L’Union pour la République et la Démocratie, URD, parti de feu Soumaila Cissé, est désormais à la croisée des chemins. Embourbé dans une guerre de leadership depuis le décès inattendu de son Président, le parti de la poignée des mains traverse l’une des crises les plus graves depuis sa création en 2004. Deux camps revendiquent la légitimité, celui créé autour du premier vice- président Salikou Sanogo et le camp de Gouagnon Coulibaly. La pomme de discorde entre les deux protagonistes est autour du poste de Président resté vacant depuis la disparition de Soumaila Cissé. Pour le camp du premier vice-président le statu quo doit demeurer jusqu’au prochain congrès ordinaire dans trois ans, tandis que le camp de Gouagnon pense que pour donner un nouveau souffle à l’URD il faut un Président qui soit à la hauteur des enjeux du moment. Les 2/3 des membres du Bureau Exécutif National, BEN /URD semblent prendre fait et cause pour Gouagnon et ont souverainement décidé, en réunion extraordinaire de tenir un congrès du même genre pour mettre Gouagnon Coulibaly à la place de Soumaila Cissé le 16 janvier 2022. Ce congrès sonnera-t-il le glas de la cohésion au sein du parti de la poignée des mains ? le spectre de la division ne plane-t-il pas désormais sur l’URD ? La légitimité est de quel côté ?
C’est sans nul doute par une majorité écrasante des membres du BEN que la décision de tenir un congrès extraordinaire le 16 janvier 2022 a été prise, en réunion extraordinaire tenue le 29 décembre 2021 au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah. Cette réunion extraordinaire qui avait valeur de test, après des chaudes discutions sur la signature des 2/3 des membres du BEN, suffisants pour la convocation du congrès extraordinaire et cela sur les différentes plateformes d’information, donne aux partisans de Gouagnon toute la légitimité et surtout la légalité statutaire pour l’organisation de l’instance.
Cette réunion extraordinaire avait un seul point à son ordre du jour, à savoir fixer la date du congrès extraordinaire après vérification de l’effectivité de la signature des 2/3 des membres du BEN. Au décompte final sur un effectif total de 267 membres du BEN, 106 étaient physiquement présents, il y avait 3 excusés et 46 procurations ce qui donne un total de 155 membres signataires de la pétition, alors même que le quorum est 134. Donc au regard de ces chiffres vérifiables et conformément aux statuts de l’URD, le congrès extraordinaire peut bien se tenir 15 jours après cette réunion d’où la date du 16 janvier 2022. Ce congrès sonnera-t-il le glas de la cohésion, pour les opposants c’est affirmatif car une bataille judiciaire sera immédiatement engagée entre les deux camps pour le sigle du parti. Par contre les partisans du congrès se disent confiant, car pour eux toutes les procédures statutaires ont été respectées et qu’ils ont suffisamment confiance en la justice malienne pour que le droit soit dit. A analyser de près le premier vice-président qui assure l’intérim a violé la loi en refusant de présider la réunion à la demande des 2/3 des membres du BEN, ensuite s’il est avéré que les 2/3 ont réellement signé par voix d’huissier, un agent assermenté les partisans du congrès extraordinaire auront la double qualité de légitimité et de légalité. Salikou Sanogo va-t-il rendre le tablier avant la tenue de ce congrès qui risque de sonner la fin de sa carrière politique ? Il a tout à gagner en se retirant avec les honneurs, surtout pour l’homme au parcours exceptionnel dont il a été. Il ne doit plus se laisser berner par des petits prétentieux qui ne croient en rien.
Quant à Gouagnon Coulibaly, le cheval de Troie des partisans du congrès, il est non seulement membre fondateur du parti comme Salikou, mais il peut aussi se targuer d’avoir plus de légitimité que le premier vice-président pour avoir été à deux reprises député de l’une des plus grandes circonscriptions électorales au Mali, à savoir Kati. Entrepreneur de son état il a été également directeur de campagne de Soumaila Cissé à la présidentielle en 2013, donc ce poste qui n’est donné qu’aux hommes de confiance, fait M Coulibaly l’un des plus proches de feu Soumaila Cissé. En plus de cela Gouagnon relativement jeune est conscient des enjeux actuels et il est capable d’insuffler une nouvelle dynamique à l’URD qui a besoin d’un second souffle après la brutale et inattendue disparition de son leader charismatique. Es ce que le congrès mettra fin la cohésion et à l’unité ? Gouagnon Coulibaly et ses partisans répondront par la négative, car pour eux seulement le poste de Soumaila Cissé sera pourvu sinon les autres membres demeureront à leurs places jusqu’au congrès ordinaire. Pour M Coulibaly tout sera mis en œuvre pour préserver la cohésion et l’unité vertus indispensables pour remporter les prochaines joutes électorales.
En somme, la crise au sein de l’URD est une crise de croissance que tous les grands partis ont connu. Donc il revient aux militants et cadres du parti de la juguler avec intelligence, et sens élevé de la responsabilité, car une certaine fracture réduirait drastiquement les chances du parti aux prochaines élections générales, Présidentielles, législatives, régionales, locales et communales.
Youssouf Sissoko
Source : INFO SEPT