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Le panafricanisme précède : L’appartenance aux espaces communautaires

Le Panafricanisme en tant que “doctrine et mouvement de solidarité  entre les peuples Africains” date depuis bien avant les indépendances des pays Africains. Des recherches, des lectures nous enseignent que le mouvement serait né en Amérique Latine, précisément au Brésil. Dans le film documentaire qui lui est consacré, Marcus Garvey serait le père du panafricanisme. C’est le premier président du Ghana, Kwame Nkrumah qui l’aurait amené des Etats-Unis aux termes de ses études.

Le panafricanisme n’est pas l’adhésion ou le retrait d’une organisation continentale. Ce n’est pas un slogan ou la défense d’intérêts égoïstes, mais un comportement qui doit être fondamentalement inscrit dans les esprits et les actions de tous les jours des personnes et surtout des Dirigeants qui président aux destinées des peuples Africains. 

I – DES CADRES AFRICAINS UNIS FACE AUX PROBLEMES DU CONTINENT

Parce que le panafricanisme est un comportement individuel et collectif, on comprend aisément pourquoi des femmes et des hommes panafricains : cadres du public et du privé, politiques, intellectuels, artistes, sportifs et autres du continent et d’ailleurs se sont battus individuellement et collectivement en dehors de toute Organisation pour sauvegarder leurs intérêts et ceux du continent quasiment sans distinctions de frontières et de nationalités. A titres d’illustrations :

Au Ghana, l’économiste de Sainte-Lucie, Sir William Arthur Lewis, considéré comme un des “Pères Fondateurs de l’Economie du Développement”, Prix Nobel d’économie de 1979, est venu servir en Afrique comme Conseiller Spécial du Premier ministre du Ghana entre 1957 et 1963.

Dans sa théorie du dualisme, il défend qu’une politique Agricole développée (grande employeuse de main d’œuvre) serait à son tour pourvoyeuse de matières premières à une industrie naissante (secteur à forte capacité de main d’œuvre) qui exigera une politique de formation des ressources humaines indispensables.

En raison de sa brillance, William Arthur Lewis a été anobli par la reine d’Angleterre, il est devenu “Sir William Arthur Lewis”.

En Guinée, ils ont été une trentaine de cadres de différents pays du continent dont le professeur feu Joseph Ki-Zerbo, à rejoindre la Guinée pour abattre auprès du président Ahmed Sékou Touré, un travail de titan de reconstruction de ce pays, ravagé par le départ du colonisateur. Celui-ci avait tout emporté, sans laisser le moindre objet et brulé ou détruit tout ce qu’il ne pouvait pas emporter. Le professeur Ki-Zerbo, un des premiers Africains Burkinabè, agrégé d’histoire a préféré abandonner ses cours et ses rémunérations de Professeur à l’Université de Dakar, pour contribuer à mettre en ordre un pays frère.

Dans l’émission “Mémoire d’un Continent” (Le Passé de l’Afrique à la Radio) de RFI, du 27 Juin 2013, son épouse Mme Ki-Zerbo née Jacqueline Coulibaly, éducatrice, “considérée comme une figure marquante des événements du 3 janvier 1966”, raconte, parfois avec émotions et larmes, les difficultés rencontrées après le célèbre “non” du président Ahmed Sékou Touré au Général De Gaule et comment les Africains se sont fièrement battus.

Il n’y avait presque pas d’horaires de travail, des réunions à l’ombre, l’argent ne comptait pas, pourvu qu’on mange. Chaque brique posée était une fierté dans la construction de l’édifice Guinée, explique-t-elle.

 En Afrique de l’Est, pour apporter leurs contributions à la résolution des problèmes de développement économique de leurs pays, des cadres, économistes sociologues et autres du Kenya, Tanzanie, Ouganda, se sont regroupés autour d’une Revue, “East Africa Journal” sous le leadership de Barack H. Obama Sénior, le père de l’ancien Président Américain Barack H. Obama Jr.

