Début octobre, un dialogue de réconciliation nationale (DNIS), qui lui a octroyé 24 mois de plus comme président de transition, avait recommandé d’accroître de 93 à 197 le nombre de “députés” du Conseil National de Transition (CNT), qui fait office de parlement depuis que M. Déby a été proclamé une première fois chef de l’Etat le 20 avril 2021, à la tête d’une junte de 15 généraux.
L’élargissement du CNT vise à intégrer des personnalités de partis, d’organisations de la société civile et de mouvements rebelles qui s’étaient ralliés à ce dialogue national boycotté par une grande partie de l’opposition et parmi les plus puissants des groupes armés. Ces derniers dénoncent une “succession dynastique” au Tchad, dirigé 30 années durant d’une main de fer par Idriss Déby Itno, le père de Mahamat, tué au front contre des rebelles il y a un an et demi.
Dans un décret consulté par l’AFP, le général Déby a nommé lundi 104 “membres additifs du CNT” dont des représentants de l’ex-opposition ralliée au régime lors du DNIS et de groupes rebelles signataires d’un accord de paix en août.
Le 20 avril 2021, une junte de 15 généraux annonçait la mort du maréchal Idriss Déby et proclamait son fils Mahamat, général de 37 ans alors, “Président de la République” pour une période de “transition” devant déboucher, au terme de 18 mois renouvelables une fois, sur des “élections libres et démocratiques”.
Les généraux abrogeaient immédiatement la Constitution, congédiaient le gouvernement et dissolvaient le parlement, pour le remplacer cinq mois plus tard par un CNT de 93 membres nommés par le nouvel homme fort de N’Djamena. Ce “parlement” de transition est chargé notamment de rédiger une nouvelle constitution et préparer des élections.
Mahamat Déby avait reçu aussitôt le soutien de la communauté internationale – France, Union européenne (UE) et Union africaine (UA) en tête – qui réclamait cependant que la transition ne dépasse pas 18 mois, assurant aussi que le général Déby s’engageait à ne pas se présenter aux futures élections.
Dix-huit mois après, le DNIS l’a non seulement reconduit pour deux ans à la tête du Tchad mais également autorisé à être candidat à la magistrature suprême dans deux ans.
Le 20 octobre dernier, des manifestations de l’opposition très violemment réprimées ont fait officiellement une cinquantaine de morts dans les grandes villes du pays, plus de 300 blessés et des centaines de personnes ont été arrêtées. L’UE avait “fermement” condamné un “usage excessif à la force” et de “graves atteintes aux libertés d’expression”.