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Le tandem IBK – Mara fait grincer les dents

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La vie politique en général, l’exercice du pouvoir politique en particulier sont faits de jeu d’alliances, de trahisons et même de reniements selon le contexte, les acteurs et les intérêts du moment. Cela peut s’observer aussi bien au sein de la majorité, de l’opposition que des partis politiques eux-mêmes en tant qu’entités traversées par des courants de pensée. Dans un régime présidentiel comme celui du Mali, le choix des membres du gouvernementincombe au président de la république qui est en réalité le seul détenteur du pouvoir exécutif. C’est pourquoi,il devra aller à la rencontre de ses concitoyens en 2018 avec des comptes précis à un moment où l’opposition s’attèlera à l’empêcher d’obtenir un renouvellement de son mandat. Pour un homme d’honneur et de devoir, cela devrait suffire comme source de motivation.Cap donc sur les engagements de campagne.

 

L’honneur du Mali,

le choix des hommes et des moyens

 

Le président de la république qui a la réputation d’être un homme profondément respectueux de sa parole s’est fait élire sur deux thèmes majeurs : restaurer l’honneur du pays, faire le bonheur des populations. En choisissant déjà Oumar Tatam Ly comme premier ministre, il avait surpris maisclairementmarqué sa volonté de rompre avec des pratiques de prédation qui ont fini par mettre le pays à genou : laxisme, corruption généralisée, népotisme, clientélisme politique, insouciance du bien et du service public, gangrène sécuritaire, c’est-à-dire tout un ensemble de tares qui ont débouché sur une rébellion soutenue par des djihadistes et des narco-trafiquants. Président d’un pays profondément malade de la corruption, de la rébellion, du coup d’état militaire et d’une transition chaotique, IBK semble avoir fait le choix d’un premier ministre jeune, moralement et techniquement sans reproche aux yeux de ses compatriotes pour animer l’exécutif. Un premier ministre jeune parce qu’il reste lui-même l’un des rares anciens de la scène politique à conserver l’estime et la confiance des Maliens. Un premier ministre compétent, représentatif et de bonne moralité pour rompre avec un système de gouvernance qui a montré ses limites en menant le pays au chaos. Choisipresque « intuitu personae »,IBK qui connaît bien le sérail politique et la société civile est investi de la mission de rétablir l’honneur du pays et d’améliorer les conditions de vie des populations. C’est pourquoi tout acte qu’il pose, toute décision qu’il prend doivent y contribuer. A défaut, il risquerait de rater son rendez-vous avec l’histoire. En effet, les Maliens ont souffert physiquement et moralement de la déconfiture humiliante de leur armée longtemps laissée pour compte, des massacres d’Aguel Hoc, du coup de sang de la soldatesque le 22 mars 2012 et des remous qu’il a provoqués. Heureusement, le règlement définitif de la crise du nord, la préservation de l’intégrité du territoire grâce aux pourparlers en cours, la reconstitution d’une armée républicaine serontdes avancées importantes dans le rétablissement de l’honneur du pays. Toutefois, il y a des prérequis à la réalisation du bonheur des Maliens, à savoir : la moralisation de la vie politique et citoyenne, le renflouement et l’assainissement des finances publiques, la promotion d’unnouveau leadership bâti sur des valeurs d’intégrité et de compétence. Pour réussir une telle mission dont les enjeux sont énormes, le profilet l’image du premier ministre sonttrès importants. En tout état de cause, le premier ministreest et reste l’homme du président de la république qui le choisit traditionnellement au sein de la majorité présidentielle. Cette majorité s’entendde l’ensemble des partis et groupements ayant apporté leur soutien à IBK lors dusecond tour de l’élection présidentielle. Elu du peuple et seul responsable devant lui, le président est au dessus des partis et donc desquerelles de clocher. Sa seule préoccupation est le développement dans la paix et la cohésion sociale. Les tambourineurs de la danse du scalp autour du premier ministre en sont-ils vraiment conscients ?