Diplômé en économie de l’Université de Harvard, il signa en Juillet 1965 un article célèbre intitulé “Problems Facing Our Socialism” que l’on pourrait traduire par “Problèmes Rencontrés par Notre  Socialisme”, dans lequel, il fait des propositions pour adapter le système économique socialiste aux réalités socio-culturelles des pays.

Après les indépendances, les pays du continent étaient confrontés au problème de choix du système économique, entre le capitalisme et le socialisme.

Au Mali, qui avait opté pour le système socialiste, le président Modibo Keita a fait venir l’économiste Franco-Egyptien Samir Amin, pour bâtir le premier Plan de développement économique du pays.

L’éminent Professeur en économie assista le pays dans son projet de “battre sa monnaie” et le Franco-Sénégalais Raymond Louis Negre a été le premier Gouverneur de la Banque de la République du Mali. (BRM).

 

En Afrique australe, sur le plan politique, Robert Mugabe avec Kenneth Kaunda ont été de grands panafricains qui ont contribué énormément à la décolonisation du sud du Continent, notamment dans les anciennes Rhodésie du Sud (Zimbabwe) et du Nord (Zambie).

On comprend que le panafricanisme n’est pas une affaire d’appartenance à une Communauté économique, un Espace politique, une Association, un continent ou autre. Non, c’est l’Afrique dans le cœur de ses filles et de ses fils.

Ayant lancé les défis de l’autodétermination des peuples du continent et de développement économique et social, aux colonisateurs, l’Afrique ressemblait à un vaste pays. Les frontières n’existaient presque pas et les nationalités avaient peu d’importance. En effet des frontières tracées avec la règle ont divisé des peuples. Elles sont plus artificielles que naturelles, n’intéressaient pas trop les pères des indépendances. C’est ainsi qu’entre le Mali et ses sept (7) voisins, il n’y avait pas de visa, la libre circulation était la règle. Et même au-delà, par exemple par la volonté des présidents Habib Bourguiba et Modibo Keita, il n’y avait de visa entre la Tunisie et le Mali. Entre le Cameroun et le Mali, le visa a été instauré après plus de 50 ans de libre circulation.

Aujourd’hui, la Cédéao donne l’impression d’être le précurseur de la “libre circulation des personnes, des biens et des services”. Certes, elle a conservé et renforcé le concept, mais les pères des indépendances avaient quasiment tout prévu. On pourrait même dire qu’il y avait une nation noire.

Oui, il y a bel et bien une “Nation noire”. En effet, outre Sir William Arthur Lewis au Ghana, le Franco-Egyptien Samir Amin au Mali, d’autres sommités Noirs Américains comme Marcus Garvey, Malcom X, Louis Farrakhan (l’organisateur de la “marche d’un million d’hommes pour les droits civiques de Noirs), et des milliers d’autres panafricains blancs sont venus apporter leurs pierres à la construction de l’édifice Africain pour le bonheur des peuples. Les français Jean Benard, Jean Lory, le Portugais Da Nombrega et l’Israélien Eli Lobel, faisaient partie de l’équipe.

A l’échelle du continent, le président Kwame N’Nkrumah a préconisé l’unité du continent dans deux livres. Ensuite, le professeur Cheikh Anta Diop a, aussi prêché pour l’unité du continent dans un livre : “L’Unité Culturelle de l’Afrique Noire” paru aux éditions Présence Africaine en 1959 pour la première fois, puis revu et augmenté en 1982. Il a rêvé la construction d’une fédération d’Etats dont il a démontré les esquisses dans un livre : “Les Fondements Economiques et Culturels d’un Etat Fédéral d’Afrique Noire”, paru aux éditions Présence Africaine en 1960 pour la première fois, puis revu et corrigé en 1974.

Le savant Cheick Anta et d’autres panafricains se retourneraient dans leurs tombes en apprenant que des Africains sont en train d’apporter leurs concours à des projets de guerre et de destructions de pays Africains.

