Le nouveau Premier ministre malien, Oumar Tatam Ly, poursuivait vendredi ses consultations pour former son gouvernement, après s’être déclaré «prêt à relever les défis» pour redresser son pays meurtri par 18 mois de crise politico-militaire.
La passation de pouvoirs entre M. Ly et son prédécesseur Diango Cissoko s’est déroulée vendredi à Bamako en fin de matinée.
«Je suis prêt à relever les défis et missions qui m’ont été assignés par le président» Ibrahim Boubacar Keïta, qui l’a nommé jeudi soir, a dit dans une brève déclaration le nouveau Premier ministre.
Diango Cissoko, qui a dirigé le gouvernement de transition de décembre 2012 jusqu’au début de cette semaine, lui a souhaité «beaucoup de succès» dans ses missions.
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius a estimé vendredi soir que la «nomination de M. Oumar Tatam Ly comme Premier ministre du Mali est une étape importante dans la mise en place des institutions démocratiques du nouveau Mali.»
«Aux côtés du président Ibrahim Boubacar Keita, la compétence de M. Oumar Tatam Ly sera un atout précieux pour affronter les défis qui attendent le Mali et l’ensemble du Sahel. Dans la nouvelle page qui s’ouvre, le Mali peut compter sur la France, qui sera son partenaire, son alliée et son amie», poursuit le ministre dans un communiqué.
Oumar Tatam Ly, banquier de 49 ans, fils du défunt militant de gauche engagé Ibrahim Ly, avait commencé dès jeudi soir des consultations pour la formation de son gouvernement et les poursuivait vendredi après-midi, d’après son entourage.
«Défis complexes et multiformes»
Parallèlement à ces entretiens, des enquêtes de moralité de potentiels futurs ministres étaient en cours, a-t-on appris autour de lui.
Aucun de ses proches n’a pu préciser quand il comptait annoncer la composition de son équipe, et personne n’a souhaité citer de noms des personnalités déjà consultées.
La nomination de M. Ly semblait généralement approuvée vendredi à Bamako, où certains saluaient un bon choix pour les Maliens éprouvés par la crise qui a mis à genoux leur pays.
Après de brillantes études en France où il est né, Oumar Tatam Ly a travaillé à la Banque mondiale, puis à la présidence malienne (durant le mandat d’Alpha Oumar Konaré) de 1992 à 1994, année où il a ensuite intégré la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), y engrangeant 19 ans d’expérience à divers postes.
Certains Maliens, particulièrement sur les réseaux sociaux, exprimaient cependant leur scepticisme sur la nomination d’un technocrate à ce poste qui, selon eux, aurait dû être confié à un politique au regard de la situation du pays.
Faire face à de «nouveaux besoins créés par notre crise
Le Mali a connu la plus grave crise de son histoire, ayant débuté en janvier 2012 dans le Nord par une offensive de rebelles touareg, qui avaient ensuite été rapidement supplantés par des groupes criminels et islamistes armés liés à Al-Qaïda.
Les jihadistes avaient pris le contrôle de cette vaste région une semaine après un coup d’Etat militaire ayant renversé, le 22 mars 2012, le président Amadou Toumani Touré, puis ils avaient laminé la rébellion touareg et l’armée malienne avant d’être en grande partie chassés du Nord, à partir de janvier 2013, par une intervention militaire franco-africaine toujours en cours.
Le conflit a ravivé les tensions entre communautés touareg, arabes et noires et provoqué le déplacement d’environ 500.000 personnes.
En dépit de craintes sécuritaires, le pays a organisé sans incidents majeurs la présidentielle, remportée au second tour le 11 août par Ibrahim Boubacar Keïta.
S’il peut compter sur la communauté internationale qui a promis en mai une aide massive de 3,2 milliards d’euros au pays, M. Keïta, son Premier ministre et leur gouvernement devront s’atteler à une lourde tâche.
Pour certains, un des atouts d’Oumar Tatam Ly est son parcours riche de plus de 20 ans d’expérience dans le secteur de l’économie et des finances.
Les nouvelles autorités maliennes ont une lourde tâche à accomplir, avait indiqué cette semaine le président de transition Dioncounda Traoré dans son dernier message à la Nation avant de céder le pouvoir à Ibrahim Boubacar Keïta.
M. Keïta «est, par la force des choses, le président d’un temps de défis complexes et multiformes, le président d’un temps de réconciliation, de refondation et de reconstruction», les demandes seront fortes et le pays devra également faire face à de «nouveaux besoins créés par notre crise», avait-il dit.