Prévue pour être une véritable entrée en matière de la campagne pour les présidentielles de 2018, la visite d’IBK à Kayes a plutôt été un fiasco, tant la population est restée indifférente. Les raisons du boycott seraient entre autres les promesses de campagne non tenues, la forte dégradation des conditions de vie, l’enclavement de la région et surtout l’agonie du chemin de fer. La population a tout simplement préféré vaquer à ces occupations quotidiennes plutôt que d’aller accueillir le Président de la République. En tirera-t-il tous les enseignements ?
Le Président de la République se souviendra longtemps de sa visite en première région du Mali. De l’Aéroport de DAG-DAG jusqu’à Médine où se tenait la cérémonie, il a été accueilli par des écoliers et des lycéens libérés pour la circonstance. Jamais, la population de la capitale du rail ne s’est autant désintéressée à l’homme qui, il y a quatre ans, s’était fait élire avec un score de plus de 77%.
Ce boycott doit en dire long sur le malaise et la déception des citoyens de la première région. Pour rappel, l’économie de la première région repose sur trois principaux domaines : l’or, l’apport de sa diaspora, le trafic du corridor Bamako Dakar par les deux voies, terrestre et ferroviaire. A analyser de prêt, tous ces domaines connaissent des sérieuses difficultés paralysant ainsi l’économie de la région.
S’agissant de l’or, il existe au moins quatre mines d’or, mais ce métal n’a jamais brillé pour les populations ; les zones concernées sont les plus mal loties en services sociaux de base, comme l’école, les centres de santé et les activités génératrices de revenus. IBK était attendu pour mettre fin à cette injustice.
Concernant l’apport de la Diaspora, les ressortissants de la première région à l’extérieur contribuent, par leurs transferts monétaires, substantiellement à l’économie nationale. Ces expatriés ont d’énormes inquiétudes au sujet de l’Accord de réadmission qui, signé ou pas, demeure une épée de Damoclès qui pend sur la tête des immigrés en situation irrégulière.
Quant aux deux voies d’accès, si la route fonctionne bon an mal an, avec un état de dégradation très avancé, le chemin de fer est mort de sa belle mort, entrainant du coup la léthargie, sinon l’agonie économique de certains villages. Et pourtant, IBK candidat avait promis le bonheur aux Maliens en général et la rénovation de ces voies pour les Kayesiens.
Pour tout ce qui précède, la population n’a-t-elle pas raison de boycotter son Président, pour n’avoir connu, après quatre ans d’exercice du pouvoir de celui-ci, que détresse et déception ?
Il est temps que la politique sorte des promesses creuses et vagues et que les hommes politiques ne promettent que ce qu’ils peuvent faire. L’impopularité d’IBK ne pourrait s’expliquer que par la non-tenue des multiples engagements qu’il a pris.
Youssouf Sissoko
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