II – PANAFRICANISME ET CREATION DE GRANDS RASSEMBLEMENTS 

On rappelle que le “panafricanisme est le mouvement de solidarité et d’entraide entre les peuples Africains” dans leurs combats pour un mieux-être, le développement économique et social du continent. Aussi beau qu’il est ce mouvement, n’est-il pas utopique de croire ou de vouloir que tous les Africains y adhèrent ?

Même pendant les durs combats contre le régime d’apartheid d’Afrique du Sud, pendant que le monde : politique, intellectuel, artiste se mobilisaient en faveur de Nelson Mandela, des Africains trouvaient des moyens de contourner et violer les embargos décidés par l’OUA, appuyés par l’ONU. Ils n’ont pas hésité à sauter sur des cadavres de sœurs et de frères Noirs pour aller traiter des affaires avec le régime de Pretoria. Peut-on faire pire que cela ?

A partir de là, pourrait-on être surpris des dures sanctions infligées aux pays du Sahel et surtout au Niger contre qui, les “forces communautaires en attente” ont failli être mobilisées pour le détruire. Au nom de quoi ? De la démocratie !!! Oui la démocratieune Norme politique de gestion du pouvoir, empruntée et brutalement implantée sur le continent sans aménagement ni adaptation aux réalités des pays.

Les pères des indépendances ont bien compris que l’union fait la force, qu’un « seul doigt ne peut pas prendre un caillou ». Alors, ils se sont regroupés pour créer l’Organisation de l’Unité Africaine en 1963, et une année, après la Banque Africaine de Développement (BAD) fut créée en 1964 pour le financement des économies du continent.

D’autres dirigeants panafricains ont emboité les pas pour créer des Organisations sous-régionales dans les domaines politiques, juridiques, économiques, scientifiques, universitaires, culturels, sportives, etc. En suivant les chemins tracés, des déviations seraient réduites. Malheureusement, des Hommes d’Etat, charismatiques qui portent leurs pays et le continent à cœur et les mettent au-dessus de tout, sont de plus en plus rares. On assiste de plus en plus à l’émergence de l’affairisme, aux Dirigeants actionnaires dans des sociétés qui ont investi toute la sphère économique : agriculture, mines, télécommunications, banques, transport, énergie, etc.

III – ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES ET PANAFRICANISME.

Les regroupements régionaux et sous-régionaux ont entre autre pour vocations de cultiver, renforcer l’entente, la paix et l’unité sur le continent. Ainsi, ils devraient être des fers de lance du mouvement.

Mais qu’observe-t-on de la lecture des grilles de sanctions implicites et explicites imposées à des pays membres par deux communautés auxquelles ils appartiennent ?

Un manque de solidarité : cela se voit à plusieurs niveaux. dans les choix des dirigeants aux postes d’organisations internationales, les pays membres ne sont jamais d’accord sur un candidat. On ferme les frontières à un pays membre en difficultés avec une épidémie (Guinée en période d’Ebola), au lieu de l’aider dans cette épreuve en circonscrivant l’épidémie et en appuyant les traitements.

 Des souffrances imposées aux populations des pays dits de « coup d’état », alors que ces situations pourraient résulter d’une mal gouvernance implantée et entretenue par la démocratie. Ce n’est nullement une plaidoirie pour « les coups d’état », mais une condamnation de la démocratie qui a été largement en dessous des attentes des populations, telle qu’on les avait présenté : le pouvoir par le peuple et pour le peuple ». les populations ont rêvé un mieux-être.

 Des mépris des décisions l’Organe judiciaire de la Communauté, on ne respecte même pas les décisions de l’Organe mis en place pour rendre justice dans la communauté. Y a-t-il vraiment combien de démocraties dans les espaces Cédéao et Uémoa ? De nombreux pays condamnés pour atteinte aux faits ou Institutions de démocratie ont catégoriquement refusé d’appliquer les décisions de justice de l’Organe judiciaire communautaire.Le recours à la force, on menace d’attaquer un pays membre, exactement comme les colonisateurs l’ont fait pour contraindre nos arrières grands parents et grands-parents à leurs Autorités. Des millions d’Africains et de Noirs dans le monde se sont dits : le colonisateur a changé de visages, il est toujours là.

