé de réévaluation de la monnaie, quand le pays aura simplement remplacé le petit instrument monétaire, la monnaie de 0,01FF, par la grande unité monétaire de 0,02FF pour mesurer la valeur des biens et service dans l’économie du pays.
Tout s’est passé comme si désormais, au lieu de mesurer avec le demi-mètre, on mesure avec le mètre.
Ainsi, toutes les anciennes quantités de prix, comme les nouveaux prix, sont désormais exprimées par des grandeurs deux fois plus faibles pour exprimer l’équivalence avec le passé.
Par conséquent, un salaire qui était de 100 000 FM est désormais payé pour 50 000 FCFA. Il faudrait penser qu’un jour, le pays pourrait également revenir à l’utilisation de la monnaie de 0,01 FF en remplacement, à l’usage, de la monnaie de 0,02 FF, sans parler de dévaluation !! Il ne faudrait pas oublier, que dans ces conditions, les nouveaux prix vont encore être exprimés par des grandeurs doubles pour établir l’équivalence avec les mesures passées !!!
Nous allons pouvoir vérifier, dans la réalité de l’ignorance de la théorie de la mesure de la valeur en économie, que la réalité, surtout mal comprise, réserve encore des surprises qu’il nous reviendrait d’expliquer correctement et pour la première fois dans l’histoire du monde.
En effet, bien compris, le fait de changer de monnaie comme instrument de mesure est une affaire interne au pays utilisateur de ces instruments, une mesure qui ne concerne point l’extérieur. Un tel changement ne porte que sur le choix de l’unité de mesure de 0,02 FF ou de 0,01 FF, qui sont des sous-unités de l’étalon désignant des unités usuelles de mesure.
II. Les instruments monétaires soumis à des règles comme instrument de mesure
Après avoir compris que les instruments monétaires sont descendus sur terre en tant qu’instruments de mesure, nous avons trouvé que le Coran décrit les règles et interdictions qui s’imposent à leur usage et qui sont indiquées dans la sourate 55 Le Très Miséricordieux aux versets 7, 8 et 9 qui décrètent ainsi qu’il suit :
- Respecter les règles
- Donnez la pleine mesure et n’en faites rien perdre [aux gens]
- Pesez avec une balance exacte.
- Respecter les interdictions
- Ne diminuez pas les mesures et le poids ;
- Ne donnez pas aux gens moins que leur dû.
- III. Au préalable, qu’est-ce que la diminution des mesures et du poids en économie, cette pratique interdite ?
Pour respecter l’interdiction de diminution des mesures et du poids, il importe de savoir ce que cette interdiction représente concrètement. Pour le comprendre, examinons le FCFA, un instrument de mesure !!
Aujourd’hui, encore en 2022, tout le monde parle du FCFA comme s’il n’y a eu qu’un seul FCFA dans toute notre histoire. Cependant, à y réfléchir, il aura existé en réalité deux FCFA, à savoir un gros qui valait 0,02 FF, qui a existé de 1960 à 1999, et un petit FCFA qui vaut 0,01 FF exactement comme le FM, qui existe depuis 1994. Donc si on dit « le FCFA », chacun serait en droit de demander : de quel FCFA s’agit-il ?
A partir de là, il devait être clair que 100 FCFA (du gros FCFA) doit être égal à 200 FCFA (du petit). Cependant, dans l’ignorance même du concept de mesure et de la conversion des signes monétaires entre eux, la pratique décidée en 1994 a décidé de considérer les 100 FCFA (du Gros) comme étant l’équivalent des 100 FCFA (du petit) au lieu de 200 FCFA (le petit), d’où une double diminution :
- la diminution de la mesure est manifestée par le passage de 200 à 100 ;
- et la diminution du poids est manifestée par le passage de la valeur du FCFA de 0,02 FF à 0,01 FF.
