Le Premier ministre, Moctar Ouane, a présenté au Conseil national de Transition-CNT le Plan d’action du gouvernement-PAG pour ce qui reste des dix huit mois de la transition. C’était le vendredi 19 février dernier au Centre international des conférence de Bamako. Un exercice traditionnel et républicain moulé dans le contexte de la transition que vit le Mali actuel. Les avis sont divergents sur ce Plan qui comporte six axes. Pourtant c’est la bonne gouvernance qui semble être la clé de toutes les préoccupations du Mali tout entier.
Certains ont dit que six axes c’est trop, d’autres ont trouvé qu’il manque d’autres priorités, malgré tout, le feu vert du CNT est donné. Le gouvernement de la Transition peut aller au travail.
Dans un pays sous développé, de surcroit en guerre (guerre militaire, guerre sanitaire), tout est priorité. Mais il faudrait déceler la priorité des priorités. Ce qui n’est pas un exercice facile. Les divergences et les votes contre le PAGT de Moctar Ouane sont aussi légitimes et s’inscrivent dans la ligne du renforcement de la démocratie.
Il y a des points dans ce Plan d’action des aspects très importants. S’ils ne sont pas de simples intentions, ces aspects, s’ils sont exécutés, constituent une avancée pour notre pays. Il s’agit entre autre de lutte contre la corruption, de réduction du train de vie de l’Etat, la mise en œuvre des reformes pour les élections et de la relecture de ‘’l’Accord pour la paix’’.
Déjà, compte tenu du temps imparti, l’initiative de la mise en place d’un unique organe de gestion des élections a été abandonné. Justement, c’est ce temps qui risque de manquer même si le Plan d’action était réservé aux points suscités.
Au lieu de la lutte contre la corruption qui n’est pas toujours facile à prouver, il faut aller en guerre contre les malversations financières et détournement de fonds publics. Il y a beaucoup d’argent public qui ne prennent pas la direction du trésor publique. L’exemple le plus frappant est le fonds généré par les péages depuis leur avènement dans le domaine des transports. Nous avons oui dire qu’un directeur général du service et son directeur technique, relevant des péages, se seraient partagés, pendant des années et mensuellement, près de 45 millions de FCFA. Ce qui n’avait rien n’avoir avec leurs primes et indemnités de fonction. Bien avant, les bruits ont couru que cet autre ministre des transports montait chaque week-end à Koulouba avec plus dizaine de millions qui servait aussi à l’époque de jeton de week-end pour les ministres (chaque ministre recevait au moins 300 000 FCFA pour sa fin de semaine. Si l’Etat ne peut pas récupérer cette manne financière, détournée du trésor public, il faut mettre un mécanisme pouvant l’empêcher. Il y a lieu de fermer des robinets d’évasion financière, savamment ouverts par des cadres véreux, tout simplement délinquants. C’est de là que commence la réduction du train de vie de l’Etat. Réduire le nombre de ces multiples véhicules (au moins trois) au domicile des ministres, revoir les émoluments des députés (salaires, indemnités et primes), réduire les fonds de souveraineté des institutions de la république ou les soumettre sont entre autre des pistes de réduction du train de vie de l’Etat. Pour mieux approvisionner les caisses de l’Etat, il faut mettre l’accent sur les taxes sur l’immobilier à caractère commercial. Les immeubles et appartements en bail sont-ils tous en règles vis-à-vis du fisc ? N’y a-t-il pas un manque à gagner à ce niveau ? Que dire des contrats d’exploitation minière ! Les sociétés minières respectent-elles leur engagement vis-à-vis des impôts ?
‘’Le Mali n’est pas pauvre, il est pauvrement géré’’ disait ce militant de lutte contre la corruption et la délinquance financière. Les seules ressources internes suffisent à prendre en charge les besoin du pays et même à réaliser des petits et moyens investissements. Quant nous entendons le FMI (Fonds Monétaire international) ou la Banque mondiale, cela nous donne des frissons. Car, c’est possible de se développer sans le concours de ces institutions de Breton wood. L’exemple de la Tanzanie est cité fièrement en Afrique. Alors, c’est possible.
Drissa T. SANGARE
Source : L’analyste