En somme des Communautés où il n’y a pas assez de solidarité et d’entraide dans la résolution des problèmes, qui s’occupent de moins en moins de leurs vocations premières : l’intégration économique pour le bonheur des populations, sont-elles vraiment orientées vers le panafricanisme tels que pratiqués par des femmes et des hommes ci-hauts cités ?

Cela est-il le Projet de Cédéao rêvé par les pères fondateurs ?

IV – PROPOSITIONS DE SOLUTIONS POUR SAUVER LA CEDEAO.

La “Cédéao des Chefs d’Etat” semble être aux antipodes du panafricanisme. Le départ des pays de l’AES ne constitue pas une condamnation à mort de ces pays par voie d’isolement. La roue du panafricanisme continue de tourner et de plus en plus à grande vitesse. La Cédéao et l’Uémoa pourraient disparaître, les Africains continueront de travailler main dans la main, individuellement et collectivement.

Nous l’avions dit dans des publications antérieures, qu’en sanctionnant le Mali, la Cédéao risquait de prendre le chemin de sa mort. Pour la sauver, des reformes importantes doivent être prises.

Rendre justice en sanctionnant aussi les « coups d’état constitutionnels».En effet ce sont des infractions continues, tant que le texte de réforme constitutionnelle est en vigueur et tant que le bénéficiaire est toujours au pouvoir. L’infraction pénale est constituée et punissables à tout moment.

Rendre justice par l’indemnisation des populations de la “Cédéao des peuples”.Ces populations victimes des sanctions injustes ignorent complètement le Protocole additionnel sur la bonne gouvernance et la démocratie. La Cédéao des Chefs d’Etat les a infligé des sanctions pour des fautes qu’elles n’ont pas commises.

A défaut de sanctionner les “coups d’état constitutionnels” pour, par exemple absence de texte de sanctions, de base légale (l’élément légal), les populations innocentes pourraient être indemnisées. Cette indemnité pourrait être égale au montant du budget des pays concernés.

Rende exécutoire les décisions de l’Institution judiciaire.C’est aussi une forme de justice que d’appliquer les sanctions prononcés par la Cour de la Cédéao contre des pays pour des faits portant atteinte à la démocratie tels que les rehaussements des niveau de la caution aux élections, le parrainage et autres pouvant constituer des barrières aux candidatures. Tous ces faits ont été jugés illégaux par la Cour que les pays refusent de se soumettre.

Procéder au toilettage des textes de l’Organisation.Le Traité est un excellent texte qui n’a pas été correctement appliqué. Pour son application efficace, une des solutions consisterait, par exemple à scinder l’Institution en deux pour faire du “Protocole additionnel” une “Institution politique” à part entière et laisser “l’Institution économique” poursuivre sa vocation. Ce toilettage doit fixer les types d’interventions des puissances étrangères et des organisations internationales dans les activités de l’Institution. Le Parlement communautaire veillera au respect de ces cadres d’intervention à l’occasion des votes du Budget de l’Organisation.

Clarifier les grilles des sanctions.Les sanctions doivent être clairement connues. Les rédactions “d’extension ou sous-entendues” sont à éviter. Il convient de privilégier les sanctions financières telles la “fixation d’astreintes sous conditions” en cas de non régularisation dans un délai précis.

Une médiation impartiale prenant appui et des engagements fermes et irrévocables sur des propositions de solutions relativement objectives pourrait prospérer. Les arguments émotionnels du genre : “nous sommes les mêmes”, “nous sommes liés par l’histoire et la géographie”, “retrouvons-nous sous l’arbre à palabre pour laver le linge sale à la maison…”, “des erreurs ont été commises et ne seront répétées…” etc., ne sont pas très efficaces quand les blessures sont relativement profondes.

V – LE PANAFRICANISME N’EST ORIENTE CONTRE PERSONNE.

