Au lieu d’user ses immenses forces et talents à démanteler le réseau mafieux qui menace la campagne 2015-2016 par l’importation des produits de qualité douteux, le ministre du Développement rural, Bocary Tréta, préfère prendre pour cibles les députés, tel l’honorable Bakary Koné. Le super ministre du gouvernement III d’IBK se prend pour Dieu le “père” et se permet de qualifier l’élu de Koutiala d’irresponsable. “Moi je ne peux pas me conduire comme ce député totalement irresponsable”. Une véritable jungle.

 

Vif débat à l’Assemblée nationale jeudi 18 juin quand arrive l’interview du ministre du Développement rural, au sortir de l’interpellation sur l’affaire dite engrais frelaté. Bocary Tréta prend la parole et lance : « Moi je ne peux pas me conduire comme ce député totalement irresponsable ». Un ton péremptoire  venant d’un ministre de la République.

Lors de l’interpellation jeudi dernier, par le député élu dans la circonscription électorale de Koutiala, Bakary Koné, le super ministre du Développement rural, Bocary Tréta a mis en doute la véracité des preuves intangibles et irréfutables contre Apcam, le ministère du Développement rural, et la CMDT, Kalifa Sanogo, dans la procédure d’attribution du marché des intrants agricoles pour la campagne 2015-2016. « C’est une question d’intérêt national. Quand la question est sensible, il faut agir en responsable », a-t-il dit.

Cependant ce que le ministre feint d’ignorer c’est le manque de réaction de son département face aux différentes lettres des collègues ministres. Le ministre Tréta fait comme si le problème a été porté à sa connaissance aujourd’hui.

Or, en décembre 2014, lorsque le produit a été livré au marché, le ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements à l’époque, Moustapha Ben Barka a adressé une lettre à la Primature pour attirer l’attention du gouvernement sur le soupçon de concurrence déloyale dans le cadre du marché de fournitures d’engrais du GIE UN-SCPC/CMDT OHVN.

Dans cette lettre, des irrégularités étaient signalées dans l’exécution de l’appel d’offres et à la qualité de l’engrais douteux fourni par la société Somadeco-SARL. Après réception des lettres, le département de l’Industrie a organisé des rencontres entre les parties prenantes. Aussi la Primature dans une lettre de dispositif de suivi des engrais subventionnés par l’Etat a indiqué que le processus de sélection des fournisseurs d’engrais a soulevé quelques reproches de soumissionnaires cette année.

Le Premier ministre Moussa Mara a invité le ministre Bocary Tréta à instruire à toutes les administrations impliquées le suivi du respect scrupuleux par tous les fournisseurs de l’ensemble du cahier des charges afin que les quantités et qualités livrées soient strictement conformes aux marchés, diligenter un audit technique et financier du processus et qui couvrira la procédure de sélection des attributaires et engager une réflexion pour proposer avant la fin du second trimestre 2015 des mesures d’améliorations du dispositif de gestion des intrants subventionnés par l’Etat afin d’en améliorer la transparence, la pertinence et l’efficacité.

Malgré les correspondances, le ministre Tréta et ses complices ont livré la mauvaise qualité d’engrais aux paysans. Le ministre a-t-il contrôlé son langage ? Assurément non.

La responsabilité que le ministre parle aujourd’hui devrait l’engager à prendre des dispositions depuis le 1er trimestre de 2015. Mais Tréta a fait fi de toutes les correspondances de la Primature et du ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements d’alors.

Au lieu d’accuser des hommes mandatés par le peuple d’irresponsable, il est souhaitable que le ministre mesure les dangers de ses produits sur l’environnement et à la santé publique. 

Bréhima Sogoba

source : L’Indicateur du Renouveau