Ainsi, la diminution des mesures et du poids traduit la perte automatique de valeur par la substitution frauduleuse du petit FCFA au Gros FCFA. Il apparait que la population africaine a donc subi en 1994 une telle erreur technique commise à son encontre, en se voyant remplacer son instrument de mesure qui a été confondu avec sa propre moitié.
Par conséquent, cette modification de son instrument de mesure, dont elle n’est pas consciente, ne permettra plus à la société d’exprimer correctement la mesure des valeurs des biens dans l’économie comme par le passé, et la population sera encore très loin d’en imaginer les conséquences
En effet, contrairement à la pratique observée en 1984, lorsque la France devait céder la grande unité monétaire à la population, la pratique adoptée en 1994 n’aura pas permis de remettre à la population africaine deux unités de la petite monnaie de 0,01 FF en échange de la grosse unité monétaire qu’elle détenait, ainsi que cela fut le cas avec la France en 1984.
Ce faisant, en 1994, cette population africaine aura perdu au cours de cet échange une unité de la petite unité monétaire au profit de l’autorité monétaire française. De plus, cette unité monétaire, représentant désormais moins de valeur que par le passé, rapportera au cours des échanges moins de biens et service à son détenteur, quand son utilisation va modifier l’expression des prix, ce dont personne n’a aucune conscience ni des conséquences qui vont en découler.
En effet, il échappe à la connaissance générale que les nouvelles mesures de prix ne seront plus directement comparables avec les anciennes, étant donné que personne n’a à présent aucune conscience de la mesure de la valeur en économie, ni du mécanisme qui permet de la conduire. Le fait de corriger un tel dysfonctionnement constitue un défi que nous avons relevé plus de vingt ans, par la publication de notre livre portant sur la théorie de la mesure en économie. .
C’est ainsi que dans cette situation d’urgence collective, l’évolution des prix a pu être jugée, à tort, être à la hausse, alors qu’il ne pouvait logiquement que baisser, une réalité que seule pouvait établir une théorie conséquente, élaborée pour expliquer la mesure de la valeur en économie, un défi que nous avons relevé depuis 2002, lors de notre première publication portant sur la théorie de la mesure et les concepts de la mesure en économie, un sujet qui constitue l’objet de la présente conférence du 16 café scientifique de JSTM.
IV. La diminution des mesures et du poids, un échange inégal de valeur avec l’autorité monétaire au cours du temps?
Ainsi, la pratique de diminution des mesures et du poids viole les règles de l’échange équitable des signes monétaires entre l’autorité monétaire et la population.
Nous allons examiner les conséquences de cette pratique de nos jours dans les pays utilisateurs du FCFA, et sa permanence dans l’histoire, comme aux USA en 1933-34 et au moyen-âge dans le Royaume de France de 1360 jusqu’à la révolution française de 1789.
4.1. La diminution des mesures et du poids, dans les pays utilisateurs du FCFA ?
Ainsi, il convient de savoir, que sur une longue période, le FCFA a été délivré à la population africaine contre le dépôt en garantie de 0,02 FF (en devises) effectué auprès du Trésor français par cette population.
Ce faisant, en décidant en 1994 que le FCFA est désormais compté pour seulement 0,01FF (en devises), le Trésor français fait automatiquement main basse sur la moitié de la valeur des dépôts qu’il a déjà encaissés à raison de 0,02 FF pour chaque FCFA. Ce montant transféré instantanément au Trésor français représente en même temps la perte financière automatique subie par la population africaine, propriétaire de son dépôt de garantie du FCFA auprès du Trésor.
En plus de cette perte instantanée, le nouvel instrument monétaire, se trouvant entre les mains de la population, représentera désormais moins de valeur et donc moins de biens que par le passé ».
4.2. « Les conséquences de la diminution des mesures et du poids dans la zone franc
A titre d’exemple, du fait de la diminution des mesures et du poids en 1994, sur la base d’une masse monétaire de 23 000 milliards de FCFA détenue par les populations des pays de l’UEMOA, la perte sèche de valeur subie par la population africaine utilisatrice du FCFA s’élève à:
(0,02 – 0,01) FF*23 000 milliards = 230 milliards de FF = 35 milliards d’euro (en devises).