Le Panafricanisme en tant que “doctrine et mouvement de solidarité  entre les peuples Africains” n’est pas orienté contre un continent, une race, un pays ou des personnes. Non les panafricains sont à la recherche de solutions aux problèmes de développement économique et social par les Africains – mêmes. Parce que voyez-vous, le Noir est probablement la race qui a le plus souffert.

D’abord les arabes, les plus grands esclavagistes ont pratiqué des cruautés les plus inhumaines contre le Noir. Et pourtant des Africains pensent que l’islam leur appartient. Ils sont des millions à effectuer le pèlerinage à La Mecque quand même les arabes continuent à les infliger les traitements les plus dégradants. Des Africains pensent même que cette religion leurs appartient. Pour rappel, le Roi Kankan Moussa a fait, en 1326, son pèlerinage historique en apportant avec lui, 08 tonnes d’or en Arabie Saoudite.

Puis, c’est l’esclavage et la colonisation des Occidentaux. Pendant des siècles, ils sont amassés des milliers de milliards de dollars de fortunes de la vente des esclaves et surtout du travail gratuit des esclaves. Il est important de noter qu’après la déclaration des droits de l’Homme en 1789, ils sont venus coloniser l’Afrique avec tous les traitements dégradants les plus inhumains possibles. Les droits de l’Homme ne concernent pas le Noir.

Avec l’avènement des indépendances, ne voulant pas quitter cette terre africaine, des “Services de Coopération” sont créés, des ONG impérialistes sont créées : “Agricultures sans frontières”, “Avocats sans frontières”, “Médecins sans frontières”, toutes sortes d’organisations fantômes sont créées pour se maintenir en Afrique. Pour eux, le monde est “sans frontières”.

Quand il s’agit des autres qui se déplacent, cela s’appelle “l’immigration” avec toutes les théories les plus folles de l’indignité. Est-ce-que c’est difficile de rester chez soi quand on ne veut pas que les autres y viennent ?

A supposer, par un raisonnement à l’absurde, que chacun regagne sa terre, pensez-vous que ce sont les Africains qui vont souffrir en premiers ? Non, absolument pas, ce sont les impérialistes qui disparaitront les premiers.

Alors, que peuvent faire les Africains contre ce cannibalisme ? Puisque c’est de cela qu’il s’agit. En effet, autant une antilope se fait manger en broutant des herbes ou en s’abreuvant paisiblement, par un fauve, autant des Occidentaux, à la recherche de matières premières et de ressources minéralogiques, viennent agresser des paisibles paysans dans leurs champs. Et quand ils essaient de résister, ils les tuent. Cela s’appelle du cannibalisme. Autant la lionne tue la biche pour nourrir ses petits, autant des Occidentaux viennent tuer depuis des siècles des Africains pour nourrir leurs populations.

Les panafricains estiment que cela ne peut pas continuer. Les Africains ont naïvement trop longtemps compté sur les autres. Ils cessent de regarder le passé dans le rétroviseur. Ils ont décidé de prendre le destin du continent en mains. Ils ne demandent que des choses simples : arrêter l’ingérence politique, arrêter d’exporter des valeurs et cultures dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas, mettre les intelligences ensemble. Ce sera du co-développement ou du “développement sans frontières”.

Mais qu’on arrête les assassinats et les tueries : un homme politique essaie de se faire un chemin, on le tue. C’est le “béni oui-oui”, toute tentative d’apporter de la contradiction est supprimée. Celui qui ose parler du F CFA, il attrape le Covid-19 (Michel Sapin). Tout dirigeant qui tente de rétablir l’autonomie financière de son pays est éliminé.

Tout est fait pour maintenir le continent à l’état de dépense indéfini pour l’approvisionnement des industries en matières premières et l’écoulement des produits fabriqués. Il est temps de changer de logiciel pour progresser ensemble.

VI – L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE DU CONTINENT.

Il nous semble important de rappeler deux citations de M. Winston Churchill : “La principale leçon de l’Histoire est que l’espèce humaine est incapable d’apprendre”. “Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre”.

Ce serait très dur pour les filles et les fils du continent de revivre l’esclavage et la colonisation. Et pourtant c’est bien cela qui se profile à l’horizon.

