La démocratie étant étymologiquement le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Il va de soi que ce pouvoir, dans un Etat démocratique, ne doit pas être dirigé sans l’implication du peuple. Pourtant au Mali, vu la gestion actuelle et antérieure des affaires publiques, on constate que le peuple n’est jamais informé. Ou souvent quand il l’est, ce n’est qu’après la prise des grandes décisions. Dans ces conditions, comment le peuple, qui est incontournable, peut faire sortir d’affaire le gouvernement ? Comment la société civile peut-elle être dynamique ? Impossible !
L’échec des pourparlers inclusifs entre l’Etat malien et les groupes armés du Nord peut entrainer un chaos certain dans notre pays. Nos dirigeants n’ont pas non plus un schéma administratif pour faire face à la communauté internationale. Même la décentralisation poussée sur laquelle le gouvernement s’appuie comme solution à la crise lors des négociations peut devenir un piège. Car, pouvant faciliter l’indépendance de la partie qui la réclame.
Si le peuple est puissant et peut obtenir des résultats souvent impossibles, il faut alors qu’il soit presqu’au même niveau de compréhension et d’information que ses dirigeants et doit même être à la base de la prise de certaines décisions. Pourtant, on sait que le gouvernement est dans l’hésitation dans toutes les prises de décision et que le peuple n’y est totalement pas impliqué. Sommes-nous là dans un cadre de démocratie ? Quelle solution pour un Etat démocratique fort ? Ne faut-il pas remobiliser le peuple ?
Quand on sait que la société civile est prise en otage par les ONG, à travers les aides humanitaires. Elle est aussi infiltrée et dominée par des hommes politiques qui l’utilisent pour leur compte. Et quand on n’ignore pas aussi que c’est cette société civile qui est censée représentée en grande partie le peuple, si le pouvoir ne requinque pas les esprits des populations à travers la transparence, la vérité, et l’action collective, tout en montrant les limites réelles à ne pas franchir, le chaos pourrait venir. Une démocratie sans le peuple n’est-elle pas un chemin qui va tout droit vers ce chaos ? Certainement ! Car, l’échec des prochains pourparlers ne va-t-il pas produire un chaos ? Un accord sans l’accord du peuple n’est-il pas un risque ou une bombe à retardement en cas d’échec ?
La régionalisation est un risque, dans la mesure où les régions seront transformées en pôles économiques. Et ses pôles économiques prenant directement le lien, en symbiose avec des partenaires étrangers. Indéniablement, le danger pourrait venir de là. Ainsi, un gouverneur élu à Kidal aura-t-il les mêmes objectifs que celui qui l’a été à Mopti ? Sûrement que non ! Donc, attention !
Le problème du Mali n’est pas seulement le MNLA. Il faut associer le peuple à la prise de décisions et à l’animation du pouvoir. Pour l’atteinte des objectifs de l’heure, ne faut-il pas changer de régime ? Pourquoi ne pas aller vers un régime semi-parlementaire, voire même parlementaire ? Ne faut-il pas refaire le haut conseil des collectivités ?
Alfousseini Togo
Source: Le Canard de la Venise