Le Trésor français aura donc fait main basse sur une immense fortune africaine de 35 milliards d’euro, en violation de l’interdiction : « Ne donnez pas aux gens moins que leur dû. »!!
Ainsi, ceci expliquerait-il cela, jusqu’à ce jour, le Trésor français n’aura jamais rien avoué de cet énorme gain, malgré le montant faramineux d’un butin qui ferait sauter de joie tout gestionnaire habile.
Il s’agirait donc plutôt de droits des Africains, restant pour le moment en souffrance auprès du Trésor français, en attendant que les Africains les réclament un jour pour les réintégrer dans leur patrimoine.
4.3. Les instruments concernés par la diminution des mesures et du poids
Il apparait clairement que les monnaies concernées par la diminution des mesures et du poids sont des instruments utilisables à l’intérieur du même pays, à savoir les monnaies de 0,02 FF et de 0,01 FF, ainsi que le Mali en a fait l’expérience en 1984, pour mesurer indifféremment la valeur des biens et services au cours des échanges au moyen de ces instruments de mesure.
Ce faisant, leur usage, correct ou en fraude, ne saurait concerner l’extérieur et nul ne saurait parler de dévaluation ou de réévaluation dans ces conditions.
V. La dévaluation de la monnaie dans la zone franc
5.1. Définition
Nous verrons que dévaluation porte sur la modification de la définition de l’étalon de notre économie, qui était le FF et qui est aujourd’hui remplacé dans ce rôle par l’euro, en rapport avec les étalons étrangers, comme le $US ou la Livre anglaise.
Ainsi, la modification à la baisse de la définition de l’étalon de notre économie sur les marchés, par décision de droit, appelée dévaluation, ou de fait comme aujourd’hui, appelée dépréciation de l’étalon, affecte automatiquement les valeurs relatives des biens et services des pays utilisateurs du FCFA par rapport à ceux de l’étranger.
Cette modification affecte autant les pays membres de l’euro que les pays utilisateurs d’un FCFA lié mécaniquement à l’Euro dont il constitue une part fixe.
Cependant, elle n’entraine pas de transfert des revenus en pure perte entre les pays, ainsi que la diminution des mesures et du poids le provoque entre les populations des pays utilisateurs du FCFA et le Trésor français.
Ainsi, depuis aout 2022, les commerçants de la zone franc se rendent compte de cette situation, sans oublier les populations utilisatrices du FCFA, car, l’euro baissant sur les marchés a rendu les produits étrangers plus chers à l’importation dans les pays utilisateurs du FCFA dont les produits à l’exportation sont rendus moins chers pour l’extérieur.
Ainsi, la dévaluation constitue une opportunité dans les pays utilisateurs du FCFA pour les producteurs qui ont de bonnes stratégies de ventes. En revanche, pour des pays passifs, simples consommateurs, cela affecte la capacité d’importation qui va baisser alors que l’inflation importée par le biais de ces importations va affecter toute l’économie.
5.2. Les instruments concernés par la dévaluation
Ainsi, les instruments monétaires concernés par la dévaluation porte sur les rapports entre l’euro, l’étalon de notre économie, et le dollar US ou la livre sterling qui sont des étalons appartenant à d’autres pays. Il est évident que ces instruments sont différents des instruments impliqués dans la diminution des mesures et du poids.
VI. Autres conséquences de la diminution des mesures et du poids décrites dans le Coran
En plus de l’expropriation massive automatique imposée aux populations, le Coran donne trois autres conséquences de la diminution des mesures et du poids qui sont précisées dans les sourates numéros 11 et 26 et dont nous avons déjà vérifié la réalité dans nos travaux, alors qu’à ce jour, ces conséquences restent inconnues des économistes en général.