L’esclavage a déjà recommencé : les filles et les fils du continent sont vendus à la crié au Maghreb, principalement en Libye. L’affaire a été révélée par la publication d’un reportage de la Chaine CNN par M. Claudy SIAR. Ce fut la grande indignation, mais de très courte durée. Nos Présidents et les Organisations continentales sont tous aveugles, sourds et muets. Le marché d’esclaves prospère bien dans les pays du Maghreb.

La guerre de la recolonisation a commencé en 2012, il apparait clairement que les Occidentaux n’étaient pas venus combattre le terrorisme, ni pour la démocratie. La guerre de recolonisation du continent a débuté en 2012 avec l’occupation du Mali. Elle vient d’atteindre un “pic” avec la bataille de Tinzawaten en cours depuis le 26 juillet 2024. Cette bataille menée par des combattants de près de dix nationalités de pays occidentaux contre l’armée malienne est l’illustration du démarrage de la guerre pour la recolonisation du continent. On pourrait dire que

ü  Soit les Organisations comme l’Union Africaine et la Cédéao n’ont pas vu venir cette guerre, la Cédéao a donc affaibli par des sanctions au nom de l’idéale démocratique, les pays dits de coup d’état.

ü  Soit qu’elles savaient et donc elles étaient dans le jeu en affaiblissant les pays concernés par des sanctions. L’acceptation de nouvelles bases militaires par des pays membres de la Cédéao, milite en faveur de cette hypothèse. Ce qui serait une trahison des peuples de la communauté.

Et pourtant, le Général De Gaule a consacré une communication à la “question des énormes ressources que regorge le Sahara” que beaucoup d’Analystes politiques et économiques du continent ont entendu. En bons Africains, on s’est contenté de savoir, l’action est notre principale faiblesse, l’immobilisme est la règle. On n’a rien fait.

On comprend aisément les mobiles de la patate chaude qu’est la rébellion que l’ancienne puissance coloniale a filée dans les mains des pays comme le Mali, le Niger et le Tchad.  En 64 ans d’indépendance, ils sont en guerre contre des rébellions plus de 60 ans.

Il ne fait aucun doute que tous les pays ont des armées, mais généralement des “armées de défilé” de démonstration de force. Les armées des pays du Sahel sont des armées aguerries aux combats dans des conditions climatiques très rudes. Elles constituent des “murs de protection” pour toute l’Afrique de l’Ouest. Tenez, Kidal est à 1600 km de Bamako et Tinzawaten est à 233 km de Kidal, au final Tinzawaten est à plus de 1833 km de Bamako.  Dans le Sahara, à 11 H déjà, il fait plus de 40°. La nuit, la température tombe à 0°. Un soldat de la forêt peut-il être efficace dans ces conditions extrêmes ? Nous rendons hommage à nos forces armées.

Le continent doit se mobiliser à travers l’UA aux côtés des armées du Sahel. En effet, si ces murs de protection tombent, les colonisateurs feraient d’une bouchée les autres pays de l’Afrique de l’Ouest, dont certains, se croyant plus proches des envahisseurs que leurs sœurs et frères, ont accueilli des bases militaires. L’occupation sera plus facile et à moindre coût.

Le leader Churchill a bien raison, l’histoire du continent doit être enseignée et cela dans toutes les branches et à tous les niveaux du savoir. Deux hypothèses pourraient permettre de bien comprendre nos propos.

Hypothèse 1.

On pourrait faire le raisonnement à l’absurde suivant : avant l’arrivée des envahisseurs, l’Afrique serait une terre vierge habitée par des oiseaux, des animaux, en un mot la faune et la flore. Dans cette hypothèse, l’Africain n’a pas d’histoires, donc pas de passé, de savoir et son accumulation, de culture, de religion. Toutes les théories esclavagistes, colonialistes, religieuses seraient vraies. L’Africain n’est pas entrée dans l’histoire, il vit au rythme des saisons comme l’a bien l’ancien Président Français Nicolas Sarkozy.

