Trop, c’est trop ! Depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays en 1991, le monde agricole est devenu la vache laitière des hommes politiques. Au lieu qu’il serve de moteur de développement pour notre pays, il est cloué au sol par des affaires de détournements des fonds devant apporter de l’assistance aux agriculteurs maliens. Le régime de l’ADEMA-PASJ (Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice), incarné par le président Alpha Oumar Konaré, est le premier à casser le monopole détenu par la Compagnie malienne pour le développement textile (CMDT) de l’achat des intrants agricoles. Bonjour les dégâts ! La libéralisation prônée par le président Konaré s’est révélé un cauchemar chez les paysans et une aubaine pour les hommes politiques du pouvoir en place.
À la fin des années 1990, éclate le plus grand scandale du siècle à la CMDT. Les surfacturations se sont élevées à coût de milliards de F CFA. Dans les rapports de contrôle, les Bic de 75 F CFA étaient facturés à 1000 F CFA, des blocs-notes de 750 F CFA à 5000 F CFA, etc. les secousses de l’affaire CMDT ont été ressenties dans la cour de l’ORTM. Que dire des factures de la fête du coton en 1998 à Kola (Dioïla) ? Ébahi par ces pratiques des ‘‘démocrates’’, le peuple s’attendait à des sanctions contre les responsables des malversations. Malheureusement pour lui, l’affaire CMDT s’est terminée en queue de poisson. Et les délinquants financiers sont toujours au-devant de la scène politique en train de narguer les Maliens par l’argent qu’ils sont malhonnêtement pris dans le Trésor public.
En 2015, un scandale éclate dans le monde agricole. Il s’agit de l’affaire dite des engrais ‘‘frelatés’’. Les 65 milliards de FCFA destinés à l’achat des intrants agricoles sont partis en fumée. Les paysans ont pris leur mal en patience. Et les hommes à la tête de l’affaire n’ont jamais été inquiétés. Impunité oblige ! Ils ont bénéficié de la couverture de leur parti au pouvoir, le Rassemblement pour le Mali (RPM).
En 2022. Coup de théâtre. La ratification de la transition est au cœur d’un scandale de 17 milliards de F CFA. L’achat d’engrais a encore tourné au vinaigre pour les pauvres paysans. Le marché des intrants a été attribué à des néophytes, mais des hommes proches du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), le parti du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.
À y regarder de près, tous ces scandales ont servi la cause des hommes politiques. L’argent issu de ce banditisme se sert à constituer un clan de riches malhonnêtes. Avant qu’un autre scandale éclate autour de l’importation et de l’utilisation des pesticides, il serait bon de secouer le cocotier en auditant l’affaire des 17 milliards de FCFA de l’année dernière et de transmettre aussi les autres dossiers de surfacturations du monde agricole à la justice.
Yoro SOW
L’Inter de Bamako