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Le revers de la médaille de la «civilisation» ; Quand le complexe culturel entraîne la perversion de notre société

Au nom des droits universels, beaucoup de nos pratiques et traditions sont traitées de «barbares» de «sauvages» par l’Occident et ils ont réussi à faire avaler cela par plusieurs stratégies, notamment en finançant généreusement des ONG. Cela n’est pas surprenant, d’autant plus que, dans l’histoire de l’idée européenne, le barbare a d’abord été l’autre, l’étranger, celui qui ne maîtrisait ni la langue ni les usages, celui qui était d’autres mœurs et d’autre contrée.

 

Puis, quand «l’idéologie du progrès et de la raison devint dominante», le barbare fut, avec le sauvage, celui qui incarnait le passé de la civilisation, l’état d’une «humanité restée proche de l’animalité», dont le processus civilisateur avait peu à peu éloigné les peuples européens, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

Ainsi, nous sommes considérés comme des sauvages qui pratiquaient la «mutilation» génitale sur les filles et les adolescentes. Ce qu’on ne dit pas, c’est qu’à l’origine de telles pratiques, il y a avait une volonté d’assainir et de protéger l’honneur et la dignité des «victimes». Aujourd’hui, il est clair que leur abandon n’est pas à débattre puisque la science nous a fait découvrir leur méfait sur la santé et la vie des filles, des adolescentes et plus tard des femmes. Et lorsqu’une pratique cause plus de mal que de bien, le bon sens veut qu’on l’abandonne.

Chaque peuple a connu ses traditions marquées par des pratiques qui ont progressivement disparu avec l’évolution de la société, des sciences et techniques, avec les progrès technologiques. Il n’y a pas ainsi de pratiques immuables pouvant irrémédiablement résister au temps, à l’évolution. La Charte de «Kurukan Fuga» (Charte du Manden) consacre cette évolution. Pour évoquer cette époque contemporaine,  nos sociétés sont fréquemment indexées comme accordant peut de considération à la Femme. Et pourtant dans la réalité, elles lui conféraient un statut plus respectueux. Et nous savons que chaque médaille à son revers.

Et contrairement à ce qu’on nous fait croire, la liberté d’expression était plus garantie jadis dans notre société qu’aujourd’hui, y compris avec l’avènement de la démocratie. En effet, il y avait plusieurs canaux d’expression permettant aux populations d’exprimer leurs préoccupations, de dénoncer les exactions du pouvoir, d’attirer l’attention du roi ou l’empereur sur des pratiques ou des comportement pouvant porter préjudice à son règne et à la société. Les griots, les Koréduga (bouffons), le Kotéba… servaient à cela dans la société traditionnelle. Et ils pouvaient se permettre de dire la vérité au roi voire à l’empereur sans coup férir parce que protégé par un pacte socioculturel.

Rares sont les intellectuelles de l’Occident ou d’Afrique qui vous diront ce qu’elles ont dû sacrifier pour être «émancipées». Et les pays occidentaux qui se disent chantre de l’émancipation voire de l’autonomisation de la Femme ont pourtant du mal à réaliser le principe de : à responsabilités égales, traitement salarial égal entre hommes et femmes. Rares sont les domaines où les femmes peuvent rivaliser en Occident avec les hommes mêmes quand elles assument les mêmes responsabilités. Au moment où on essaye de nous imposer l’homosexualité dans nos manuels scolaires, demander à la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et les transgenres) quel est le niveau de tolérance à son égard en Occident.

Ce sont d’ailleurs le complexe socioculturel et le mimétisme qui expliquent en partie l’ampleur que ne cessent de prendre certains fléaux comme la violence conjugale, les violences basées sur le genre… dans nos pays. Jadis, dans notre société, l’adolescente était confiée à une adolescente qui devenait son ange gardien, qui avait la lourde responsabilité de protéger son honneur et sa dignité (liés aux siens aussi). Et jusqu’à ce que sa protégée se marie et rejoigne son foyer, il répondait d’elle. Et sa fierté  était que la fille se marie vierge. Les garçons et les filles étaient éduqués pour respecter ce pacte.

Nous avons tourné le dos à nos valeurs éducatives par complexe pour imiter ceux qui n’ont rien à nous apprendre. Nous avons abandonné tout ce qui est positif et constituaient de bouclier entre notre société et certaines déviances et dérives conduisant à ces drames et tragédies.

Au lieu de sombrer dans ce complexe, dans ce dramatique mimétisme, il nous revenait de faire (chaque fois que l’évolution de notre société nous l’impose) cette évaluation afin de mieux valoriser les aspects positifs de nos us et coutumes !

Moussa Bolly

Source : Le Matin

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