Cette hypothèse ne tient pas la route. En effet des résultats de nombreuses recherches socio-archéologiques, scientifiques, anthropologiques et d’histoires ont démontré que l’Afrique est le berceau de l’humanité. Comment est-ce que la source de quelque chose pourrait ne pas avoir de passé ? C’est dire, qu’elle n’est pas une source.

“Nous sommes tous Africains”, c’est ce qui est expliqué dans le livre “Une belle histoire de l’homme”, sous la direction d’Evelyne Heyer et la préface d’Yves Coppens, paru en 2015 aux éditions Flammarion, Paris.

Hypothèse 2

A contrario, on pourrait tenir le raisonnement inverse. Dans cette hypothèse, alors le continent aurait bel et bien une histoire, un passé, des savoirs bien accumulés, des croyances, bref des sociétés bien organisées. Cette hypothèse est sans doute la plus plausible. L’histoire de l’Afrique, écrite par les envahisseurs vainqueurs, a été cachée en partie, falsifiée, détruite notamment par les religions importées.

Les Africains doivent découvrir, se réapproprier leur histoire et la réécrire sous les lumières de leurs propres analyses.

L’histoire du continent n’est pas qu’une seule facette, celle obscure qui fait honte aux complexés et aux renégats. Une autre brillante facette est décrite des ouvrages d’histoires, de recherches socio-anthropologiques par de brillants auteurs comme Joseph Ki-Zerbo, Elikia M’Bokolo, Mme Adame BA Konaré, qui a dirigé le livre “Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy” publié aux Editions La Découverte 2008-2009, Paris. Ibrahima Baba Kake, Amadou Hampaté Ba, Cheikh Anta Diop, Jean Philipe Omotunde, Georges Balandier, etc.

Depuis 1997 que nous enseignons, on observe que les enseignements dispensés ne permettent pas de connaitre l’histoire du continent, donc n’inculquent pas l’amour du pays. On leurs inculque fortement l’amour de l’argent, qui n’a pas d’odeur, ni de saveur, l’important, c’est d’en amasser beaucoup pour soi.

Produit d’un tel système, l’Africain n’a pas assez d’amour pour son pays, ni pour les générations futures. Il pourrait faire partir de toute manipulation, tout complot contre son pays oubliant que la fin d’un traitre c’est toujours le bout du fusil. En effet, celui qui a trahi les siens trahira toujours. Alors, une fois les objectifs atteints, il est rapidement supprimé.

Ensuite c’est un enseignement qui n’apprend pas de métier à l’apprenant, mais  administre des connaissances qui doivent lui permettre d’aller chercher du travail chez quelqu’un d’autre, sachant qu’il ne sait rien faire. Les programmes et le système d’enseignement sont à revoir pour le bonheur des enfants et des pays. Doit-on encore attendre qu’ils viennent donner des Programmes d’enseignement qui valorisent le passé du continent ?

Nous concluons ce papier en rappelant l’article 28 du Code noir de l’impérialisme qui dispose :

“Déclarons les esclaves ne pouvoir rien avoir qui ne soit à leurs maîtres; et tout ce qui leur vient par industrie, ou par la libéralité d’autres personnes, ou autrement, à quelque titre que ce soit, être acquis en pleine propriété à leurs maîtres, sans que les enfants des esclaves, leurs pères et mères, leurs parents et tous autres y puissent rien prétendre par successions, dispositions entre vifs ou à cause de mort; lesquelles dispositions nous déclarons nulles, ensemble toutes les promesses et obligations qu’ils auraient faites, comme étant faites par des gens incapables de disposer et contracter de leur chef”.

Cet article 28 est une chosification pure et simple de l’Homme noir. Tout ce qui appartient à l’esclave est la propriété du maître. Voilà pourquoi le président Français, Emmanuel Macron a dit que le Mali appartient à la France, puisque ce pays lui a été attribué lors du partage du monde. Ce code noir de l’impérialisme est toujours en application. Il n’existe aucune résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui en parle à fortiori de l’abroger. Les Nations unies sont-elles réellement unies ?

