Dans son réquisitoire, lors de la cérémonie d’ouverture de la 1ère session de la Cour d’assises, au titre de l’année 2023, le 23 octobre 2023, le Procureur général près la Cour d’appel de Mopti, Mahamadou Bandiougou Diawara, a appelé les magistrats du siège et du parquet à plus de diligence dans le traitement des dossiers criminels.
Au rôle de la 1re session de la Cour d’assises et de la Cour d’assises des mineurs sont inscrites 30 affaires : 9 cas de coups mortels, 3 de meurtres, 3 d’assassinats, 1 cas d’infanticide, 2 cas de coups et
blessures volontaires, 5 de viols, 5 cas de pédophilie, 2 attentats à la pudeur, 4 vols qualifiés, 1 cas d’associations de malfaiteurs et 1 cas de détention illégale d’armes.
Selon le Procureur général près la Cour d’appel de Mopti, si aucun tableau de Cour d’assises n’est réjouissant, celui-ci est particulièrement préoccupant et surtout très inquiétant. «Sur les 30 affaires inscrites au rôle avec 36 infractions à examiner, 30 portent sur des violences ou d’atteinte à la vie et à
l’intégrité physique des victimes innocentes. 38 Accusés dont 35 hommes et 3 femmes parmi lesquels figurent 10 accusés mineurs dont une fille mineure, comparaîtront devant vous pour répondre de ces crimes odieux, commis au préjudice des victimes directes oui, mais aussi de la Société toute entière», a-t-il souligné. Violence, un mode d’expression dans la société
À en croire Mahamadou Bandiougou Diawara, «la violence est devenue un mode d’expression dans la
société, une arme de violence sur les autres, un mode de civilisation où le corps de la femme devient
un théâtre d’opération de guerre». Et d’alerter : «Si on n’y prend pas garde, la culture de la violence est en train de se substituer peu à peu à celle de la Paix de la Tolérance et du Vivre
Ensemble dans notre Société». Ce qui rappelle au Procureur Diawara l’éminent écrivain Yambo Ouologuem, le natif de Bandiagara décédé le 14 octobre 2017 à Sévaré où il vivait en autarcie après avoir été condamné de plagiat sans être jugé pour son roman d’anthologie «Le Devoir de Violence » publié en 1968 et lauréat du prix Renaudot (novembre 1968). «Dans un style tant lyrique qu’épique, il dénonçait dans ce roman, les sociétés africaines précoloniales, coloniales et postcoloniales qui ont allègrement institué la violence comme mode de gouvernance, voire de civilisation, laquelle a conduit au déclin ou à l’autodestruction desdites sociétés.
Ainsi pour nous alerter des signes précurseurs d’une telle catastrophe, l’écrivain nous livre les in-
dicateurs à savoir que : “ lorsque le sang, le sexe et la violence forment alliance dans une société,
celle-ci se dirige inéluctablement à son autodestruction’’», a-t-il rappelé. Justice : seul et dernier «Rampart » pour circonscrire le mal Selon lui, le tableau des infractions commises ci-dessus présenté, «démontre à suffisance les signes précurseurs susdits dans la vie quotidienne de notre société d’aujourd’hui ». Le premier responsable du ministère public des juridictions du ressort de la
Cour d’appel de Mopti est convaincu que la Justice est le seul et dernier «Rampart» pour circonscrire ce mal pendant qu’il est encore temps. «Le Garde des Sceaux nous a instruits d’engager une lutte sans merci et implacable contre l’impunité, afin d’abréger la souffrance de nos concitoyens qui sont les premières victimes de cette guerre imposée à notre nation». Aussi Mamadou Bandiougou Diawara a –t-
il interpelé ses collègues magistrats du siège et du parquet, sur la non- diligence dans le traitement
des dossiers spécifiquement criminels, où des inculpés demeurent en détention provisoire durant 6, 5, 4, 3 ans sans être jugés. «Que dire des victimes qui attendent justice durant tout ce temps ?
Nous devons faire preuve de résilience face aux obstacles pour relever le défi d’une justice impartiale
équitable et rendue dans un délai raisonnable».
Le Procureur général près la Cour d’appel de Mopti a remercié le Département de la Justice à travers le
Ministre Garde des Sceaux pour son implication personnelle dans la tenue de cette session de la Cour d’assises.
Le challenger