Moussa est un ami du quartier, diplômé d’une licence en sociologie à l’Université de Ségou. Au cours de ses études supérieures, il a été sévèrement mis dans une situation du mariage forcé par son père, qui a toujours en tête cette tradition qui date des décennies, permettant à un parent de donner son enfant en mariage sans son consentement.
Le jeune étudiant quittait Ségou pour aller passer les vacances dans sa ville natale, Tombouctou. Arrivé dans la ville, il s’est arrangé à trouver durant son séjour un stage d’au moins d’un mois dans une structure de la place. Après avoir déposé sa demande à la Direction régionale du Développement Social de Tombouctou, la structure décide aussitôt de lui accorder cette chance.
Un jeudi très tôt le matin, il partait à son lieu de stage. Aussitôt rentré à la maison vers l’après-midi, on l’accueille avec la nouvelle de son mariage dont il ignore complètement. Son père lui annonça ainsi que « son mariage religieux vient d’être célébré à la mosquée ». Très surpris par la nouvelle, le jeune étudiant de la 2ème année ne dit rien connaissant l’attitude de son père qui leur fait subir des calvaires nuit et jour, lui et ses frères. Après une longue réflexion, il a voulu quitter immédiatement Tombouctou pour rejoindre Ségou, mais par peur, il reste docile à son père et accepte enfin la femme qui lui a été donnée en mariage.
Au 21ème siècle, il y a toujours des parents qui forcent leurs enfants (filles et garçons) à se marier. Au Mali, la lutte contre ce fléau ne sera une réussite que si l’État s’implique vraiment.
La pratique du mariage forcé au Mali est, dans la plus part de cas, favorisée par la baisse remarquable de la croissance du taux de scolarisation des jeunes filles. Selon l’institut national de statistiques, seulement 23,8% de filles atteignent le second cycle de l’enseignement fondamental. D’un autre côté aussi, les parents mettent leurs enfants dans cette situation pour un soit disant « tissage des liens de parentés ». Comme le cas de mon ami, beaucoup des jeunes filles et garçons sont dans cette situation. Forcer ton enfant à se marier la fille ou le garçon de ton frère ou de ta sœur, sans pourtant chercher à savoir les deux aiment ou pas. Pour mettre fin à cette pratique les acteurs concernés doivent jouer pleinement leur rôle à commencer par l’État ensuite les parents.
Ibrahim Djitteye
Source : LE PAYS