6.1. Première conséquence
La sourate 11 au verset 84 indique comme conséquence de la violation en termes : « le châtiment d’un jour qui vous enveloppera tout ».
Nous avons vu comment ce châtiment résume avec une parfaite exactitude ces conséquences de cette diminution des mesures et du poids en termes de destruction des valeurs des ressources fixes passées, présentes et futures.
En effet, une accumulation d’épargne de 1 milliard dans le gros FCFA sera désormais comptée pour 1 milliard dans le petit FCFA, soit la moitié de la valeur initiale. De même, une réduction de moitié sera constatée sur les valeurs présentes comptées en FCFA, comme le salaire, et les valeurs futures de rentrées d’argent en FCFA.
6.2. Deuxième conséquence
La sourate 11 verset 85, qui met en garde, décrète : « Ne dépréciez pas au gens leurs valeurs et ne semez pas la corruption sur terre ».
En effet, nous avons compris comment la substitution d’une petite unité de mesure à la grande unité de mesure détenue par la population présente l’inconvénient d’appauvrir la population, car elle réduit de moitié la valeur des revenus fixes; cependant, la baisse des prix sera moins faible que celle des revenus fixes.
Ainsi, s’accroissent d’autant les difficultés de vivre pour la population et la tentation de corruption qui sera encore plus grande pour arriver à joindre les deux bouts.
Exemple numérique
Avec l’hypothèse d’un salaire de 100 000 FCFA et des dépenses de 80 000 FCFA avec FCFA = 0,02 FF.
Après la diminution des poids et mesures, si le salaire est toujours payé pour 100 000 FCFA avec 1 FCFA = 0,01 FF, alors il s’ensuit une baisse de 50% de valeur, soit donc 50 000 FCFA.
Si les dépenses de 80 000 FCFA baissent de 30%, elles s’établissent à (80 000 – 80 000*30% = 80 000 – 24 000 = 56 000) soit un niveau dépassant le salaire de 50 000 FCFA, d’où des difficultés de vivre accrues subitement, incitant à l’apparition de la corruption qui jouera pleinement son effet dans la recherche de survie occasionnée par la mesure d’expropriation.
6.3. Troisième conséquence
La sourate 26 au verset 183, « … [ ]. Ne commettez pas de désordre et de corruption ».
L’idée de désordre qui apparaît ici est caractéristique de la pratique de diminution des mesures et du poids.
En effet, malgré l’expropriation des populations d’un montant important de leur revenu monétaire, la diminution des mesures et du poids laisse apparaître l’apparence d’une hausse des prix sur les marchés, principalement du fait de l’usage d’un instrument de mesure plus petit et qui aura été substitué au précédent qui est plus grand.
Ainsi, visuellement, apparait une hausse des prix sur les marchés alors que leur baisse est la seule option possible.
Exemple numérique
Supposons que le prix du poulet qui était de 1 000 FCFA avec 1 FCFA = 0,02 FF, est passé, après la mesure, à 1 600 avec 1 FCFA = 0,01 FF.
Donc, en choisissant le premier FCFA comme numéraire pour exprimer la valeur, le deuxième prix du poulet s’établit à 1600/2 = 800, ce qui confirme que le prix est passé de 1000 à 800 dans la même grande unité de mesure.
Dans ce cas, la baisse du prix est de (800-1000)/1000 = – 20 %.
En choisissant le second numéraire, le premier prix de 1000 s’établit à 2000 et la variation du prix est de : (1600 – 2000)/2000 = – 40/200 = -20%.
Cette baisse des prix est le seul résultat possible, car en appauvrissant la population par cette méthode d’expropriation, les prix ne peuvent pas augmenter.
VII. Autres conséquences économiques aisément vérifiables
7.1. Un recul du salaire et autres revenus fixes de plus de 30 ans
Les salaires, les dettes et créances seront exprimés de force dans le même montant en monnaie.
