Entre peur quant au sort qui sera réservé au Mali et lueur d’espoir, voilà les sentiments qui animaient les Maliens le lendemain du coup d’État qui a renversé IBK et les autres institutions suite au soulèvement populaire du M5 RFP. Des militaires, tous Colonels, s’étant incrustés sur la scène pour motif d’éviter au Mali de sombrer se sont montrés par la suite, à travers leur ruse, qu’ils sont là tout simplement pour leurs propres intérêts.
Et pourtant, les premiers discours étaient rassurants puisque largement validés par le peuple Malien. Un constat qui avait, à l’époque, réduit les sceptiques ; c’est à dire les citoyens accrochés aux respects de la constitution et les lois maliennes en des aigris sociaux. Ceux-ci voyaient tout simplement en ce renversement du pouvoir légitiment élu un frein fatal subi par un Mali qui avait déjà du mal à sortir de la boue pour plusieurs facteurs : grogne sociale, insécurité, mauvaise gouvernance, question du nord, bataille féroce entre politiques d’une part et d’autre part entre citoyens lambda sur les réseaux sociaux comme s’ils étaient dans une jungle. Pour ces hommes de la toile mondiale, au service généralement de X ou Y, tous les moyens sont bons pour abattre l’adversaire considéré comme un ennemi. Ils ont bafoué les règles sociétales qui faisaient l’harmonie de la société malienne.
Les putschistes avaient pour mission de convaincre le peuple quant au bienfondé du coup d’État et prêcher l’union sacrée pour la réussite de la transition. Ils l’ont dit lors d’un rassemblement du M5 RFP au monument de l’indépendance : « Nous sommes venus parachever votre lutte » ; ils ont promis de respecter tous les accords et traités que le Mali a signé ; ils ont rassuré les Maliens quant à l’application stricte des recommandations du dialogue national inclusif.
Mais la surprise était grande. L’acte est loin d’être lié à la parole. Et tout est parti des dernières journées des concertations nationales. Les Colonels ont falsifié tous les rapports finaux afin de rester les seuls maitres à bord. Malgré cela, le peuple s’est limité, aux dénonciations tout en passant qu’ils allaient rectifier le tir. Pire, ils mettent en place le collège de désignation du Président de la transition et finalement, ils imposent leur choix tout en foulant au pied tout ce qui avait été prévu pour l’inclusivité dans ce choix. Pour preuve, ceux-là qui composaient ledit collège ont clairement confirmé, de manière publique, qu’ils ont été juste informés et ils ont pris acte de la décision des militaires. C’est en ce moment, qu’on a aussi constaté le divorce entre le M5 RFP et les putschistes car n’étant pas représenté ce jour et Choguel Kokalla Maïga, une des personnalités influentes du M5 RFP, a fait des sorties publiques pour expliquer les raisons de leur non-participation au collège de désignation du président.
A la suite de cette trahison émanant de la part des militaires, comme si cela ne leur suffisait pas, ils prennent tous les secteurs clés, poumons économiques et autres, du pays en otage en plaçant leurs hommes presque tous aussi des militaires. Et ils bouclent la boucle avec le Conseil National de Transition (CNT) dont le mode de désignation des membres dépasse tout entendement.
Après s’être assis confortablement, après avoir berné le monde entier précisément leur allié naturel en de telle circonstance, le M5 RFP, ils s’aventurent dans la logique de mettre en prison tous ceux qui s’apprêteront à dénoncer leurs mauvaises pratiques. C’est ainsi qu’un coup d’État imaginaire a été révélé et des gens arrêtés par la Sécurité d’État puis incarcérés à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako (MCA).
Ensuite, les putschistes se dirigent vers la grande famille de la presse. Ras Bath arrêté pour la simple raison qu’il étale des déboires de la transition lors de ses émissions sur Renouveau, alors les Colonels étaient dans la logique de prendre tous ceux qui sont proches de ce dernier et font les mêmes dénonciations sur les supports médias à leur disposition. Moi-même Boubacar Yalkoué, en fait partie de leurs cibles. Des documents confidentiels rédigés dans ce sens m’ont été montrés où mon nom est mentionné. En plus de cela, deux tentatives de m’arrêter m’ont été aussi rapportées par des éléments de ceux-là qui avaient en charge cette mission.
