Le retrait du Mali de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) constitue un tournant historique pour le pays et ses partenaires régionaux. Cette décision, prise conjointement avec le Burkina Faso et le Niger, s’inscrit dans une dynamique de souveraineté nationale et de redéfinition des relations sous-régionales. Toutefois, au-delà de l’affirmation politique, ce retrait suscite des interrogations sur ses implications socio-économiques et diplomatiques.
Un retrait souverain et concerté
Bamada.net-Conformément aux dispositions de l’article 91 du Traité révisé de la CEDEAO, le Mali a notifié son retrait officiel à la Commission le 29 janvier 2025. Cette décision fait suite au communiqué conjoint des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) du 28 janvier 2024, annonçant leur départ immédiat de l’organisation régionale.
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Dans un souci d’organisation et d’anticipation des conséquences, le gouvernement malien avait mis en place un Comité de pilotage de haut niveau lors d’un Conseil des ministres extraordinaire tenu le 29 janvier 2024. Ce comité devait proposer des solutions adaptées pour gérer les répercussions économiques, sociales et diplomatiques du retrait. Cependant, un an après, les résultats concrets de ce comité restent attendus, suscitant des préoccupations au sein des formations politiques, notamment le Rassemblement pour le Mali (RPM).
La position du RPM : entre vigilance et propositions constructives
Le RPM, parti héritier de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), suit de près cette évolution et exprime plusieurs préoccupations à travers la déclaration de son président, Dr. Bocary Tréta.
- Un bilan insatisfaisant du comité de pilotage
- Le RPM constate que le comité de pilotage n’a toujours pas livré de recommandations officielles ni de solutions concrètes pour accompagner cette transition majeure.
- Des inquiétudes sur l’impact social et économique
- Le retrait du Mali de la CEDEAO pourrait avoir des conséquences sur les populations, notamment celles vivant dans l’espace communautaire. L’absence d’un dialogue franc et structuré entre le gouvernement et la CEDEAO pourrait exacerber ces impacts.
- Une nécessité de protéger les Maliens à l’étranger
- Le RPM exhorte le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour minimiser les impacts négatifs de ce retrait sur la diaspora malienne, notamment en facilitant leur intégration dans leurs pays d’accueil.
Les recommandations du RPM au gouvernement malien
Afin d’assurer une transition sereine et bénéfique, le RPM propose les actions suivantes :
- Assurer une communication transparente et régulière sur les enjeux du retrait pour éviter la désinformation et préparer les populations aux défis à venir.
- Renforcer les relations bilatérales avec les pays voisins pour garantir un cadre de coopération harmonieux et des échanges économiques viables.
- Créer des espaces de concertation nationale pour permettre aux citoyens, aux partis politiques et à la société civile d’apporter leurs contributions et propositions sur cette nouvelle orientation diplomatique et économique.
L’URD et d’autres formations politiques expriment également leur position
L’Union pour la République et la Démocratie (URD), par la voix de son président, l’Honorable Gouagnon Coulibaly, soutient la décision du retrait tout en appelant à une sortie organisée afin de préserver les intérêts des populations. Le parti se réjouit également des engagements pris par l’AES pour maintenir la libre circulation des citoyens et éviter l’imposition de visas entre les pays de l’ancienne CEDEAO et ceux de l’AES.
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Une attente sur les négociations futures
Moussa Mara, ancien Premier ministre et président du parti Yelema, a salué l’ouverture des discussions avec la CEDEAO pour définir les modalités du retrait. Il insiste cependant sur la nécessité d’une transparence dans les négociations, notamment concernant la reconnaissance des passeports AES et la question des formalités administratives pour les ressortissants des trois États.
Conclusion : un tournant historique à bien négocier
Le retrait du Mali de la CEDEAO marque une étape cruciale dans la redéfinition de la coopération régionale. Cependant, cette décision doit être accompagnée de mesures stratégiques et pragmatiques pour assurer la stabilité du pays et la protection de ses citoyens. Les partis politiques, à l’image du RPM, de l’URD et de Yelema, appellent le gouvernement à une gestion responsable et inclusive de cette transition, afin de garantir un avenir serein et prospère au peuple malien.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net