Face aux militaires, Ibrahim Boubacar Kéïta, au cours de sa visite vendredi au Camp Tiéba Traoré de Sikasso a réaffirmé que sa volonté de faire de l’armée malienne l’une des plus meilleures et performantes est intacte. Et que rien ne pourra le dévier de cet objectif. ” Tout a été fait pour nous faire tordre les mains, vous serez équipés sinon à quoi sert notre engagement ” a-t-il- déclaré. Le chef de l’Etat fait ainsi allusion aux difficultés auxquelles notre pays a dû faire face pour acquérir des équipements auprès de certains partenaires. Malgré tout, il s’est dit très déterminé à aller au bout pour améliorer les conditions de travail des militaires à travers des équipements adéquats et modernes.
L’un des temps forts de la visite du chef de l’Etat dans la troisième région fut le déjeuner qu’il a partagé au camp Tiéba Traoré de Sikasso avec les hommes de rang. Cette visite intervient au moment où la région de Sikasso est, depuis quelques mois, la cible d’attaques terroristes, notamment celles survenues à Fakola et Misseni. Et les militaires déployés dans cette partie du pays sont en première ligne dans la traque antiterroriste. En témoignent la destruction des bases et l’arrestation de plusieurs terroristes.
Malgré le démantèlement de leurs planques, la menace reste toujours réelle. D’où la nécessité pour le chef de l’Etat de faire remonter le moral des hommes de troupe en allant à leur rencontre et échanger avec eux autour d’un plat. C’est à la limite un discours guerrier qu’il leur a tenu en ravivant la mémoire des officiers supérieurs qui ont jeté les premiers jalons de l’armée malienne, notamment feu le Général Abdoulaye Soumaré, premier Chef d’Etat-Major de l’armée malienne. En outre, il a rappelé les grands rois et chefs de guerre qui ont fait la grandeur du Mali à travers ses grands empires et qui n’ont jamais courbé l’échine devant l’adversaire.
” Soldats du Mali, la nation est fière de vous et compte sur vous ” a déclaré IBK. Ajoutant que ” jamais la patrie ne sera plus assujettie par qui que ce soit “.
Une façon pour lui d’indiquer que les attaques des groupes narcoterroristes ne pourront plus venir à bout de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Et de relever : ” Soldats du Mali, vous êtes mon arme politique, mon engagement pour l’honneur et la grandeur du Mali. Je suis venu vous réaffirmer mon engagement total à vous équiper, à faire de vous les meilleurs. Tout a été fait pour nous tordre les mains, vous serez équipés sinon à quoi sert notre engagement ? Je ne suis pas venu en tourisme, je suis venu vous sentir et me sentir avec vous, chaque fois que vous êtes en mission, je ne dors pas “.
Comme pour dire qu’il partage les épreuves et souffrances que les militaires sur les théâtres d’opération pourraient endurer.
Auparavant, le ministre de la Défense et des anciens combattants, Tieman Hubert Coulibaly, avait précisé que la présence du chef de l’Etat aux côtés des hommes en uniforme à Sikasso suscite un réel espoir à l’ensemble des militaires maliens y compris ceux déployés sur d’autres théâtres d’opération. Il avait souligné que des accords de partenariat ont été signés avec la Côte d’Ivoire et la Guinée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et qu’en plus de l’opération Soutra, une nouvelle opération a vu le jour.
Il s’agit, selon lui, à travers des opérations conjointes, de mutualiser les efforts entre l’armée malienne et celles des deux pays cités. Rappelant les nombreuses actions entreprises par le président de la République en vue de réformer l’armée malienne et améliorer les conditions de vie des militaires. Des recrutements actuellement en cours dans la Garde nationale et la Gendarmerie seront suivis très prochainement par beaucoup d’autres, a indiqué le ministre de la Défense.
Le Commandant de la région militaire de Sikasso, Colonel Kalifa Sanogo, s’est réjoui de la visite d’Ibrahim Boubacar Kéïta au Camp Tiéba Traoré, la première d’un chef d’Etat depuis sa création, a-t-il fait savoir.
Enfin, plus d’une trentaine de militaires ont eu droit à une série de décorations notamment la Croix de la valeur militaire, celle de la médaille du mérite militaire, celle de la médaille des blessés et celle de la médaille commémorative de campagne.
Abdoulaye DIARRA
Le président de la République s’adressant à la majorité :
” Ne soyez pas des tigres en papier…”
Le chef de l’Etat a, au cours d’une rencontre avec la majorité présidentielle et l’opposition politique de Sikasso, abordé plusieurs questions majeures. Les échanges directs ont tourné autour de la signature de l’accord d’Alger, la situation sécuritaire, les élections communales et régionales et la question du foncier.
Il a, d’entrée de jeu, expliqué que l’accord d’Alger n’est pas parfait mais qu’il offre un cadre valable dans lequel le pays peut évoluer vers la paix. Selon IBK ” les lignes rouges que sont l’intégrité, la laïcité, le caractère unitaire de la nation ont été respectées, chacun se doit de se l’approprier “.
Par ailleurs IBK n’est pas allé de main morte pour renvoyer la majorité présidentielle à ses responsabilités. Et s’adressant aux quatorze formations politiques de la majorité, il déclare : ” Il faut qu’on soit d’une très grande franchise, il n’y a pas de petits ou grands partis, il faut que vous évoluiez vers de véritables partenariats, que l’on soit sincère les uns envers les autres. Toute autre action est contraire à mon éthique. Je n’aime pas le mensonge, je ne le chéris pas, j’accorde de l’importance à celui qui se bat pour le Mali et non pour lui-même ” a asséné le chef de l’Etat.
A la majorité présidentielle, il a exprimé toute sa déception de ne pas voir celle-ci s’affirmer. ” Je ne vous sens pas dans les débats, vous êtes frileux, on dirait que vous êtes issus de minorité, ne soyez pas des tigres en papier, soyez des combattants qui ont épousé un idéal “. S’agissant de l’opposition, ” elle est tonitruante ” a déclaré le chef de l’Etat.
Au cours des échanges, il a mis l’accent sur les problèmes fonciers qui constituent un véritable goulot d’étranglement. “ Les maires qui s’adonnent à la vente de parcelles doivent comprendre que la terre ne leur appartient pas, cela doit cesser “, a-t-il fait savoir.
Abdoulaye DIARRA, envoyé spécial
Source: L’Indépendant