Au regard de l’ombre malsaine des mains des putschistes, les faitières de la presse, à la lecture du document décrétant l’étant d’urgence et faisant mention du contrôle des contenus médiatiques et le réquisitoire du procureur près le tribunal de grande instance de la commune 3 sur le cas « tentative de déstabilisation » qui souligne la possible implication des personnalités du monde médiatique, ont décidé de sortir de leur réserve et faire barrage au complot qui se dessinait contre le monde des médias. Cette posture les (militaires) a freinés dans leur élan diabolique, mais se limiteront ils en si cours chemins ? Tout dépendra de la détermination des faitières de la presse.
Du monde des journalistes, place à la société civile. Les putschistes interdisent toutes manifestations qui vont en leur défaveur. C’est ainsi qu’ils ont réprimé la manifestation de certains de leurs alliés d’hier, devant le monument de l’Indépendance, qui sont contre la présence française au Mali. Ensuite, ils ont gazé la caravane du CDR vers l’hôpital Gabriel Touré.
Comme si ces pratiques honteuses ne leur suffisaient pas, les putschistes s’aventurent dans d’autres pratiques qui seront sources, à n’en pas douter, de soulèvement populaire. D’abord, la création d’une cellule au sein du ministère de l’administration territoriale qui arrache des prérogatives à la CENI et la Délégation Générale aux Élections au moment où les conclusions du Dialogue National Inclusif parlent de mise en place d’un organe Unique pour l’organisation des élections. Ils viennent de mettre en place contre toute attente une sorte de serpent à trois têtes pour des desseins inavoués. Ont-ils à l’idée de se préparer ou préparer quelqu’un à prendre la présidence de la République à la fin de la transition ? L’intention se murmure un peu partout.
Ensuite, la Nomination des membres du Conseil Consultatif Interrégional de la Zone de Développement des Régions du Nord a frustré plus d’un car cela dénote certainement que les autorités de la transition sont prêtes à mettre en œuvre intégralement, en l’état, l’accord d’Alger au moment où tous les fils du pays suite au DNI sont d’accord pour la relecture dudit accord. Et il est nécessaire de le préciser, les groupes armés signataires et non signataires dudit accord étaient représentés aux travaux du DNI et ont tous validé la décision prise au CICB. Alors pourquoi, les autorités de la transition veulent aller contre une décision populaire avec à la clé des agissements qui confirment sans se tromper la partition du Mali ?
En dernier ressort, la note qui a choqué plus d’un, c’est la décision de la CMA : Numero 011-Ptd portant création de la zone du Gourma. C’est une zone de Défense et de Sécurité, comme indiquée dans la note, dans le but de mieux contribuer à la sécurité des personnes et de leurs biens en partenariat avec les forces nationales et internationales. En français facile, cela veut dire qu’il y a un État dans un État. Cette insolence de la CMA n’a pas été répondue jusqu’à présent ni par les autorités de la transition ni par la Minusma (ONU), encore moins par Barkhane (France) et G5 Sahel (forces africaines). Ce qu’il faut comprendre, la CMA est en train de mettre minutieusement en place, sous l’aile protectrice des autorités de la transition, son dessein de disloquer le Mali et sa République (AZAWAD) commence à sortir de l’imaginaire.
Au regard de tous ces faits graves qui sont assimilables à la haute trahison, il n’y pas lieu d’espérer le Mali Kura sous le leadership des Colonels Putschistes.
En quelques mois, ils ont fait pires qu’IBK même sur leur propre terrain : la Défense du territoire, des personnes et de leurs biens, ils sont indéfendables avec la situation au centre du Mali précisément le cas de Farabougou assiégé durant des mois par des terroristes.
Ces putschistes ont tout foulé au pied et sont dans la logique de précipiter la fin du Mali en tant qu’État.
Il revient au Peuple de se décider pour défendre son honneur et sa dignité où voir son avenir galvaudé par des arrivistes.
Boubacar Yalkoué
Source: Journal le Pays- Mali