Ainsi, en payant toujours le même montant de 100 000 dans le petit FCFA= 0,01 FF, un salaire qui était payé pour 100 000 FCFA avec 1 FCFA = 0,02 FF, la valeur du salaire est divisé par deux en passant de 2 000 FF à 1 000 FF.
Donc ce salaire en valeur est nominalement réduit de moitié par cette pratique de diminution des mesures et du poids.
Or, avec l’hypothèse d’augmentation annuelle de 5%, un salaire double en 15 ans, ainsi en divisant le salaire par deux, cela signifie nominalement un recul de 15 ans.
Cependant, en 15 ans l’inflation, de 5% par an, qui s’est manifestée entretemps réduit le pouvoir d’achat de ce salaire en le ramenant au niveau qu’il avait atteint 15 ans plis tôt, soit au total un recul cumulé de 30 ans, imposé au pouvoir d’achat de toutes les grandeurs nominales fixes, qu’il s’agisse de revenus, produits d’épargne, actifs et passifs.
Ce recul des capacités touche également les capacités des Etats qui deviennent donc plus incapables de faire face à des menaces qu’ils pouvaient naturellement combattre en temps normal.
7.2. Les ¾ des pays utilisateurs du FCFA classés dans les 25 derniers pays du monde en termes d’IDH
En effet, 10 pays africains de la zone franc, soit les trois-quarts, sont présents parmi les 25 derniers pays du monde en termes d’IDH (Indicateur de Développement Humain) en 2019, à savoir : le Niger, la République Centrafricaine, le Tchad, le Mali, le Burkina Faso, le Togo, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin.
Par conséquent, s’il y a bien une stabilité procurée par le FCFA, il s’agirait bien de celle de la pauvreté !!!
7.3. Autres conséquences : les exportateurs de la zone franc, en faillite instantanée après la diminution des mesures et du poids
Un exportateur qui a reçu 100 milliards de FCFA dans son compte pour avoir fait déposer des devises au Trésor français pour 2 milliards de FF, se retrouve, dès l’annonce de la dévaluation du FCFA, avec ses 100 milliards de FCFA ne valant plus qu’un milliard de FF, l’autre milliard étant récupéré par le Trésor français, du jour au lendemain.
Comment peut-on qualifier une telle expropriation en dehors du hold-up ?
7.4. Une deuxième diminution du FCFA de fait passée sous silence en septembre-octobre 2022
Sur les marchés, suite aux récentes perturbations liées à la faiblesse de l’euro, le marché semble affiché en douce ce qui n’est visiblement qu’une deuxième dévaluation impossible du FCFA, avec 1euro = 662,473 FCFA (lu le 26 octobre 2022 sur internet) après celle de 1994.
En effet, d’un euro pour 655,957 FCFA depuis 1994, on semble passer à 1 euro pour 662,473 FCFA en octobre 2022, soit une diminution 9,9 pour 1000.
VIII. Autres expériences de diminution des mesures et du poids dans l’histoire proche et lointaine
Nous allons voir que des expériences de diminution des mesures et du poids ont été vécues dans les pays tout en restant des phénomènes historiques inexpliqués.
Il en a été ainsi aux USA en 1933-34 et au Royaume de France (1360 à 1789) qui sont des situations qui illustrent deux cas de diminution des mesures et du poids et leurs conséquences en termes de transfert automatique d’importantes ressources financières à l’autorité monétaire.
8.1. La diminution des mesures et du poids dans l’économie des USA en 1933-34
Nous allons voir comment la diminution des mesures et du poids a pu être actionnée aux USA en 1933-34 lorsque l’économie mondiale fonctionnait dans le système étalon or, mais dans un contexte dénué de toute intention de fraude.
Ainsi, en 1933, recommandation avait été faite au gouvernement américain, sur proposition de George F. WARREN, d’acheter de l’or à des prix qui augmentaient, dans l’optique de relancer l’économie.
