Le Président IBK a promis le jour de son investiture que : » Nul ne sera au-dessus de la loi. Elle s’appliquera de manière égale à tous » fin de citation. Au regard de cette philosophie pleine d’espoir, je me permets d’avancer mon point de vue de citoyen par rapport au retour de l’ancien Président de la République du Mali Amadou Toumani Touré dans son pays natal.
Après les effroyables évènements survenus au Mali depuis plus d’un an et l’humiliation essuyée par mes compatriotes, il me semble que le retour d’ATT doit être soumis à des conditions particulières par les tenants du pouvoir. Le fait de m’avancer ainsi trouve sa justification logique par le fait que lors de l’investiture du Président sortant en 2007, il a prêté serment et juré sur le nom de Dieu en ces termes classiques :
» Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute civilité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution et la loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie, l’intégrité du territoire national. Je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité africaine « .
A notre grande surprise le peuple malien s’est rendu compte que cette intégrité a filé entre les doigts de l’ancien Président de manière tragique et sanglante. La paix était loin d’être garantie au nord du pays. Il a fallu, pour sauver l’honneur, l’arrivée de troupes étrangères en provenance de pays amis appuyées par nos soldats pour retrouver nos frontières aux prix de sacrifices humains. J’en suis sûr que pendant plusieurs décennies nos compatriotes se souviendront longuement du concours inestimable de divers Etats ayant volé au secours de la nation malienne.
En réalité, je ne suis pas contre le retour de ATT au bercail. D’abord le Mali est sa terre natale. Ensuite dans le passé il a joué pleinement sa partition pour l’avènement de la démocratie. Il faut tout de même reconnaitre que le peuple malien n’a pas compris ce qui lui est tombé sur la tête. A un moment donné de son mandat, il a failli à la mission de Président. A une période cruciale où le pays avait besoin de sa détermination et de son autorité. Malheureusement pour lui, vers la fin de son deuxième quinquennat la face cachée de l’ancien Président est apparue au grand jour. A mon avis, il a été mal entouré et surtout mal conseillé par son entourage. Ou bien croyait-il avoir réponse à tout ?
De toutes les manières au cas où il prétend revenir se réinstaller au Mali, il se doit de donner des explications claires et limpides sur le dérapage commis. Pourquoi se priver de formuler des excuses publiques en toute franchise. Après tout, le Mali est un pays d’accueil, d’hospitalité et d’humanité. Personne ne peut déroger cette règle de vie héritée de nos ancêtres. Seulement nos compatriotes voudront-ils accepter son pardon après tant d’amertumes ? Là est une autre histoire qui ne m’appartient pas.
Voilà pourquoi je refuse que ATT revienne au Mali sans conditions particulières ni faire preuve de concession. En aucun cas il ne doit atterrir en terre malienne comme si de rien n’était. Jamais il ne mérite à mon égard de rentrer dans ses droits sans au préalable passer devant la case de la justice malienne. Ah ATT ! Ce spécimen rare de Président qui n’a pas hésité à mener son pays droit à la dérive… Souba hana laye… La justice compétente dans son domaine saura mieux que moi lui indiquer la nature de l’extrême gravité de la faute commise. Est-ce une trahison de Dieu, de son honneur ou de son peuple sinon les trois à la fois ? Aura-t-il vraiment le courage de regarder le peuple malien en face qui était prêt à mourir pour lui ? De nos jours les Maliens ne veulent entendre que les sons du tam-tam de la justice et de la vérité sur la gestion du pays. « ABANA« .
Sinon il serait beaucoup trop facile de trahir son peuple pour ensuite jouir confortablement de son droit d’ancien Président avec les honneurs dus à ce rang. Je veux tout simplement évoquer par-là l’accès à une résidence de rêve à la limite un palais présidentiel miniature, des voitures luxueuses flambantes neuves, des gardes du corps, le tapis rouge sur son passage avec gratuité de l’électricité, des bons d’essence à volonté, l’usage de téléphone à vie sans compter l’énormité de son salaire mensuel.
A défaut, si nous continuons ainsi tôt ou tard, ATT aura les mêmes privilèges tout comme l’ancien dictateur Moussa Traoré le tombeur du père de l’indépendance mis aux arrêts par Amadou Toumani Touré. Je me demande qui des deux aura laissé en somme un mauvais souvenir au vaillant peuple du Mali. Aux lecteurs de juger…
Ah Maliba ka tagnè bina kê segi koyé dè !
Maliba Kabako Jamana…
Aboubacar Eros Sissoko