Les choses sont claires, l’oppression de l’Homme noir continue. La question n’est plus de savoir ce que les Africains doivent faire, mais comment et quand avant qu’il ne soit tard. C’est aux Africains de se libérer par eux-mêmes, non pas dans la violence, mais dans la confrontation des idées pour signifier qu’hier n’est pas égal à aujourd’hui.  Le panafricanisme ne signifie pas la rupture avec le monde. Les panafricains savent l’interdépendance économique des pays, ils ne vivent pas en autarcie.

Aucune diplomatie, politesse, gentillesse, courtoisie, comédie pour se faire accepter et les faire rire, ne fera changer leurs regards sur l’Homme noir, pour lui donner un minimum de respect et de considération. Parce que c’est logique, normal, voire naturel qu’un esclave obéit à son maître.

Le Noir ne fait absolument rien de mal à personnes. Mais c’est lui qui est persécuté et opprimé par tout depuis des siècles : atrocités Arabes, génocide Allemand en Namibie, massacres Français au Cameroun, Madagascar, génocide Français au Rwanda, des cruautés inimaginables contre le peuple d’Haïti, la liste est longue. Quelle comptabilité macabre de morts. Décidément ils ont la tuerie de l’Homme Noir dans le sang.

Parce que le continent a longtemps misé sur eux, qu’ils pensent que rien ne nous fait mal. Non messieurs, aucun Africain n’accepte cette situation, y compris vos plus proches relativement acquis à votre cause. Ceux-ci sont d’ailleurs les plus malheureux,  doublement punis : renégats par ci, traitres par là. Et vous le savez puisque vous avez subi les souffrances et humiliations de 05 ans de colonisation des Nazis. Des centaines de millions d’Africains silencieux souffrent de ces blessures non cicatrisables.

Le salut de l’Afrique est dans la solidarité et l’entraide, en un mot dans le panafricanisme. La bonne nouvelle est qu’à l’entêtement de continuer, il est heureux de constater que des millions de femmes et d’hommes, nombreux jour après jour, s’approprient des idéaux du mouvement pour résister aux prédateurs de matières premières et à la conquête du vaste marché de plus de 1 milliard 200 millions d’Africains.

Le panafricanisme, c’est l’Afrique dans le cœur de ses filles et de ses fils.  Et cela précède la création des Organisations communautaires.

Siné Diarra

Expert-comptable, essayiste

Bamako-Mali

Références bibliographiques

  1. Sous la direction d’Evelyne Heyer et la préface d’Yves Coppens, “Une belle histoire de l’homme”, paru en 2015 aux éditions Flammarion, Paris.
  2. Sous la direction de Mme Adame Ba Konaré, “Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy” publié aux Editions La Découverte 2008-2009, Paris
  3. William. A. Lewis, “La Chose publique en Afrique occidentale”, Paris, Ed Futuribles SEDEIS, 1966, (page 106).

B. H Obama Sénior, “Problems Facing Our Socialism”, “East Africa Journal” juillet 1965

  1. RFI, “Mémoire d’un Continent” (Le Passé de l’Afrique à la Radio) du 27 Juin 2013
  2. C. A. Diop, “L’Unité Culturelle de l’Afrique Noire”, éditions Présence Africaine en 1959 pour la première fois, puis revu et augmenté en 1982
  3. C.A. DIOP, “Les Fondements Economiques et Culturels d’un Etat Fédéral d’Afrique Noire”, éditions Présence Africaine en 1960 pour la première fois, puis revu et corrigé en 1974.
  4. Chaine YouTube Pensées Kamite, “Des révélations choquantes sur la véritable origine du panafricanisme” interview de NYSYMB Lascony, Enseignant chercheur pluridisciplinaire.
  5. Chaine YouTube Pensées Kamite, “Marcus Garvey, père du panafricanisme” interview de NYSYMB Lascony, Enseignant chercheur pluridisciplinaire.
  6. Code noir de l’impérialisme

 

Mali Tribune
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