A l’expérience, les résultats obtenus ont été jugés décevants, comme le constate le professeur J. K. GALBRAITH, selon lequel tout s’était révélé faux. Cependant, aucune explication n’aura été fournie pour expliquer cet échec des politiques de l’époque.
Pour comprendre la surprise vécue par les politiques américains, il faut remarquer, qu’à l’époque, en 1933, le système monétaire américain était fondé sur l’or en tant qu’étalon.
Ainsi, l’or connaissant un cours croissant, le dollar US exprimant l’unité de mesure aux USA, représentait en termes d’or, une sous unité de plus en plus petite en quantité d’or au fur et à mesure que le cours de l’or augmentait.
Ainsi, la diminution de cette unité de mesure, du simple fait de l’évolution du marché, a fait déclencher une manne d’argent imprévue que la Fédérale Reserve a transférée au Trésor américain, qui a décidé, en 1934, d’utiliser cette manne pour créer le fonds de stabilisation du cours du dollar.
A l’analyse, la manne d’argent transférée au Trésor américain traduit un retrait d’argent de la circulation, avec comme conséquences la déflation et le ralentissement économique, tout le contraire des attentes d’un gouvernement en 1933-34, en termes de relance intérieure ou de crédit à l’économie.
Cette manne résulte de la diminution des mesures et du poids tout comme le remplacement du FCFA de 0,02 FF par un FCFA de 0,01 FF.
Ainsi, le gouvernement américain a créé, avec ce fonds inattendu, le Fonds de stabilisation du cours du dollar.
A présent l’explication de l’échec de la politique prônée par Warren pour relancer l’économie, qui avait toujours manqué, est ici présentée en tenant compte des règles d’utilisation de la monnaie comme instrument de mesure et des conséquences de leur violation.
Cependant, faudrait-il signaler qu’en 1934, si les politiques américains n’ont pas caché la manne automatique d’argent déclenchée à la suite de la diminution des mesures et du poids, en revanche, en 1994, dans des conditions identiques, les politiques français n’auront jamais annoncé le montant du transfert automatique reçu de 35 milliards d’euros, traduisant le montant de la fraude sur le FCFA au détriment des populations africaines.
8.2. La diminution des mesures et du poids au moyen-âge dans le Royaume de France (1360 -1795)
- a) Il faut rappeler et constater que le Royaume de France avait un système monétaire bâti sur deux monnaies :
- La Livre tournois, monnaie fictive définie en quantité d’or, soit par exemple à 5 grammes d’or;
- la seconde monnaie, la monnaie matérielle circulante, appelée l’écu, était reliée à la première, soit par exemple, 1 écu = 2 Livres tournois.
Supposons que le système après un temps de fonctionnement aura permis à la population de disposer de 1 000 000 écus en circulation dans les portefeuilles.
- b) Fonctionnement du piège
Pour satisfaire en toute autorité son besoin de financement, le Roi décidait de définir à la baisse son écu, en le ramenant, pour l’exemple, de 2 Livres Tournois à 1 Livre Tournois.
Ce faisant, il retirait les pièces d’écu de la circulation et les refrappait en conformité avec la nouvelle définition de 1 écu = 1 Livre Tournois, soit donc 5 grammes d’or.
- c) Résultat du piège
Ainsi, à l’annonce de la mesure, la population apportait au Roi des écus pour une valeur de 10 millions de g d’or, sur lesquels, le Roi prélève la moitié de l’or sur chaque Ecu pour lui-même et la population retournait avec son million d’écus refrappés désormais avec la moitié de l’or initial.
Aujourd’hui, une telle pratique ne donnerait pas lieu à une refonte quelconque, la monnaie étant devenue un simple signe dont la contrepartie or se trouve dans le système bancaire.
Ainsi la diminution du FCFA n’est rien d’autre que la réplique de la diminution de l’écu du Roi, une pratique moyenâgeuse, remise au gout du néo-colonialisme français en Afrique.