Danse du scalp autour de Mara 

 

Qu’une opposition politique cherche à mettre un président en difficulté sur un certain nombre de dossiers sensibles en demandant même la démission du gouvernement peut se comprendre ;mais que des responsables d’une majorité présidentielle en viennent à prendre des postures qui fragilisent le président est un comble. Quelle image peut donner un président qui nomme trois premiers ministres en moins d’un an ? Ce faisant,n’offrirait-il pas du pain béni à son opposition ?A-t-onvraiment bien expliqué les raisons de certains choix dans la majorité ? Entre ceux qui veulent faire quelque chose et ceux qui veulent devenir quelqu’un, le choix n’est pas difficile. Pourquoi tant de frénésie autour du poste de premier ministre pour lequel il n’est organisé ni concours ni appel d’offres ? On peut bien servir son pays à tous les postes. Une fois de plus, le président choisit de façon discrétionnaire son premier ministre en fonction de son agenda et de l’analyse qu’il fait de l’exécution de son programme. Comme Oumar Tatam Ly au départ, Moussa Mara correspond tout simplement à l’idée qu’IBKse fait de son premier collaborateur dans la situation actuelle : jeunesse et compétence avec une vie professionnelle réussie en dehors des intrigues politiciennes. Avoir un âge permettant detravailler beaucoup et d’apprendre encore permet d’éviter le choc (immédiat) des ambitions au sommet de l’Etat. Le profil de Mara combiné avec son entregent assez remarqué dans le milieu associatif, surtout celui de la jeunesse,s’il peut servir la stratégie présidentielle a de quoi inquiéter dans certains cercles politiques qui n’entendent pas se laisser damner le pion.Beaucoup d’autres jeunes cadresn’ont-ils pas été appelés dans l’équipe gouvernementale, attestant d’un pari sur la jeunesse ? Naturellement, tout rajeunissement se fait au détriment de certains anciens qui attendent souvent avec raison qu’une prime soit accordée à l’expérience et à l’ancienneté. On comprendrait les choix actuelsdu président en tenant compte de la cassure entre jeunes et anciens sur la scène politique. Cette cassure est telle que pour disposer d’espace d’expression politique, la plupart des jeunes ont dû créer leur propre parti ou conduire une fronde intérieure.Ainsi, sur les 28 candidats à l’élection présidentielle de 2013, plus de la moitié avaient moins de 50 ans. Un renouvellement de la classe politique semble actuellement en cours avec des jeunes dont la moyenne d’âge oscille entre 35 et 45 ans. Les défis sont nombreux etsi les jeunespeuvent s’entendre sur l’essentiel autour de la défense et la promotion des valeurs de patriotisme et d’intégrité, ils sortiront la politique de l’ornière. On sera alors à la fin d’un cycle qui n’a pas produit de grands modèles politiques. La politique ne mène au pouvoir que par l’engagement et la prise de risques. L’engagement suppose la connaissance des réalités et la volonté de changer le destin des hommes et des femmes par des actes et des décisions courageuses et salutaires. La prise de risque découle naturellement du saut d’obstacles qu’impose tout engagement politique. Malheureusement, le marigot politique actuel est infesté d’opportunistesprêts à récolter ce que d’autres ontlaborieusement semé. IBK qui n’est pas un sectaire est à la recherche d’hommes et de moyens pouvant lui permettre d’honorer ses engagements. Il est arrivé au sommet du système et ses compatriotes ne l’attendent que sur le terrain des réalisations et des résultats. La seule mesure qu’ildevrait utiliserpour ses collaborateurs en général, les membres du gouvernementen particulier, est l’efficacité et la loyauté. Il resteà ceux qui ont mis à prix la tête de son jeune premier ministre sur le marché noirdu « Dibidani » de convaincre IBK qu’il doit se séparer d’un des hommes, dont il en a le plus besoin en ce moment.

 

Premiers ministres et ministres sont de très proches collaborateurs du président de la république. A ce titre, il faut souhaiter dans l’intérêt même de la république que la collaboration et la fin de la collaboration restent placées sous le sceau de la loyauté. Celui qui peut souhaiter la mort de son prochain sait – ilqu’au cimetière chacun a une place quil’attend ? Une place qui  ne peut être occupée par personne d’autre ?

 

Mahamadou Camara

Camara_m2006@yahoo.fr

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