IX. De l’abandon en 1795 de la diminution des mesures et du poids après la révolution française ?
Après la Révolution française, par le décret du 18 Germinal An III (7 avril 1795), l’écu qui était soumis à la diminution, exactement comme le FCFA, a été aboli l’écu.
Ainsi, les droits de seigneuriage ont disparu, la diminution des mesures et du poids à travers l’écu n’étant plus possible.
Ainsi, le Franc a été substitué à la Livre Tournois et son dixième et centième, à l’exclusion de toute autre unité monétaire, ont été institués pour prendre en compte les petites dépenses
X. Conclusion : Les objectifs du café scientifique sont-ils atteint?
En conclusion, nous avons vérifié que les participants ont compris que :
10.1. L’économie, une science venue de Dieu:
- avec son instrument de mesure et ses règles de fonctionnement ;
- un instrument, que l’homme utilise correctement comme un robot sans y réfléchir ;
- un instrument de mesure, dont l’utilisation est soumise à des règles précises, exactement comme dans le système métrique et qui s’imposent à tous, même à l’autorité publique ;
- La monnaie, un instrument de mesure de la valeur des biens et services naturellement utilisé correctement par l’homme, avec un savoir-faire permanent que nous avons vérifié dans l’expérience du Mali en 1984, un instrument assurant justice entre les gens au cours des échanges.
10.2. Les concepts mis au point à connaitre :
Nous avons également vérifié que les participants ont compris les notions relatives à la mesure en économie, à savoir les notions :
- d’étalon, comme le FF ou l’euro qui constitue l’unité de valeur dans les pays africains utilisateurs du FCFA ;
- d’unités de mesures appelées numéraires, comme le FCFA ou le FM, et représentant une quantité de valeur ou d’étalon, utilisée comme unité usuelle de mesure. Ainsi, le FCFA = 0,02 FF et aujourd’hui le FCFA = 0,00152 Euro sont des exemples d’unités de mesure de la valeur des biens et services dans les pays de la zone franc;
- de valeur, désignant la quantité d’étalon, qui est convertie dans les différentes autres unités de mesure ;
- de prix en FCFA ou en FM d’un bien, désigne le nombre de fois que la valeur attachée au numéraire est contenue dans la valeur de ce bien ;
- d’économie, l’économie désignant la science qui étudie la valeur des biens et services au cours des échanges ;
- de monnaie, désignant l’instrument de mesure de la valeur des biens et services au cours des échanges;
- de diminution des mesures et du poids, désignant la substitution frauduleuse du petit numéraire, celui de 0,01 FF, au gros numéraire, celui de 0,02 FF dans les pays utilisateurs du FCFA, et constituant une pratique interdite car procédant d’une une grave violation des règles de la mesure ;
- de dévaluation portant sur la modification de la définition de l’étalon du pays en rapport avec les étalons des autres pays. Elle représente une politique économique visant à faire profiter l’économie nationale des opportunités offertes par la diminution internationale de la valeur de l’étalon.
- la nécessité de faire la différence entre la dévaluation et la diminution des mesures et du poids, cette dernière étant une pratique d’extorsion des ressources en faveur de l’autorité monétaire en violation des règles de l’échange libre et volontaire.
A la fin de la présentation, il était apparu nécessaire que les économistes, d’une manière générale, et surtout dans les pays utilisateurs du FCFA en particulier, puissent s’approprier du contenu des présentes recherches, afin de contribuer efficacement à la conception et à la mise en œuvre des politiques économiques efficaces et crédibles dans nos pays.
Ainsi, avec ses remerciements pour les participants et sa reconnaissance pour les responsables du JSTM, le conférencier a clos les travaux dont l’intérêt a pu être partagé au-delà des seuls participants à travers une interview. Que les journalistes qui ont conduit cette interview en soient vivement remerciés ».
Dr. Lamine Kéita
(économiste)
Source : Mali Tribune